Henry Wilson

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Il nous mena tout droit au commissariat et, lorsqu'il ouvrit la porte d'une petite pièce étroite et sombre, il vit l'espace encombré d'interminables piles de dossiers, dont quelques un étaient éparpillés négligemment sur un  bureau d'angle, sur lequel trônait fièrement une petite lampe et un cadre photo. Il entra en premier, et ignora au possible toute galanterie ou politesse. Il se laissa tomber sur un fauteuil en cuir étonnement bien entretenu. Malgré le désordre que laissait montrer les papiers qui jonchaient la pièce, je remarquai que  cet endroit était d'une propreté incroyable. Il regarda derrière nous et soupira longuement avant de se lever brusquement, visiblement agacé. Il se dirigea vers l'un de ses collègue, dont le visage m'était étrangement famillier et commença à crier :

- Pourquoi est-ce que vous avez jeté tous ces dossiers dans mon bureau ?

- Écoute Wilson, réplica son collègue. C'est Taylor qui nous a ordonné de le faire. On n'y est pour rien. On sait bien que t'aimes pas le bazar mais on n'a pas pu faire autrement.

- Que je n'aime pas ? Vous ne pourrez jamais comprendre les raisons qui font que cela m'insupporte !

Il se dirigea à nouveau vers nous, puis nous priz de le suivre, pour entrer dans un autre bureau. Il s'assit derrière le grand bureau de verre qui prenait plus de la moitié de la pièce. A travers les stores fermés, je pouvais entrevoir la lumière tamisée des lampadaires qui longeaient les trottoirs. Amélia ne cessait de râler, tendis que mes pensées vagabondaient. Où cet enfant avait-il bien pu passer ? Pourquoi fus-je la seule à l'avoir vu ou entendu ? Le long soupire qui sortit malgré moi de ma bouche me sortit de mes questionnements et, je vis le regard froid et interrogateur de l'homme qui se trouvait en face de moi. Il sortit précautionneusement une feuille de papier imprimée et la posa délicatement sur le bureau. Puis, il prit un stylo à plume en argent qui reposait dans une boite en cuir tapie de daim noir. Il dévissa lentement le bouchon, le faisant grincer sans nous quitter des yeux. Exaspérée, mon amie ne pu s'empêcher de lui faire une réflexion à laquelle il se contenta de grogner. Il commença à remplir le formulaire qu'il avait devant lui, écrivant doucement, lorsque brusquement, la porte du bureau s'ouvrit dans un fracas, le faisant sursauter et transpercer le papier.

- Wilson ! Hurla une voix grave et rauque. Puis-je savoir ce que tu fais assis sur mon fauteuil et dans mon bureau ?

- Vous avez mit un tel bazar dans mon espace privé, que je ne peux pas me concentrer. Grogna-t-il visiblement agacé par le trou qui déchirait la feuille.

- Ce n'est pas une raison ! On t'avait pourtant dit de prendre un congé !

- Un congé forcé ? Ne seriez vous pas en train d'essayer de vous debarrasser de moi ?

- Henry... Si tu es encore dans nos services c'est parce que William m'a demandé de t'avoir à l'oeil !

- C'est un trait d'humour ? Parce que ce n'est pas drôle !

Alors qu'ils continuaient de se disputer, le nom que l'homme avait prononcé me fit sursauter. Et cette voix rauque me rappelait étrangement le meilleur ami de mon père.

- Bryan ? Demandai-je en reconnaissant l'individu qui se trouvait à la porte.

- Blue ? S'étonna-t-il. Qu'est ce que tu fais ici ? Ça fait un bail qu'on ne t'avait pas vu !

Je me levai et allai vers lui pour le prendre dans mes bras. Il avait été le meilleur ami de William, mon père, une aide précieuse pour ma mère, mais aussi mon confident pendant plusieurs années. Ses cheveux avaient perdu de leur couleurs et étaient devenus grisonnants, et les rides de ses yeux s'étaient creusées. Cependant, il n'avait toujours pas changé son eau de cologne, avait gardé les mêmes mimiques et portait toujours le même manteau. Lorsque je me libérai de son étreinte, il me regarda puis, posa un regard accusateur sur l'officier qui se trouvait encore assis à sa place. Celui-ci se leva d'un bon et quitta silencieusement la piece, laissant derrière lui l'odeur fraîche et apaisante de son parfum. Sans même dire un mot ou se retourner à l'appel de ses collègues, il sortit du commissariat. Bryan posa une main sur mon épaule tout en fixant la porte d'entrée du regard.

- Est ce qu'Henry te pose des problèmes ? Me demanda-t-il.

- Ça se pourrait bien... Mais dis moi... Quel rapport a-t-il avec mon père ?

- Willian aimait beaucoup Henry... Il a toujours été un peu étrange, mais il n'est pas mauvais. C'est même tout le contraire. Seulement... Depuis que ton père a disparut il est encore plus bizarre qu'avant.

- Tout de même... Il y a des limites à ne pas franchir... Au fait, je te présente Amélia. Elle est ma meilleure amie.

- Enchanté Mademoiselle.

- Moi de même. Blue, je sors fumer, je t'attend dehors.

- D'accord, je te rejoins dans une minute.

- Je comprend que tu lui en veu. Il n'a jamais su comment se comporter en société. Mais ... Peut-être que tu pourrais l'aider ? Je ne peux l'assigner à aucune de nos enquêtes à cause de son comportement et de son insupportable toc. Alors je me suis demandé si, par hasard tu n'accepte pas de l'assister ?

- Je ne suis pas ici pour très longtemps. Je dois retourner chez moi dans quelques jours.

- Hé bien ... Voilà qui est facheux. Je vais devoir supporter cette idiot tout seul pendant encore un très long moment !

Il eu beau avoir l'air de plaisanter, son rire forcé le trahissait. Repensant à tout ce qu'il avait déjà fait pour moi pendant de nombreuses années, je me décidai à lui rendre la pareil et, sans vraiment réfléchir aux conséquences que cela pouvait produire sur ma vie, je lui répondis d'un air assuré :

- Finalement je vais accepter ! Je veux te rendre ce service !

Secrets ( 1ère Partie )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant