Secrets ( 1ère Partie )

Dans la nuit

Je suivis ses traces. Avec les blessures que Stan lui avait infligé, il ne pouvait aller bien loin. Gelée par le vent froid et la neige, je le vis finalement devant moi titubant et se tenant la tête. Mon coeur s'accéléra. Je n'arrivais pas a admettre sa trahison et la violence dont il avait fait preuve pour une pauvre signature qui ne lui aurait presque rien apporté. Les larmes coulaient sans s'arrêter le long de mes joues froides. Même si notre histoire était vouée à l'échec depuis un bon moment, j'avais toujours été entière avec lui. Je lui avais parlé de tout, il savait tout de moi. Mais finalement que savais-je réellement de lui ? Je me sentais perdue. Je ne savais même pas pourquoi je le suivais.

- Éric ! Appelai-je.

- Ah. Ahahahah ! Ria-t-il en se tournant lentement vers moi. Qu'est ce que tu m'as fait ? Regarde moi ! Ahahahah !

- Tu dois aller à l'hôpital ! Ne reste pas comme ça !

- Vraiment... Tu es vraiment stupide. Tu l'as toujours été mais là ça dépasse l'entendement ! Tu ne vois pas ce que j'ai essayé de te faire ? Regarde l'état de ta main et de tes vêtements ! Cette putain d'empathie. Je sais pas si tu fais semblant pour te donner un air de gentille fille mais ça me donne la nausée. Rien que de te voir devant moi là maintenant j'en ai des envies de meurtres. Personne ne s'inquiète des autres quand sa propre vie est en danger.

Il cracha du sang et continua son chemin comme si je n'existais pas. Que devais -je faire dans cette situation ? Fuir et le laisser ? Ou faire mon devoir et l'aider. J'avais démissionné certe. Mais j'avais encore du bon sens. Pendant que je tergiversais sur ce qui était le mieux a faire, un coup de feu retentit. Puis un autre. Et Éric s'effondra sur le sol. Son sang se répandit vite sur la terre glacée. Je fus pétrifiée. Je n'osai bouger. Tout s'était passé tellement vite que je n'arrivais plus a comprendre ce qui arrivait. Puis, lentement son esprit apparut près de son corps sans vie. Il regardait derrière moi d'un air terrifié. Je me tournai à mon tour et découvris mon père, un fusil à la main faire demi tour et s'en aller. Encore une fois je lui courus après. Et cette fois je le rattrapai.

- Papa ! Criai-je en lui prenant le bras par la manche. Papa je t'en prie dis moi quelque chose !

- Blue. Tu ne devrais pas me chercher. J'avais pourtant prévenu Henry de ne pas le faire non plus.

- Pourquoi ? Qu'est ce qu'il se passe exactement ? Pourquoi est ce que tu fais tout ça ?

- J'aimerais te répondre ma fille. Mais tu sais, tu risques fort d'être déçue. Je ne suis pas un homme bien. Je ne veux pas avoir à vous éliminer tous les deux. Alors faites comme si j'étais mort.

- Papa... C'est vraiment toi qui a tué tous ces gens ?

- Oui. C'est bien moi. Tout comme j'ai assassiné Ophélie-Rose Park et Amber Ridge.... Ah . Si seulement tu n'étais pas revenue, Henry serait à nouveau passé pour un crétin devenu fou et plus personne ne se mettrait en travers de mon chemin.

- Pourquoi...

- Parce que certaines personnes m'ont dupé. Je leur fait simplement payer.

Il se dégagea de moi et partit à travers les bois pendant que je regardais dans le vide, complètement sidérée par ce que je venais d'entendre. Combien de temps restai-je là, sans bouger ? Tout ce que je savais, était que la nuit n'allait pas tarder a tomber. Je ne savais même pas comment rentrer chez moi. Alors, je suivis le chemin qu'Éric voulait suivre avant de mourir. Maintenant au moins je savais. Et cette réalité me semblait absurde et vide de sens. Il avait donc assassiné deux enfants, Éric,  Bonnie Stampton et le conservateur du cimetière. Comment ? Et Dwayne ? Était-ce lui aussi qui l'avait incité a essayer de poignarder Wilson à mort ? Au final, encore tant de questions restaient sans réponses. Et comment Stan avait-il pu s'emparer du corps d'Éric ? Franchement j'étais épuisée. J'avais envie de fuir tout cela. Mais j'en savais beaucoup trop pour tout ignorer. Je marchai une bonne partie de la soirée et finis par tomber sur une portion de route. Sans lumière et sans téléphone j'étais complètement perdue. Je m'assis un moment sur un tronc qui se trouvait au bord de la chaussée et souffla un moment. Je regardai dans toutes les directions, impossible de me repérer. Foutu sens de l'orientation ! Je me relevai et continua mon chemin. Je n'étais absolument pas certaine de prendre la route dans le bon sens mais cela valait mieux que de rester a ne rien faire. Soudain une dame âgée apparue devant moi, me souriant avec bienveillance.

- Je vois que vous avez suivis la voie la plus chaotique Mademoiselle Blue. Me dit-elle.

- Vous ! Je vous reconnais ! Vous êtes Bonnie Stampton ! Que ...

Je m'arrêtai, réalisant que c'était à son esprit que je m'adressais. Son sourire avait quelque chose de réconfortant.

- Oui, je suis Bonnie. Et si je peux me permettre, vous avez bien fait de suivre cette voie. Je sais que c'est beaucoup de souffrance pour vous. Mais vous avez le meilleur allié que vous puissiez avoir. Cet homme, l'inspecteur Wilson, il ne vous laissera jamais soyez en sûre. 

- Comment-pouvez vous le savoir ? Et comment me connaissez- vous ?

- Ahah. Parce que voyez vous, moi aussi je rêvais. Et un jour, il y a bien longtemps, j'ai rêvé de vous. Je n'ai jamais pu oublier. En revanche, pour ce qui est de rentrer chez vous, vous devriez faire demi-tour. Et prendre le petit sentier à travers la forêt. Vous ne pourrez pas vous tromper. Dit-elle avant de disparaître dans la brume.

- Attendez ! Ne partez pas ! J'ai besoin de savoir !

Mes cris furent vains. Seuls leurs échos me revenaient. Je n'en revenais pas. Bonnie était donc comme moi de son vivant. Si elle aussi rêvait de ce qui allait se passer, peut-être devais -je écouter ses conseils... Tout en me faisant cette réflexion, je fis demi tour et entrai sur le sentier qu'elle m'avait indiqué, bien que peu rassurée. Cette fois, je ne pouvais même pas me dire que les fantômes n'existaient pas puisque je les voyais et que j'en étais même devenue un. Les jambes tremblantes, je faisais un pas après l'autre, essayant de ne pas trébucher sur une branche. Les bruits nocturnes me terrifiaient, lorsque j'entendis des pas avancer rapidement dans ma direction.