Secrets ( 1ère Partie )

Le secret

- Wilson je crois que vous avez perdu trop de sang et que tout ça vous fait dire n'importe quoi. Reniflai-je dans sa blouse. Je ne vois pas à qui je devrais dire adieu.

- Vous êtes au moins consciente que c'est moi qui  suis convalescent et que c'est moi qui vous console. Râla-t-il. Et je voulais parler d'Amélia. Ne vous a-t-elle pas tout avoué hier soir ?

- Mais comment est ce que vous savez ça vous ? Sursautai-je en le repoussant violemment.

- Vous êtes folle ! Hurla Helen de sa voix nasillarde. Sortez d'ici !

Elle essaya de l'aider a se relever, mais il la repoussa en grognant.

- Je suis tout à fait capable de me débrouiller. Et j'ai des choses a dire à Mademoiselle Anderson. Alors si tu pouvais nous laisser ça m'arrangerait !

Devant si peu de reconnaissance pour l'avoir veillé, elle sortit de la chambre en claquant bruyamment ses talons hauts sur le sol.  Tôt ou tard, j'allais sûrement devoir payer pour son mécontentement, et cette pensée me fit pousser un énorme soupir.

- Aidez moi... Dit-il en me tendant la main.

- Je croyais que vous pouviez vous passer d'aide ! Fis-je sans réfléchir.

- Je voulais surtout qu'elle parte ! J'ai a vous parler et c'est ... Plutôt confidentiel.

Je plaçai mes deux bras sous les siens pour le soulever sans trop le blesser. Comme un reflexe, nos deux corps se rapprochèrent l'un de l'autre. Je me surpris à cet instant de penser que je ne voulais pas que cet instant s'arrête. Oui. Pas de doute. Je devenais complètement folle après toutes ces péripéties. Mais lui non plus ne semblait pas vraiment vouloir me lâcher, et je sentis ses mains s'aggriper de plus en plus fort à mes vêtements. Je jettai un rapide coup d'œil à son visage, mais aucune émotion ne le trahissait. Peut-être était ce simplement mon imagination. Arrivés au bord de son lit, je le lâchai sans aucune vergogne et le laissai tomber lourdement sur le matelas.

- Bon alors, c'est quoi ce délire ? Vous vous êtes mis d'accord avec Amélia pour me faire peur c'est ça ?

- Depuis le temps, vous devriez savoir que ce n'est pas mon genre de faire de telles choses... Et en ce qui concerne Amélia, elle m'a tout dit hier soir. Je suis étonné que vous ne l'ayez encore jamais remarqué...

- Wilson, je vais être claire , les fantômes n'existent pas !

- Bien. Alors depuis combien de temps la connaissez-vous ?

- On se connait depuis la maternelle. Donc je sais ce que je dis !

- A quoi ressemblait elle à l'époque ?

- Attendez ... Heu...

C'est là que ce qui n'était pour moi qu'une farce, un mensonge éhonté, devint presque réel. Des flashback de la petite école me revinrent, et je la revis, assistante maternelle, puis professeur à l'élémentaire, surveillante au collège et enfin mon amie au lycée. Depuis l'enfance Amélia avait toujours été Amélia. Jamais une fois elle n'avait changé. Ses traits et sa personnalité étaient toujours restés les même. Je commençai a suffoquer.

- Vous savez Mademoiselle Anderson, je ne vous juge pas. Au contraire. J'aimerais vous aider a surmonter tout ça.

- Non. Je ne peux pas y croire je suis désolée !

Je me retournai et commençai a me diriger vers la sortie quand il me retint solidement par le bras.

- Mais qu'est ce que vous faites ? Wilson, laissez moi partir !

- Je ne suis pas du genre insistant en général mais là, il faut que vous compreniez que vous ne pourrez pas gérer tout ça toute seule! Encore moins si vous n'y croyez pas !

- Parce que vous y croyez vous ? Monsieur Pragmatique ? Monsieur je ne crois que ce que je vois ?

- ... Précisément. Et sachez que ce n'est pas une chose que je raconte à qui veut l'entendre.

Je tombai des nues. Il venait de me confier un secret. À moi. Je pris une grande inspiration et laissai tomber mes épaules crispées avant de le regarder droit dans les yeux. Mais il était sérieux. Peut être même plus que d'ordinaire et la force qu'il mettait à me retenir me prouva qu'il ne se fichait vraiment pas de moi.

- Et maintenant qu'est ce qu'il va se passer ? Demandai-je résignée. Je dois pratiquer des rituels ou je ne sais quoi ?

- Bon sang ne soyez pas ridicule. Pour commencer, vous allez devoir apprendre a vivre avec ce secret. Et croyez moi, ce n'est pas chose facile. Ensuite, si votre mère acceptait de se montrer à vous, cela nous aiderait grandement à retrouver William.

- Je ne suis pas sûre de vous suivre Wilson.

- Je pense que votre mère avait un secret. Et il se pourrait qu'il soit lié à la disparition de votre père. L'empreinte relevée sur son insigne n'a strictement rien donné. Alors, si les vivants ne nous aident pas... Demandons aux trépassés.

Un long silence s'installa entre nous. Mais nous étions l'un et l'autre aussi déterminés. Il était le seul a penser comme moi que mon père était en vie et cela m'encourageait.

- Aux trépassés hein ? Ricannai-je.

- J'essayais simplement d'être cool, pour une fois.

- Arretez. C'est vraiment pas votre truc.

Il ne répondit rien et se contenta de faire un signe de tête à Amélia qui nous observait silencieusement dans un coin de la pièce avec un regard triste. Pourquoi devais-je donc lui dire adieu ? Je ne comprenais pas et voulais la garder près de moi. Mais les yeux d'Henry me disaient qu'il était temps.