Franc tireur

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Après cette semaine de vacances bien méritées, je retrouvai le vieille maison qui était maintenant mienne. Et après tous ces efforts pour la remettre en état, je n'étais plus très sûre d'avoir envie de la vendre. À vrai dire, je me sentais plutôt bien ici. Ce qui biensur déplu à Éric lorsque je le lui annonçai.

- Tu devrais y réfléchir encore un peu. Me dit-il sans même me regarder.

J'acquiesçai, mais au fond ma décision était déjà prise. Par paresse, je ne sortis même pas mes affaires de ma valise et montai directement me coucher. Amélia fit de même, et la nuit s'annonçait plutôt bonne. Enfin, elle aurait dû l'être si Éric n'avait pas commencé à me faire part se son mécontentement.

- Tu n'as même pas eu la présence d'esprit de me répondre ou de me rappeler. Je me suis fait un sang d'encre !

- On peut se disputer demain ?

- Tu vois ? Tu ne me prend même pas au sérieux !

- Ce n'est pas ça ! Je suis épuisée ! Écoute, je suis vraiment, vraiment désolée, je vais tout faire pour me rattraper. Lui répondis-je en le serrant dans mes bras. Je ne gâcher ce qu'on a tous les deux.

Il se tourna et m'embrassa longuement et langoureusement, me serrant chaque seconde un peu plus fort contre lui. Cela me fit du bien, mais, be serait-ce qu'une demi seconde ce ne fut pas son nom que je faillis murmurer.

Au lendemain, alors que j'allais me rendre dans mon bureau en baillant, Wilson en sortit et m'embarqua au passage.

- Encore une bestiole retrouvée morte. Grommela-t-il.

Nous montâmes dans la voiture et nous dirigeâmes vers l'association. Bonjour Mademoiselle Anderson. Comment ce sont passées vos vacances Mademoiselle Anderson ? Rien. Il ne dit rien. Il ne me jeta pas même l'ombre d'un regard. Il était comme d'habitude voir pire. Je n'eus pas la prétention d'attendre quoi que soit de lui, mais un bonjour aurait été le bienvenu. Je boudai sans rien dire, ce qui ne sembla pas le gêner le moins du monde. Nous arrivâmes devant un bâtiment visiblement récent, construit un peu en dehors de la ville. La pelouse était agrémentée de parterres de fleurs, bien qu'en cette saison tout était encore couvert de neige. Toujours sans rien dire,  et d'un pas décidé, il avança dans l'allée déneigée. Je m'empressai de le suivre. La salle dans laquelle tous se réunissaient avec leurs chats était immense et pleines de photos et de trophées exposés dans de grandes vitrines blanches. Tout le monde, sauf Bonnie, était là, parlant de toilettage, de nutrition et de concours. Tous étaient tombés d'accord sur le fait de participer à la prochaine représentation qui aurait lieu deux mois plus tard. Visiblement, après mon départ, Wilson avait continué ses investigations, et avait plus ou moins une petite idée de l'identité du tueur de chat.

- Donc, selon vos témoignages, commença-t-il, tout semble désigner Mme Bonnie Stampton. Néanmoins, cela s'avère être impossible. Apres autopsie, nous avons retrouvé une dose létale de mort au rat dans les corps. Nous avons donc fouillé avec minutie vos domiciles, sans succès. Ce qui m'amène à penser une chose. Vous achetez bien tous votre nourriture pour chat au magasin de l'association n'est-ce pas ?

Tous acquiecèrent.

- Dans ce cas, qu'avez vous à dire pour votre défense Monsieur Abberline ?

- Ne me dites pas que vous me soupçonnez ?

- Biensur que si. Puisque vous êtes en charge de la boutique.

Il laissa tomber son chat, sous les regards interloqués de tous les membres de l'association et de moi même, qui n'aurais jamais pensé que ce vieil homme puisse être coupable. Il courut vers la sortie de secours, suivit par Henry qui le rattrapa en lui sautant dessus.

- Ce n'est pas moi ! S'écria l'homme

Mon intuition à ce moment là me disait que Monsieur Abberline disait vrai. Et, au vu de son attitude, Henry Wilson comprit lui aussi que quelque chose n'allait pas. Un sourire étrange se posta sur le visage de son fils Dwayne Abberline, qui partit en courant. Mon équipier, qui n'était pas aussi rapide, sortit alors son arme, voulant lui tirer dans les pieds pour l'arrêter. Il tira une fois, puis deux, puis trois. Au final il vida son chargeur sans jamais toucher sa cible. Je pris mon arme et le toucha au niveau du mollet. Mon extase fut telle que je ne pus m'empêcher de crier joyeusement :

- Ahah ! Dans vot' tronche Wilson !

- Dans ma tronche ? Répéta-t-il d'un air indigné tout en lui enfilant les menottes.

- Pour une fois que je peux me moquer de vous ! Je vais me gêner !

Ainsi, chaque fois que je croisais son regard, je ne pus m'empêcher de rire. Finalement, Monsieur Parfait ne l'était pas tant que ça, et étrangement, cela me soulagea d'un poids. Comme si finalement he découvrais pour la première fois son côté humain. Mais ce soir là, je rêvai à nouveau de lui. Il était là, tremblant sous la pluie battante, prostré dans une ruelle sombre, le corps ensanglanté. Je me réveillai en sursaut, réveillant au passage mon compagnon qui dormait à côté de moi. D'un bon, je me levai et enfilai un survêtement. J'empoignai les clés de ma voiture au passage.

- Où est ce que tu vas à cette heure ? Demanda Éric endormi.

- Je dois vérifier quelque chose.

- Je t'accompagne.

Il s'habilla rapidement aussi et prit le volant. Je lui indiquai le motel où Wilson se cachait et lorsque nous arrivâmes sur place, je demandai le numéro de sa chambre à la réception.

- C'est la chambre quinze. Me répondit la vieille dame un peu bourrue qui feuilletait un magazine.

- Non ! M'écriai-je.

J'eus un très mauvais pressentiment. Le voyant complètement paniquée, Éric essaya de me prendre dans ses bras. Mais je me dégageai et me précipitai vers cette fameuse chambre. La porte en bois ébréchée était légèrement entrouverte, et la télévision encore allumée projetai sur les murs une lumière sinistre. J'entrai lentement et allumai la lumière. Le lit était défait, quelques dossiers étaient tombés sur le sol et s'étaient éparpillés et des impacts de balles jonchaient les murs sur lesquels du sang avait été projeté. Je retins un haut le coeur et gardais la main devant ma bouche pour m'empêcher de vomir. L'odeur était attroce et la scène était identique à celle de ma vision. Malgré tout, Henry n'était pas là. Où pouvait-il bien se trouver ? Éric tout aussi paniqué que moi appela Bryan. Quant à moi, c'en était trop et je dus sortir pour déglutir sur le parking.

Secrets ( 1ère Partie )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant