Vacances

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Il se posta bien derrière moi et arracha la photo d'un geste sec. Ses doigts effleurèrent les miens l'espace d'une seconde et je fus prise d'une secousse. Le temps de cligner des yeux, je vis les lumières vieillottes d'un motel au bord d'une autoroute. Le bruit des voitures passantes était assourdissant et le lit devant lequel je me trouvais était taché de sang. Sur la porte le chiffre quinze. Puis je vis le néon grésillant qui affichait le nom de cet endroit. lorsque je rouvris les yeux, je me retournai et le pris par le bras.

- Vous allez à un motel n'est ce pas ?

- Comment le savez vous ? Demanda-t-il perturbé.

- Une intuition. Répondis-je. Quoi qu'il en soit, ne prenez pas la chambre quinze s'il vous plait.

- Je ne sais pas où vous voulez en venir mais soit. Si vous insistez, je peux bien prendre une autre chambre.

- Mais au fait, pourquoi voulez vous loger dans un motel alors que vous avez un si bel appartement ?

- Cela ne vous regarde pas. Il s'agit de ma sphère privée.

Il prit son chien et sortit de chez lui, me faisant signe de sortir. Je ne savais pas pourquoi, mais j'étais inquiète pour lui. Plusieurs jours passèrent. Helen venait tous les jours au poste dans l'espoir sans doute vain de discuter avec Wilson. Et à chaque fois, il lui sommait de bien vouloir partir. La pauvre me faisait de la peine. Elle devenait  tous les jours plus pale et semblait si fragile. Mais je n'avais pas vraiment le temps de m'en faire pour elle. Car entre Wilson et Eric, j'avais déjà de quoi perdre mes cheveux. L'un me submergeait de travaux inutiles pour se débarrasser de moi, tandis que l'autre m'inondait de messages et d'appels en tout genre. Pire encore, il ne cessait de me coller lorsque je rentrais chez moi le soir. Evidemment il arriva un jour où je ne pus supporter ni l'un , ni l'autre et entrepris de prendre un congé. j'embarquai Amélia qui vivait sur ses économies et surtout à mes frais, et nous partîmes prendre l'air au bord de la mer. Sans homme, ni travail, juste deux amies et l'air frais de l'océan. Du bungalow que nous avions loué pour la semaine, nous pouvions entendre le bruit des vagues et cela me berçait. Mes pensées n'étaient plus aussi confuses, et, j'éteignis mon téléphone que je laissai sous mon siège dans la voiture. Le troisième soir, alors que nous dînions dans un restaurant de fruits de mer, Amélia engagea la conversation que je redoutais d'avoir.

- Bon , tu vas finir par me dire pourquoi on est là ?

- Comment ça ? Je peux pas partir en vadrouille avec ma meilleure amie ?

- Pas à moi Blue. Je te connais assez pour savoir qu'il y a un problème.

- Trop de boulot et trop d'Eric. Voilà le problème. Je ne le supportait plus il fallait que je me vide l'esprit et que je respire.

- Il est aussi toxique qu'un Fugu ... Je te l'ai déjà dit.

- Oui, je sais que tu ne l'aimes pas. Mais il n'a jamais été aussi collant. Je me demande ce qui lui passe par la tête.

- Il est peut être jaloux.

- Jaloux? Lui ? Amélia réfléchis deux secondes ! Le seul homme que je fréquente c'est Henry!

- Précisément! Tu es en permanence avec lui. Et ça ne te fait rien ?

- Bah non c'est Wilson!

J'avais répondu cela sans même réfléchir. Et si, à force de le côtoyer quelque chose avait finit par s'installer entre nous? Quelque chose qui n'avait rien à voir avec la routine, quelque chose d'excitant et d'imprévisible ? Non. Impossible. Voulant en être sûre, j'allais à la voiture chercher mon téléphone. Bravo Blue, tu as tenu quelques heures sans! Je râlai contre moi même tout en allumant l'objet interdit. Je faillis m'étrangler avec ma salive lorsque je vis le nombre d'appels manqués d'Eric, et le nombre de messages restés jusque là sans réponse. Mais seul un message attira mon attention.

" Ne faites pas trop l'idiote. Si vous avez des ennuis, je ne viendrais pas vous aider. Bonnes vacances. "

Qu'est ce que c'était que ça ? Non mais franchement même pendant mes congés et à des centaines de kilomètres de lui, il m'exaspérait. Je lui répondis un " Vous de même. Bon travail sans assistante. " en tapant sur l'écran de toutes mes forces, avant de l'éteindre à nouveau et de retourner dans le restaurant où Amélia m'attendait.

- Qu'est ce que tu faisais avec ton téléphone ? Demanda-t-elle.

- Rien ?

- Je t'ai vu !

- Bon d'accord ! Je répondais à un message qui m'avait énervé ...

- Eric ?

- Oh mince ! J'ai oublié de lui répondre aussi...

Elle soupira avant d'éclater de rire. L'orchestre du restaurant s'était mit a jouer et elle m'entraina sur la piste. Nous passâmes toute une semaine sans penser à rien, ni personne. Ce bol d'air frais me fit du bien et m'éclaircit les idées. J'aimais vraiment Eric, au grand damne d'Amélia et je me décidai à ne rien gâcher, à condition qu'il accepte de me laisser de la liberté. 

Secrets ( 1ère Partie )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant