La forêt des secrets

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Quelque chose haletait et avançait vers moi. Je commençai vraiment a paniquer. Pourquoi fallait-il que ça arrive maintenant ? C'est au moment ou je me faisais cette réflexion que quelque chose me sauta dessus. C'était le chien de Wilson. Il m'avait fait tomber à terre et me mordillait les cheveux en grattant mon sweat. Je me relevai soulagée d'avoir une présence familière à mes côtés.

- Qu'est ce que tu fais ici toi ? Lui demandais - je comme s'il allait me répondre.

Il s'assit et me regarda avec ses grandes oreilles droites, la langue pendante sur le côté et les yeux brillants. Je ne pus résister à sa bouille et lui caressai généreusement la tête.

- Allez, viens. On rentre.

Il aboya puis resta à côté de moi. Le savoir ici me rassura et je me sentis un peu plus courageuse pour traverser les bois. Mais plus nous nous y enfonçions, plus l'endroit devenait lugubre. Une brume s'éleva lentement du sol et les bruits qui me terrifiaient avaient soudainement disparu, laissant place au silence. Je n'entendais que nos pas et comme un espèce de murmure macabre qui oscillait entre les arbres et qui me donnait la chair de poule. Jackson paraissait lui aussi perturbé. Il ne cessait de regarder de tous les côtés comme si quelqu'un nous suivait. Je fis de même et remarquai que je m'étais éloigné du sentier que j'étais censée suivre. La peur m'envahit peu à peu. Le moindre souffle du vent, le craquement d'une brindille, la neige qui tombait d'un arbre, me faisait sursauter. Les murmures s'intensifiaient comme si plusieurs personnes parlaient entre elles. Mais je n'arrivais pas à comprendre ce qu'ils se disaient. Même le chien,  restait sagement à côté de moi, la queue entre les jambes. Si seulement Henry était là... Je ne devais pas céder à la panique. J'avais beau me répéter cela, je tremblais et mon coeur battait si vite que j'avais l'impression qu'il allait fuir sans moi.

- Pas de panique Blue. Tu as Jackson avec toi. Hein mon beau ?

Le regard effrayé du malinois me laissa perplexe. Les chuchotements devinrent incessants et je pus comprendre quelques bribes de leur conversation :

- Odeur de sang... Secrets... Chut... Lui dire ...

Ok, maintenant je pouvais paniquer. Je commençai a courir dans tous les sens, essayant tant bien que mal de retrouver le sentier.

- Jackson cherche la maison ! Il est où Henry hein ? Cherche Henry ! Essayai-je sans succès.

A force, je finis par m'épuiser et resta un instant adossée à un arbre. Soudain apparût devant moi l'esprit d'Ophélie-Rose Park, puis ceux d'Amber Ridge, du conservateur et une pléthore d'autre que je ne connaissais pas. Tous, m'entouraient et regardaient dans ma direction. Dans une tentative désespérée, Jackson essaya de les mordre. Je le retins malgré mon corps tremblant de froid et de peur. Les murmures s'étaient arrêté et le silence était revenu. Aucun d'entre eux ne bougeait. Je fis de même. Que pouvais-je bien faire d'autre de toute manière ? Je fermai les yeux.

- Pitié, ne me faites pas de mal ... Balbutiai-je.

- Nous ne voulons que te parler. Fit une voix d'enfant.

- Chut ! Nous ne devrions pas nous en mêler ! Fit une autre voix plus adulte.

- Mais nous ne pouvons pas laisser cela continuer.  Il est temps que quelqu'un nous vienne en aide ! Fit encore une autre voix.

- Il saura que c'est nous ! Intervint une autre voix.

- Assez ! Coupa la voix de Bonnie. Jeune fille, il est temps de te réveler les immondes secrets de ton père. Il faut vite l'arrêter, sinon, nous ne pourrons jamais reposer en paix. Et nous finirons par causer de grands malheurs...

- Les secrets de mon père ? M'exclamai-je en ouvrant les yeux.

- Il te faut connaître la vérité. Viens mon enfant.

Elle posa son front contre le mien et je fus emportée par un flot de souvenirs. Je vis mon père braquant une banque, avant même que je sois née, son séjour en prison dont je n'étais pas au courant, son acquittement, l'achat soudain de la maison, sa recherche de ses anciens coéquipiers lors du braquage, l'enlèvement d'Ophélie-Rose puis son meurtre, sa discussion avec un prêtre, ses expériences avec les esprits, les demandes de rançons, ses cambriolage et les chantages... Lorsqu'elle me lâcha ne pus dire ne fût -ce qu'un seul mot. J'avais la gorge nouée et l'estomac serré. Moi, qui avait depuis toute petite adulé mon père et le travail qu'il faisait, je tombai de haut, de très haut. Toujours avec bienveillance, Bonnie me regarda avec un sourire triste et ajouta :

- Tous ceux qui se sont réunis ici sont des victimes de William. Il utilise la possession comme moyen de tuer sans laisser de trace. Aucun d'entre nous ne voulait obéir. Mais a cause de ce prêtre qui est avec lui, nous n'avions pas d'autre choix. Je t'en prie, écoute nôtre requête et arrête le. Par n'importe quel moyen. Il doit cesser de nous utiliser...

A peine eut-elle finit sa demande que tous, en une fraction de seconde, se mêlerent à la brume et disparurent. Seul un murmure resta dans les airs :

- Nous te supplions de bien vouloir accepter notre requête...


Secrets ( 1ère Partie )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant