Tu casa es su casa

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Une fois qu'il eut tout inspecter sans rien trouvé, il se rassit en fronçant les sourcils, le menton posé sur ses mains jointes. Il ferma les yeux un instant et soupira.

- Ca recommence...

Je ne répondis pas, le laissant de lui même me parler de ce qui était en train de se passer.

- Blue ... Il va falloir que tu m'aide a le surveiller de près.

- Pourquoi ?

- Quand ton père a subitement disparut il a cinq ans, Wilson a commencé a faire des choses étranges. On l'a retrouvé plusieurs fois dans la forêt en plein milieu de la nuit, à la poursuite de je ne sais quoi, il ne dormait presque plus et ... Une fois nous l'avons retrouvé fièvreux et complètement délirant au bord du lac. Ce matin là il voulait se crever un œil en disant que c'était ce qu'il fallait faire pour retrouver William. Suite à quoi ... Sa fiancée Helen l'a quitté il y a deux mois. Elle ne supportait plus son comportement totalement psychotique. Nous avons voulu le mener dans une maison de repos le temps qu'il retrouve ses esprits et une semaine plus tard il était redevenu à peu près normal. On a retenté le coup le mois dernier en lui confiant une enquête qu'il a résolu en un rien de temps , seulement ... Les témoins qu'il avait mentionné dans ses rapports étaient pour certains déjà morts depuis une centaine d'années. Blue, j'ai bien peur que le choc de la réouverture de l'enquête de Mademoiselle Park ne l'ai profondément secoué, j'ai besoin que tu le surveille.

- En effet, ça à l'air assez sérieux... Mais ... Je ne peux pas m'occuper de quelqu'un que je connais à peine ... Et puis cela m'étonnerait qu'il me laisse l'approcher à nouveau, car s'il savait pour la réunion, il savait aussi que j'étais plus ou moins au courant...

- On a appelé quelqu'un qui saura le convaincre de venir emménager chez toi pendant un moment.

- Comment ça chez moi ?

- Hé bien oui .. Jour et nuit, pour qu'il ne fasse pas de bêtises et qu'il n'embête pas Clark et Parker pendant qu'ils enquêtent !

- Mais ...

- Merci Blue !Je suis certain que ton père serait heureux de vous voir tous les deux. 

Il coupa court à la conversation, décrochant le téléphone qui n'arrêtait pas de sonner depuis le tout début de la discussion. Je sortis pour rejoindre l'espace privé de Wilson, non sans une certaine appréhension. Je toquai doucement sur la porte en bois et essayai d'entrer. Il s'était enfermé, laissant la clé dans la serrure afin que je ne puisse pas me servir de la mienne. Je pris une chaise de bureau et posta devant , attendant qu'il ne se décide à sortir pour lui parler. Une heure d'attente plus tard, son père arriva. Lorsqu'il entendit sa voix résonner furieusement dans le commissariat, j'entendis le cliquetis de la poignée de la porte se déverrouiller. Malgré son évidente colère, Eugenio m'adressa son plus beau sourire avant d'entrer. Tous les officiers, ainsi que Bryan et moi nous agglutinâmes pour essayer d'entendre des bribes de conversation, lorsque Eugenio se mit à crier. Quelques bruits sourds éclatèrent et nous entendîmes quelques mots comme : Helen, Comme la dernière fois, Excuser. Lorsqu'il ressortit, il lissa sa moustache et posa une main sur l'épaule de Bryan avec un air ravi :

- Il fera tout ce que vous lui ordonnerez ! Dit-il en se tournant vers moi pour me lancer un clin d'oeil. Vous pouvez y aller Mademoiselle Anderson !

Il s'en alla comme si de rien n'était , tandis que l'ami de mon père moi entrions. Bien qu'il était de dos, je pus sentir sa frustration. Il se tenait tout droit comme un piquet devant la grande fenêtre, posa une main sur celle ci puis, alors que Bryan allait commencer a parler, il l'interrompit brutalement.

- Je n'en ai pas la moindre envie ...

- Tu n'as pas le choix, rétorqua Bryan d'un ton autoritaire et en posant sa main sur l'épaule de Wilson qui sursauta légèrement à son contacte. Tu vas chez elle, et tu enquêtes sur cette foutue histoire de chats. Un point c'est tout. Tu sais très bien que Eugenio, ainsi que moi ne voulons que ton bien. On ne veut pas te voir dans le même état qu'il y deux mois.

- Soit.

Il coupa court à la conversation , s'éloignant de l'ami de mon père et alla s'asseoir derrière son bureau, éparpillant un dossier qu'il avait sous le bras, tout en pinçant des lèvres. Bryan l'appella à plusieurs reprise, sans qu'il ne daigne lever la tête ou répondre avec des mots, se contentant de grogner. Exaspéré par son attitude, le commissaire sortit, me laissant seule avec lui et sa mauvaise humeur. Je ne savais pas quoi faire. Engager une discussion ? M'asseoir derrière mon bureau et, comme lui, me concentrer sur l'affaire ? Ou devais-je partir ? Indécise, je restai debout au milieu de la petite pièce, le regard dans le vide. Puis, je remarquai une chose : ce n'était pas le dossier de notre enquête que lisait Henry Wilson avec une concentration des plus déconcertante. Lorsque le téléphone se mit a sonner dans ma poche, je sursautai et, instinctivement, regardai l'écran sur lequel le nom et la photo de Helen s'affichaient. Une sorte de jalousie m'envahit à ce moment là, et, agacée pour je ne sus quelle raison, je posai négligemment l'appareil sur le dossier qu'il lisait, en soupirant. Il le prit et le regarda sonner, sans jamais décrocher. Sans dire un mot, il le posa à côté de lui, puis replongea dans ses papiers. Hésitante, je fis un pas vers lui rongé par la culpabilité. J'inspirai profondément, puis lui pris mon courage à deux mains.

- Wilson je ...

- Ce n'est pas de votre faute, vous étiez contre depuis le début, je sais. Souffla-t-il.

- Donc vous...

- Oh que si je suis en colère contre vous. Grogna-t-il en se levant et avançant vers moi. Si je dois faire équipe avec vous mademoiselle, il va falloir me prouver que je peux vous faire confiance.

- Je n'ai rien à vous prouver ... Et puis , j'ai des questions à vous poser, vous étiez proche de mon père, est ce que vous savez ce qui lui ai arrivé ?

Il parut déstabilisé par ma question. Lorsqu'il écarquilla les yeux, je me rendis soudainement compte de la proximité de nos corps. Il s'était avancé tellement près, qu'au moindre mouvement je risquais de me heurter à lui. Mais ce qui me fascina le plus, était la chaleur qui émanait de lui, contrastant très largement avec la froideur de son comportement. J'avais envie de rester là, à respirer l'odeur légère de son parfum sucré et frais. Puis, comme pour mettre fin à ce bref instant de bien être, il recommença à parler.

- Si vous souhaitez que je vous en parle, il me faut la preuve que vous êtes quelqu'un de confiance ! 

Il recula, et me donna une conclusion d'un rapport d'enquête, effectuée par mon père à en juger par la signature qui figurait au bas de la page. Mon cœur eut un raté lorsque mes yeux se posèrent sur un nom qui me semblait familier : Edna Stampton. Je levai la tête vers l'inspecteur qui affichait un air sérieux et grave. Il m'arracha la feuille des mains puis la rangea dans le dossier qu'il prit en vitesse et fila en vitesse en dehors du bâtiment, puis revint et m'appela. Je me précipitai, encore soucieuse du rapport que j'avais lu. Où cette histoire allait-elle nous mener ? Je n'en avais aucune idée. Toutefois, les mots que la vieille femme m'avait adressé lorsque j'étais venu, me revinrent à l'esprit ce fut à ce moment là, qu'une intuition m'envahit, me persuadant que mon destin et celui de Wilson étaient étroitement liés. Comment ? Pourquoi ? Autant de questions et de mystères gravitaient autours de lui et j'étais plus que convaincue qu'il savait ce qu'il était advenu de mon père. Lorsque je m'assis sur le siège passager, à côté de lui, je ne pus m'empêcher de tourner mon regard vers son œil gauche qu'il gardait caché sous ses cheveux noirs et raides, pensant avec ferveur, que cet œil nous mènerais à la vérité.  

Secrets ( 1ère Partie )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant