Secrets ( 1ère Partie )

Retrouvailles

Il m'invita a m'asseoir sur le sofa et s'installa sur un fauteuil en face de moi. Il ne dit pas un mot pendant un petit moment, se contentant de boire de temps à autre une gorgée de café. J'étais mal à l'aise. J'avais toujours eu du mal a supporter le silence et le sien ne me disait rien de bon. Puis, lorsqu'il fut décidé, il cessa son mutisme.

- Pourquoi est ce que tu sors sans rien me dire ? Tu es allée où ?

- Je me suis recueilli sur la tombe de ma mère. Et je n'ai pas besoin que tu me surveilles autant. Je vais mieux et j'ai a faire.

- On aurait pu y aller ensemble ! Me fit-il remarquer. Blue, franchement, j'ai la désagréable impression que tu me caches quelque chose d'important... Je dois me faire du soucis pour nous ? Je sais bien que je ne suis pas très présent et...

- Ça me va. Ne t'en fais pas, je sais que tu es à mes côtés quoi qu'il advienne.

- ...

- N'est-ce pas ?

- Biensûr que oui. Et c'est pour ça que je veux te demander de venir vivre avec moi. Loin de cette ville et de cette maison.

Il me prit par surprise avec cette demande sortie de nulle part. Bon je devais bien avouer que je m'éloignais beaucoup de lui depuis que je vivais dans la maison de mes parents. Mais de là à ce qu'il me demande de partir avec lui... Je n'étais vraiment pas prête à sauter le pas. Mais je ne sus vraiment pas quoi répondre.

- Éric je ...

- Je dois rentrer demain matin. Mes congés sont bientôt terminées et j'ai encore des affaires à mettre en ordre. Je te laisse le temps d'y réfléchir ne t'inquiètes pas.

- Je... J'y penserai.

Il se leva et alla préparer ses valises. Je restai interdite. Ce n'était vraiment pas le moment de me lancer un truc pareil. Je montai à l'étage bien décidée à le lui dire. À tout lui dire. J'ouvris la porte de ma chambre dans un grand fracas et le trouvai en train de plier soigneusement ses vêtements.

- J'ai quelque chose à te dire. Lui annonçai-je déterminée.

- Je t'écoute. Me dit-il avec son calme habituel en s'asseyant sur le rebord du lit et me fixant avec ses yeux noisettes.

- Alors voilà. Je... Ces derniers temps, il m'arrive des choses bizarres. Mes cauchemars se révèlent souvent vrais et... J'ai l'impression qu'ils sont plus que des rêves. On dirait que ce sont des espèces de visions. C'est comme ça que j'ai sus qu'il était arrivé quelque chose à Henry et...

- Attend. T'es en train de me dire que tu es une médium ?

- Médium, peut-être pas non, mais que j'ai comme un sixième sens, et je suis persuadé que tous les évènements qui surviennent en ce moment sont liés de près ou de loin avec mon père.

- Blue. Je sais bien à quel point tu as envie de le retrouver. Mais tu ne penses pas qu'inventer toutes ces conneries c'est aller un peu loin ?

- Pardon ?

- Honnêtement je pense justement que toute cette ambiance de petite ville un peu isolée et de maison glauque t'ont juste rendu un peu trop sensible et je ne veux pas en pâtir. Je te laisse le temps de réfléchir, mais entre nous, venir avec moi est le meilleur choix.

Il se leva, mit le vêtement qu'il pliait dans sa valise qu'il ferma avec agressivité. Déçue et choquée, j'étais au bord des larmes. La gorge serrée, j'allai m'asseoir sur les escaliers en pierre qui menaient à ma porte d'entrée, en espérant que l'air hivernal me redonne un coup de fouet. Malheureusement, ce ne fut pas le cas et ce qui devait arriver arriva. Je me mis a pleurer. Je n'avais encore jamais pleurer à cause de lui. Je me sentais trahie et incomprise. Je voulais bien admettre que tout ceci était dur a avaler. Mais de là a ne pas croire un seul mot de ce que je disais et de partir comme ça, sans même prendre le temps d'essayer de me comprendre... Tout cela m'avait achevé et je passai le reste de la journée assise dehors a ruminer. Même Amélia n'avait pas pu me consoler.

Ce fut ce soir là, qu'une nouvelle se répandit comme une traînée de poudre. Écoeurante pour certain, improbable pour d'autres. Les son des sirènes de police avait brisé le silence nocturne de cette ville paisible. Bryan me l'avait annoncé dans la foulée sans me donner le moindre détail. Lorsque j'arrivai sur les lieux ce fut une scène irréaliste qui se passait devant moi. Je m'approchai lentement des bandes de délimitation d'un jaune criard, n'entendant que les battements de mon coeur qui semblaient de faire de plus en plus violents. Puis, juste là, devant moi, éclairé par toutes ces lumières, je vis Dwayne Abberline, agenouillé au dessus d'un corps que je ne pus identifier, un couteau dans ses mains ensanglantées. Il ne regardait que la personne qu'il avait agressé, répétant comme un mantra bouddhiste que ce n'était pas lui qui avait fait cela. Qui était donc la victime ? Je ne cessait de m'interroger et je priais pour que ce ne fut pas Henry. Ce ne pouvait pas être lui. Bryan vint me parler. Je n'entendis pas sa voix qui semblait n'être qu'un écho lointain. Ma vue était trouble et tout ce brouhaha ambiant m'angoissait. Cet état dura jusqu'au moment où Helen poussa un cri si strident, qu'il me ramena à la réalité. On n'avait pas seulement retrouvé le fils Abberline, on avait aussi retrouvé Henry Wilson.