L'horlogerie Abberline

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Mon plan était pourtant simple. Je n'avais qu'à me faufiler dans son appartement et dans sa chambre d'hôtel pour y trouver tout ce qui pouvait m'amener à lui. Mais rien que de penser à ce dont j'avais été témoin au motel, suffisait a me mettre dans tous mes états, au point que je ne sortis plus de chez moi pendant quelques jours. En outre, puisque mes rêves se réalisaient, j'avais décidé de les mettre à profit et m'allongeais pendant des heures sur le canapé du salon, fixant les poutres en bois foncé qui soutenaient le plafond. Mais rien ne venait. Comme si cela ne suffisait pas, alors que j'attendais ne serait-ce qu'un signe fugace qui me mettrait sur la voie, j'eus de plus en plus de mal a trouver le sommeil. Je passais mes nuits à me tourner et me retourner dans le lit grinçant, tandis qu'Éric, lui, dormait à points fermés. Alors, aux grands maux, les grands remèdes, je me rendis dans la salle de bain et ouvris l'armoire à pharmacie de ma mère. Je laissai échapper un rire de soulagement lorsque je trouvai les somnifères. Je pris quelques comprimés et retournai me coucher, me laissant emporter par Morphée. À peine eus-je les yeux fermés, que je me retrouvai devant l'horlogerie Abberline. Que venais-je donc faire ici ? Prise par la curiosité, j'entrai. Le lieu était surchargé d'horloges, de montres et de vieux réveils. Personne ne semblait y être. J'avançai lentement entre le bric à brac de vieilleries bruyantes. Chacun de mes pas me paraissaient difficile à faire et quelque chose d'apparence annodine attira mon regard. Tous les cadrans indiquaient la même heure :  neuf heures quinze. Ceci me sembla étrange puisque, prise d'insomnie je ne m'étais pas endormie avant trois heures du matin. Puis, lorsque je feuilletais les livres poussiéreux qui étaient mal empilés sur un bureau qui menaçait de s'écrouler, toutes les pages étaient successivement numérotées neuf et quinze. Après un bon moment, je sentis l'air se refroidir, me faisant grelotter.

- Tu ne devrais pas être là. Me murmura une voix inconnue.

Cette voix étrange et sombre me tétanisa et me donna la chair de poule. Je sentis les battements de mon coeur s'accélérer dangereusement et mon regard se perdit dans la pénombre. Je fis un pas en arrière et trébuchai en me cognant contre un petit réveil ancien qui se mit à sonner. À cet instant précis, toutes se mirent à résonner, à l'instar d'un orchestre sinistre qui annonçait une issue fatale. Je n'entendais plus rien hormis les tintements morbides et paniquée, je me mis à crier, comme si entendre ma propre voix m'indiquait que j'étais bien vivante. Lorsque je sentis une main froide se poser sur mon épaule, je sursautai et me précipitai vers la sortie. Mais au fait, où était-elle ? Je me retrouvai perdue et piégée dans cette petite échoppe. Je courus alors vers les fenêtres en espérant y trouver une issue. Mais rien. J'avais beau appeler à l'aide, tambouriner sur les vitres aussi fort que je le pouvais, rien ni personne ne m'entendait. Puis les deux mains de mon poursuivant vinrent enserrer mon cou. Le souffle coupé, j'avais l'impression que la vie commençait à me quitter petit à petit. Je n'arrivais plus à crier et mes mains glissèrent lentement le long du verre glacé.

- Wilson à l'aide ! Appelai-je dans une dernière tentative.

C'est alors que la voix d'Éric me parvint. Celui-ci hurlait mon nom et me sommait de me réveiller. Lorsque j'ouvris les yeux, je me rendis compte que ces mains qui m'étranglaient n'étaient autre que les miennes. Mon compagnon, affolé, me secoua, puis, voyant que j'étais à nouveau consciente, me prit dans ses bras.

Secrets ( 1ère Partie )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant