Chapitre 8

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« Je tenais à vous remercier, Professeur, d'avoir accepté de devenir mon superviseur. C'est un grand honneur.

— Si vous le pouvez, il serait bon d'éviter de mélanger l'estime que vous pouvez avoir pour moi avec la démarche que vous entreprenez ».

Nous avons tous besoin, à un moment ou à un autre, de nous confier à notre tour à un confrère ou à une consœur. Se pose cependant toujours le même problème : comment nous comportons-nous lorsque notre patient ou notre médecin est également, de son côté, un psychiatre ? Plus jeune que soi ou plus aguerri, bref, la relation est différente.

Je ne suis pas connu pour être un superviseur assidu et investi, bien au contraire. Je me suis toujours fait discret quand j'étais sollicité. Cependant, lorsque mon tour est venu et qu'une consœur m'a demandé si elle pouvait me confier une de ses patientes elle-même psychiatre, je n'ai pu refuser.

Cette amie est en effet dans une approche assez similaire à la mienne, particulièrement intéressée par les pas de côté mais aussi par celles et ceux qui, en dépit de leur réussite dans le domaine qui leur tient à cœur, ont besoin de regarder en eux par questionnement ou par mal-être.

Nos travaux se sont donc régulièrement entrecoupés et lui refuser cette faveur aurait été indélicat. Quant à la patiente en question, elle a suffisamment pris de précautions pour que je comprenne qu'elle ne serait qu'une patiente ponctuelle. Ainsi la première séance arriva-t-elle, aujourd'hui.

« Vous avez raison, Professeur, je le répète en permanence à mes propres patients, il me semble donc naturel d'appliquer ce principe avec vous désormais.

— D'ailleurs, viendrez-vous en séance pour une supervision personnelle, professionnelle ou non ciblée ?

— Je pense que, la plupart du temps, ce sont des enjeux professionnels qui viendront parasiter certains de mes raisonnements. Au niveau personnel, je pense que les équilibres sont stables.

— Ma consœur n'avait pas identifié d'élément susceptible d'être traité, sauf erreur de ma part.

— J'ignore le contenu de son dossier, bien sûr, mais je crois bien, en effet, qu'il n'y avait pas de préoccupation spécifique de ce point de vue.

— Dans ce cas, j'espère pouvoir vous aider au mieux avec vos patients.

— Merci Professeur de votre accueil, encore une fois ».

La séance du jour n'était qu'une rencontre initiale qui se poursuit avec le détail du profil de ses patients, des maladies qu'elle peut être amenée à traiter ou encore des éléments notables qu'elle ne maîtrise pas encore chez certains d'entre eux. Une séance de supervision classique donc, durant laquelle je ne fais que donner un point de vue complémentaire.

En revanche, l'heure de mon prochain rendez-vous approche et je sais que la tâche qui m'attend est monumentale. Je retrouve un de mes patients qui, après trois mois de déplacement professionnel à l'étranger, a tenu à reprendre la thérapie comme si nous ne l'avions jamais stoppée.

Cependant, au regard des raisons qui le poussent à me consulter, je sais déjà par avance que rien ne sera pareil. Très rapidement, la séance de supervision se termine et je récupère ainsi le dossier de mon patient. La porte ouverte, le voici qui entre, envoyé par Sébastien. Son sourire est immense.

« Je suis heureux de vous retrouver Professeur ! »

Il s'avance, me tend la main que je serre, et s'installe sur le fauteuil. Je prends une inspiration et l'interroge :

« Dites-moi, voulez-vous que l'on aborde votre séjour ? D'autres sujets se sont-ils ajoutés ? Ou bien...

— Je préfère que l'on parle directement du sujet habituel, Professeur !

Le Saint Ange (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant