Chapitre 15

162 28 5
                                    

Le langoureux baiser a effectivement été suivi de longs préliminaires. Je commence à croire que nous n'avions jamais été si endurants en nous en tenant à ces attentions respectives. Pourtant, nous venons tous deux d'atteindre une forme aboutie de satisfaction sans que nous ne soyons contraints d'investiguer d'autres chemins.

L'absence de vis-à-vis nous protège des voyeurs et nous avons ainsi pu faire fi de toute pudeur. En cet instant, d'ailleurs, Benjamin se lève, nu. Malgré la sueur, je ne peux que me satisfaire de la vue. Le concerné s'empresse d'ailleurs de me le rappeler.

« Si tu me regardes ainsi, je crains que nous ne soyons obligés de poursuivre... ».

Même si j'apprécie, mes désirs sont désormais clos. Je lui fais comprendre et me lève également. Je pose ma main sur son postérieur et l'accompagne vers la salle de bains. Nous ne nous embarrassons d'aucune précaution et profitons ensemble d'une douche chaude. Le savon dégouline sur son corps.

Installé contre le mur réchauffé de la cabine, je subis les assauts permanents des gouttelettes tièdes. Benjamin m'interroge du regard.

« Laisse-moi profiter de mes hormones.

— De leur chute, surtout.

— En effet. Je me sens bien, avec toi, là. Soulagé et débarrassé...

— D'une sorte d'obligation ? Enfin, je ne sais pas si le mot est bien choisi, mais, nous ne sommes plus sous pression.

— Ton résumé est excellent. Et soulagé aussi que nous soyons sur la même longueur d'onde.

— Je t'avoue que j'ai encore du mal à nous envisager divorcés. Je n'ai pas envie de devoir délaisser ton nom, d'ailleurs.

— Nous avancerons sur ce point étape par étape. Ce qui va impliquer de parler à la fois logistique et règles de vie.

— Tu as raison. Mais ce ne pourra pas être pire que ces derniers mois.

— Exactement... ».

Nous nous sourions sans doute un peu tristement. Nous sommes arrivés au bout de cette forme-ci de relation, ce qui ne signifie pas que la séparation maritale sera une séparation définitive. Finirons-nous comme ces anciens époux qui sont meilleurs amis ? Je l'ignore, et je ne tiens pas à le savoir.

Benjamin enfile un peignoir et, pendant que je me brosse les dents, m'encercle de ses bras emmitouflés. Nous nous regardons dans les yeux au-travers du miroir. L'image est belle. Celle de deux hommes jusque là désemparés qui, soudainement, prennent la mesure de la profondeur de leur relation, dont la surface n'était plus viable néanmoins.

La journée est calme, tout comme le soir. Nous rejoignons notre lit et je m'installe paisiblement sur son torse. Je pose ma main le long de son cou et je sens ses doigts jouer avec mon flanc. Je sens le sommeil me gagner et abandonne, relâche mes muscles, accepte que la nuit m'enveloppe, en plus de la chaleur de celui qui demeure encore mon mari.

Le réveil me surprend, dans la mesure où j'ai regagné mon coussin et que Benjamin, lui, dort tourné vers moi. Habituellement, nous avions besoin d'avoir les yeux dans le vide pour parvenir à dormir convenablement. Nos corps nous envoient décidément des messages particulièrement clairs.

Son visage est serein. Il est déjà dix heures. Peu importe, nous sommes dimanche. Je n'ai aucun plan pour la journée. Je détaille les traits de Benjamin pour les imprimer au fond de ma mémoire. Ses cheveux retombent légèrement sur sa peau. Je n'ai qu'une envie : les arranger. Mais ce serait prendre le risque de le réveiller.

Alors que j'allais, délicatement, quitter le lit, je sens une main qui saisit mon poignet. Je m'arrête et ne dis rien. Il me lâche et ses doigts viennent dessiner des formes dans mon dos.

Le Saint Ange (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant