Chapitre 16

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« Je n'ai aucune intention avec Nathan, sache-le.

— C'est bien pour cette raison que je viens d'écrire quelques phrases qui devraient parfaitement te convenir ».

J'arrache le téléphone des mains de Benjamin et lis à haute voix :

Nathan, merci de ce message ainsi que pour tout ce que vous avez pu faire hier. J'y réponds avec plaisir et vous propose de me donner les dates qui vous conviendraient pour nous voir. Un agréable dimanche à vous. ASA.

« Je vois que tu pourras falsifier mes messages sans difficulté.

— Je les ai reçus pendant des années, je te rappelle, sourit-il.

— Je n'ai rien à redire, j'envoie tel quel ».

La parole fut suivie de l'acte. Je m'amuse tout de même de la signature ASA, que j'ai en effet longtemps utilisée même pour écrire à Benjamin. Le message envoyé, je dépose mon téléphone au loin et profite de ce petit-déjeuner. Nous discutons de la journée et nous entendons sur un choix : nous ne ferons rien.

Conséquence logique de cette décision, chacun retrouve une forme de tranquillité, de solitude, mais accompagnée. Benjamin lit en musique tandis que je feuillette les dossiers de mes patients de la semaine sans pour autant être particulièrement concentré. Nos occupations font passer la journée en un clin d'œil.

Vient le temps de la nuit, ce voile obscur qui s'est massivement déposé ces derniers temps sur cet appartement bien vide. Ce soir, une petite lumière est allumée, venant rompre les ondes ténébreuses que j'ai pourtant eu l'habitude de côtoyer ces derniers temps. La lampe laisse apparaître quelques sphères lumineuses qui viennent chatouiller mes yeux.

Quant à moi, en cette soirée dominicale, je me contente d'une infusion et d'un vagabondage intellectuel. Je n'ai envie ni de lire, ni de regarder un film, encore moins de surfer sur internet. Je mets environ vingt minutes à choisir le goût de la boisson chaude et pas moins de dix pour la préparer.

La boire est également une aventure tant j'aime choisir le moment précis où la chaleur est encore vive mais suffisamment tolérable pour ne pas altérer le goût. Parfois, je me laisse piéger par la tasse qui absorbe plus ou moins bien les changements de température. Rien ne me dérange plus que de boire une tisane froide.

Voyant mon manège depuis le coin du sofa, Benjamin s'amuse et se moque un peu :

« Décidément, ton titre de Professeur te va à ravir quand je te vois ainsi, il ne te manque que quelques cheveux blancs ! ».

Vexé, je lui balance un coussin à la tête et m'empresse de boire d'une traite le fond de la tasse avant de me laver les dents et de me coucher. Mon compagnon d'un dimanche me rejoint et, contrairement à hier, s'installe à côté de moi. L'exercice terminé, il pose un doigt sur ma joue et s'amuse avec.

« Tu comptes aussi me dire que j'ai besoin d'un lifting ?

— Rho, Alban, voyons.

— Mouais ».

Je le quitte et pars dans le lit. Benjamin me rejoint et se colle à moi tout en laissant un espace de sécurité, dans le cas où je le repousserais trop violemment.

« On peut parler sérieusement...

— Je t'écoute, lui répondis-je en laissant transparaître un léger agacement qui, en réalité, s'éteint déjà.

— Qu'est-ce qui va changer ?

— Avec notre divorce ? Nos consciences, déjà. Nous n'avions plus ce genre de discussions, de moments complices.

Le Saint Ange (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant