Je me réveille, dans mon lit, seul. La nuit fut courte. Benjamin m'a accueilli à l'entrée de l'appartement sans question néanmoins. Il m'a simplement enlacé rapidement avant de me dire qu'il allait dormir. Il a donc fallu que je sois le moins bruyant possible en me douchant et en m'installant à ses côtés.
Ce matin, alors qu'il est n'est que sept heures, le voici déjà, j'imagine, dans le séjour en train de préparer sa journée. Il faut en réalité que je fasse de même. Je suis attendu pour le tournage d'une émission télévisée dédiée à la philosophie, du moins théoriquement. Ma réputation aidant, j'ai été sollicité pour apporter un éclairage en psychologie.
En réalité, ils le constateront très rapidement, mes inspirations et mes réflexions proviennent directement du cœur de la philosophie contemporaine. Mais je devrais éviter de penser aux questions à venir au réveil. Il serait plus judicieux de tout simplement me lever et me préparer.
Le petit déjeuner nous sera servi sur place, je n'aurai donc pas à prendre ce temps ici. Je prends une douche rapide et avoue que je profite du peu qu'il m'est possible d'avoir pour relâcher mes muscles peu habitués à être de sortie le soir. Si Nathan m'entendait, il hurlerait, mais peu importe.
La chaleur participe à mon bien-être, même s'il me semble bien relatif en cet instant. Il dépend de paramètres que je peux contrôler, telles que la puissance du jet d'eau, la musique qui passe dans mon enceinte ou encore ma tenue du jour. J'ai pris une décision à ce sujet, qui risque de surprendre.
Sec, j'enfile une chemise blanche aux très fins carreaux noirs. Je me demande si, au loin, les motifs sont visibles. Peu importe, au fond, mais tout de même, l'effet est là. Je choisis mon costume gris clair, et j'y ajoute une cravate noire. Tous mes vêtements du jour sont cintrés, de la chemise au pantalon.
Je profite enfin de cette journée particulière pour porter pour la première fois les chaussures grises mais foncées que je me suis offert il y a peu. Elles sont neuves, je peux donc les porter dès la chambre. Un dernier coup d'œil dans le miroir me permet de vérifier que je suis prêt à partir.
Je n'ai pas le temps de passer la porte de la chambre que Benjamin lève la tête de sa tablette et affiche un grand sourire, qui disparaît quasiment immédiatement pour laisser place à l'étonnement.
« Alban... Tu...
— Ça me va bien ? Tu trouves que c'est trop pour la télé ?
— Tu peux me rappeler quand elle sera diffusée ?
— Je prends ça pour un non, alors.
— Tu es incroyablement élégant. Tu me sidères.
— Dis tout de suite que je n'ai pas l'habitude d'être ainsi présentable.
— Espèce de râleur.
— Oui ».
Je lui souris, espiègle. Je bois quelques gorgées dans son café, ce qui a le don de l'énerver. C'est d'ailleurs précisément parce que je sais qu'il s'agace d'un tel comportement que je le reproduis à l'instant, par simple et pure vengeance.
« L'émission sera diffusée ce soir, le temps qu'ils montent quelques passages et de la calibrer pour le temps effectif accordé par la chaîne. Il faut dire que parfois, peut-être moi, d'ailleurs, certains invités sont trop longs.
— On regardera ça ensemble, alors.
— Par pitié, non, je ne tiens pas à me revoir ».
Il se moque légèrement et me vole une caresse dans le cou pour m'encourager. Je lui souris et m'engouffre dans l'ascenseur. Le taxi est déjà arrivé, je dois tout de même endurer une trentaine de minutes de trajet pour parvenir à rejoindre le studio d'enregistrement. Je suis complimenté sur ma tenue pendant qu'une maquilleuse me permet d'éviter que je ne brille.
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Le Saint Ange (BxB)
General FictionAlban, psychiatre, connaît un certain succès avec son cabinet. Ses patients sont plus ou moins connus et plus ou moins reconnaissants. Mais le succès professionnel ne se suffit pas à lui-même. Un patient difficile, une vie privée qui s'effrite, Alba...