Chapitre 28

133 27 2
                                    

Monsieur Lassard quitte paisiblement mon cabinet et je vois alors Sébastien arriver.

« Alors ? Pardon, Professeur, mais je suis curieux...

— Vous pouvez l'être, dans la mesure où nous parlons ici de la méthode. Écoutez, j'ai l'impression que l'hypnose a été efficace. Il était l'heure et il n'a pas voulu se lancer dans de plus amples explications. Je crois cependant qu'un souvenir lui est apparu.

— Oh ! C'est courant, grâce à l'hypnose ?

— Je ne la pratique pas assez pour pouvoir vous répondre avec certitude. Néanmoins, si un événement spécifique est la cause inconsciente d'une des situations qu'il connaît, alors, en effet, il est possible que l'hypnose vienne réveiller quelques brides de souvenirs.

— Merci de la précision, Professeur ».

Je vois néanmoins que Sébastien ne repart pas à son bureau. Il me regarde et attend. J'en fais de même, ne sachant exactement ce qui, actuellement, se passe dans l'esprit de mon secrétaire. Il cherche dans sa veste une enveloppe.

« Voici, Professeur. C'est une invitation pour mon mariage. Je ne sais pas si vous voudrez venir, mais cela compterait beaucoup pour moi. Vous pouvez venir seul ou accompagné, il n'y a aucun problème. Et, bien sûr, je ne vous propose d'assister qu'aux cérémonies civiles et religieuses. J'ai pensé que ce ne serait pas adéquat de vous convier à davantage qu'au vin d'honneur du vendredi.

— Sachez, Sébastien, que je suis infiniment touché que vous pensiez à moi alors que nous ne travaillons ensemble que depuis quelques mois. Je viendrai avec plaisir. Je ne manquerai pas de vous dire si je serai seul ou accompagné.

— Merci Professeur. Il n'y a rien d'urgent, le vin d'honneur est organisé en grande quantité, et il sera potentiellement réutilisé le week-end.

— Très bien. Merci Sébastien ».

En dépit de ma réserve professionnelle et médicale naturelle, je ne peux m'empêcher de me rapprocher de lui et de lui serrer vivement la main. J'y ajoute un très léger à-coup pour l'attirer vers moi. Il y consent et j'enlace amicalement mon assistant, mes mains posées sur ses avant-bras.

Son sourire est immense et je ne peux m'empêcher de lui dire quelques mots supplémentaires :

« Je suis très heureux pour vous. Merci de votre délicatesse par ailleurs pour ma propre situation. Je vous suis reconnaissant de la prendre en compte. Quoi qu'il en soit, je vous souhaite par avance un très beau mariage. Et je suis impatient de vous savoir en train de convoler en justes noces ».

Sébastien ne dit rien mais je vois une légère humidité atteindre ses yeux. Elle me semble bien naturelle. Alors, je relâche mon étreinte et le laisse regagner la salle d'attente. Je ferme ma porte de bureau quelques secondes le temps de passer un appel.

« Allô, Nathan ?

— Bonjour Alban, comment vas-tu ?

— J'aimerais que l'on dîne ensemble, si tu le veux bien. Quand es-tu disponible ?

— Dès ce soir ? Il y a un problème ? Tu n'as pas répondu à ma question.

— Le traiteur italien à vingt heures, à mi-chemin entre nos logements, si cela te convient ? Et je te raconterai ce soir.

— Parfait. Je me réjouis d'avance de te voir. Passe une bonne journée.

— Toi aussi, merci ».

Ainsi le cours de la journée reprend-il, mon patient suivant pouvant alors entrer dans le cabinet. Jusqu'à la pause méridienne, j'écoute davantage que je ne parle, dans la mesure où mes patients du jour sont des acteurs particulièrement impliqués dans leur thérapie. Je crois que je leur offre davantage un espace sécurisé et au sein duquel ils se sentent en confiance qu'une aide profonde, parfois.

Le Saint Ange (BxB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant