ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟙𝟘

400 49 112
                                    

Le Soleil traverse les rideaux et vient éclairer le lit. Il fait déjà jour alors que je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit. Horrible. C'est la seule définition que j'ai envie de donner à cette journée. C'est trop tôt. Ce n'est pas comme ça que je veux le revoir. Je me tourne vers son côté du lit, espérant l'apercevoir encore endormi. Je fais face au vide qu'il a laissé derrière lui. J'attrape son oreiller et le serre fort dans mes bras, m'imprégnant des traces de sa présence. Aujourd'hui, Grégoire doit être enterré. Je m'en sens tout bonnement incapable. Je n'ai pas envie. Non. Je veux qu'il me revienne.

Je me terre sous la couette en entendant du bruit dans le couloir. Shepard trépigne devant la porte pour pouvoir entrer et Alexandre lui demande de se calmer. Mon ami toque à la porte et m'appelle doucement.

— On doit bientôt partir... Les autres nous retrouvent à l'hôtel.

— J'arrive...

Il demande à Shepard de le suivre et retourne au rez-de-chaussée. J'écarte la couette et m'assois au bord du lit, prenant tout mon temps pour me mettre debout. Toute ma volonté y passe. Je n'ai aucune envie de sortir d'ici. Ça m'angoisse plus qu'autre chose de devoir croiser sa famille qui me déteste au plus haut point. Je m'en serais bien passé.

Mais peut-être que c'était ce qu'il voulait. Qu'ils puissent tous lui dire au revoir. À moins qu'il ne souhaitait que la présence des gens qui tenaient réellement à lui. Je ne le saurai jamais.

J'ouvre mon armoire et enfile les premiers vêtements que je trouve, puis attrape ma valise, mon costume emballé dans sa housse et rejoins Alexandre dans la cuisine. Il a pris le temps de me faire un café et de me griller une tranche de pain.

— Je me doute que tu ne dois pas avoir très faim, mais ça me rassurerait si tu pouvais manger un petit truc.

Je me contente de le remercier et caresse la gueule de mon chien avant de m'asseoir à table. Je prends tout mon temps pour boire le café et repousse la tartine. J'ai peur de renvoyer tout ce que je pourrais avaler de consistant. Alexandre se retourne vers moi, en appuis contre le meuble et sa tasse dans la main.

— Merci d'être resté cette nuit, commencé-je d'une faible voix et le regard fixé sur le liquide brun.

— Ne me remercie pas. C'était le minimum que je pouvais faire pour toi, me rassure-t-il.

Shepard vient lui quémander des caresses qu'il lui offre sans soucis. Un silence s'installe entre nous, seulement ponctué des quelques geignements heureux de mon chien.

— Je peux être honnête avec toi ? me demande-t-il.

— Je t'en prie...

— Tu vas t'en prendre plein la gueule.

Un rire amer m'échappe et je m'affale au fond de ma chaise.

— Je sais. Et je vais rien pouvoir faire contre ça.

— C'est une simple suggestion, mais... Enfin, peut-être que tu devrais attendre demain pour le voir. Ou au moins quand tout le monde sera parti. Tu ne mérites pas de subir leur courroux. Surtout pas aujourd'hui.

— Hors de question. Je vais pas les laisser me faire chier avec leurs conneries alors que je dois être là pour Grégoire.

J'avale d'une traite le reste de mon café et rejoins l'entrée pour mettre mes chaussures et ranger celle pour la cérémonie dans mon sac.

— Je ne voulais pas te froisser. Excuse-moi...

Je ne lui en veux pas. Je sais parfaitement qu'il souhaite simplement me préserver de leur haine.

AubadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant