ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟜𝟙

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Depuis quelques minutes, quand l'euphorie est retombée, Sébastien a les yeux fixés au plafond, sans rien dire. Il resserre le drap contre son ventre. Je ne cherche pas à le toucher, probablement encore secoué par ce que nous venons de faire.

Il tourne enfin le visage dans ma direction, sans arriver à comprendre ce qui l'habite.

— Sébastien...

Il m'abandonne dans son lit et ouvre la porte de la chambre pour partir dans sa salle de bain. Évidemment que je lui ai fait peur avec mon idée de lui avouer mes sentiments dans un moment pareil. Je suis vraiment qu'un con.

J'attrape mes affaires et me change rapidement avant de m'arrêter au dernier moment. Je ne peux certainement pas m'enfuir comme un voleur après ça. Je toque à la porte de la salle de bain, sans recevoir de réponse. Je tente de l'appeler, sans qu'il ne me parle pour autant. Résigné, je prends le temps de m'excuser et lui souhaite une bonne journée pour quitter son appartement.

Je conduis jusqu'à chez-moi, le cœur lourd. J'ai aimé le simple fait de partager de simples caresses avec lui, pourtant, je m'en veux terriblement. Comment j'ai pu croire que ce serait une bonne idée de céder à ses avances. Lui comme moi n'étions réellement prêts pour ça.

J'arrive enfin chez moi et Shepard me fait la fête comme il sait si bien le faire. Je lui donne sa ration du matin et part prendre une douche. Je me déshabille et affronte mon reflet dans le miroir au-dessus de l'évier. Je ne porte aucune marque de cette nuit dans ses bras. Rien. Rien qui pourrait prouver ce que l'on a fait chez lui.

Je fais disparaître mes ressentiments sous l'eau chaude. Je revois le regard tendre de Sébastien. Ses mains sur moi, à la recherche de chaque petit coin sensible de mon corps. Des baisers que l'on a partagés. La douce sensation de ses lèvres sur les miennes.

Puis cette peur quand j'ai osé lui dire que je l'aimais. Mon cœur s'emballe. Je me déteste de lui avoir fait autant de mal. Cette haine que je ressens envers moi ne cesse de prendre de plus en plus de place et dévore tout ce que j'éprouve de bien. Je coupe l'eau et me sèche rapidement pour me changer dans la chambre. Sans faire attention, j'ouvre son côté de l'armoire. Avec toutes ses affaires. J'attrape l'un de ses sweats recouvert de peinture et passe mon pouce sur le tissu. Je m'effondre sur le lit en pleurant. Je l'ai trompé. Deux fois. J'ai osé embrasser d'autres hommes. J'ai osé ressentir du plaisir avec d'autres que lui. Il doit tellement être en colère contre moi. On s'était juré d'être fidèle depuis ce malheureux événement quand on était plus jeunes.

— Pardon, pardon, pardon...

Je pleure de plus belle. Je me déteste tellement. Je suis incapable de faire les choses bien. Que ce soit avec Grégoire, Alexandre ou Sébastien. Je suis incapable de ne pas leur faire du mal. À tous les trois.

Je me réveille en sursaut, par Shepard qui se met à aboyer, probablement derrière un oiseau ou un chat dans le jardin. Je regarde l'heure sur mon téléphone. Je me suis endormi avec le pull de Grégoire dans les mains. Je me rends compte que Sébastien ne m'a envoyé aucun message. J'hésite à lui en envoyer, avant de me raviser. Il ne veut certainement plus me parler. Je lance un appel avec Estelle, espérant pouvoir parler avec quelqu'un de censé. Elle a tendance à me remettre les idées en place et à répondre rapidement.

— Allô ?

— Estelle, on pourrait discuter un peu ? Si t'es pas occupé. Je sais que c'est ton jour de repos.

— Pas de soucis, passe à la maison quand tu veux, confirme-t-elle.

— Merci...

— Roule doucement par contre ! Il faut encore que je passe l'aspirateur.

AubadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant