ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟚𝟡

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L'équipe est fière d'elle. Le championnat se rapproche doucement et ils se sentent prêts pour la victoire. Et je suis plutôt optimiste. Malgré le désaccord encore présent entre Ulrick, Antonin et Thomas, ils se sont tous montrés solidaires et bienveillants durant l'entraînement. Bien qu'ils restent avant tout des adolescents. Ils se vannent et s'envoient des piques en se rendant dans les vestiaires. Je les laisse faire, tant que ça reste bon enfant. Quelques parents assis dans les gradins font des signes à leurs garçons. Et Ulrick baisse la tête pour se rendre plus vite sous la douche. J'observe Sébastien, qui me salue d'un signe de main.

Je ne comprends pas pourquoi j'ai aussi peur de me rapprocher de lui. C'est quelqu'un de bienveillant, drôle, patient et un père formidable. Rien qui pourrait me dissuader de nouer des liens en temps normal. Pourtant une partie de moi ne peut se résoudre à ce que l'on se rapproche, sans que je ne sache la réelle raison.

Je me rends dans le vestiaire réservé aux employés et je sors de mon casier mon téléphone, vérifiant la réception d'un nouveau message. Je décide de retourner dans notre dernière discussion avec Sébastien. Le temps d'une vie entière ne suffirait pas. Je le vois régulièrement et pourtant, il me manque. Décidément, avec lui, rien n'a de sens.

Je me change rapidement et reçois un message de Valentin qui me demande si je suis toujours d'accord pour venir chez lui pour son anniversaire. Je n'ai aucune envie de croiser mes géniteurs, mais comme j'ai envie de renouer avec mon frère, je ferai l'effort de venir. Je lui dois bien ça après tous ses anniversaires ratés.

Je ramasse mon sac après m'être assuré de la réception du SMS et pousse la porte pour tomber nez à nez avec Sébastien. Pour ne pas dire que nous nous sommes rentrés dedans. Il s'excuse et me sourit timidement, s'assurant que je n'ai rien.

— Désolé, j'ai pas fait attention.

— C'est pas grave.

Je n'ai même pas le temps de le retenir qu'il rejoint rapidement son fils. Pourquoi je suis déçu, alors que c'est moi qui lui ai demandé de m'accorder du temps. Je deviens irrationnel.

Sur le parking, je remarque Antonin discuter avec Thomas. Les deux garçons sont un peu plus proches que d'ordinaire, mais pas comme avant toute cette histoire. Antonin tente visiblement de le réconforter, mais Thomas le repousse. Chacun part en direction de la voiture de leurs parents. La mère d'Antonin prend son fils dans ses bras et l'invite à monter. Le père de Thomas sort de son véhicule et se met à crier sur son fils. Tout le monde peut entendre leur engueulade sur le parking, bien qu'il ne reste personne à cette heure de la soirée.

— Je t'ai dit d'arrêter de lui parler !

— Tu vas pas m'empêcher de vivre ! Je fais ce que je veux et je parle à qui je veux !

— Sauf à ce garçon ! Il a une mauvaise influence sur toi !

Thomas jette son sac de sport à terre et se met à crier plus fort.

— Je t'interdis de dire ça ! Lui au moins il me connaît vraiment !

— Il profite de toi !

— Non ! On est amoureux !

Son père lève la main vers lui, suspendant son geste. Thomas relève la tête vers lui, sans vaciller. Sa mère sort de la voiture et se place non loin d'eux.

— Thomas...

— Vas-y, Papa, cogne-moi. Cogne-moi devant tout le monde. Montre aux gens la personne que tu es vraiment.

Son père me remarque, baisse le bras et lui ordonne de monter dans la voiture. Thomas se retourne vers l'entrée de la piscine, là où je me trouve encore. Je suis trop loin de lui pour intervenir maintenant. Il finit par obéir et ils quittent rapidement le parking.

AubadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant