ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟜𝟞

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Aucun cauchemar. Aucune terreur nocturne. Rien. Pas un soupçon d'angoisse. Pour la première fois, depuis longtemps, je me sens bien en me réveillant. Une main se pose sur ma poitrine et remonte jusqu'à mon épaule. Je souris en apercevant Sébastien dormir à poings fermés. Il marmonne un peu et se rapproche de moi, sans ouvrir les yeux. J'embrasse doucement sa joue, faisant attention à ne pas le réveiller. Sa main se perd sur ma nuque et dans mes cheveux. Il affiche un sourire et je le tiens plus près de moi.

— Bonjour.

— B'jour...

— Tu fais semblant de dormir depuis combien de temps ? chuchoté-je contre sa joue.

— Un bon quart d'heure... Sache que tu es adorable quand tu dors. Tu as même le petit filet de bave au coin de la bouche.

Honteux qu'il m'ait vu dans cette position, je cache mon visage dans sa nuque et il rit doucement. Je m'estime tellement chanceux de l'avoir dans mes bras. Il aurait pu me dégager de sa vie et je l'aurai mérité. Je ne comprends même pas pourquoi il ne l'a pas fait.

Il se retourne sur le ventre, pressant ses bras contre moi. Alors que je me penche vers lui pour venir l'embrasser, un bruit sourd dans la cuisine nous interrompt.

— Je reviens...

Sébastien quitte le lit, simplement habillé d'un caleçon. Il attrape le premier t-shirt qui lui tombe sous la main et rejoint son fils. J'ai le loisir de pouvoir entendre toute leur conversation.

— Ça va ? Tu t'es fait mal ?

— Non...

L'un d'eux ramasse quelque chose et le repose. Ulrick soupire et interpelle son père.

— Pourquoi t'as pleuré hier ?

Mon poing serre le drap. J'en suis l'entier responsable de son état. Il a pleuré par ma faute.

— Le boulot. Ce n'était pas une journée simple.

— Ok... Y a rien d'autre ?

— Non. Et toi ? Tu te sens prêt à retourner en cours demain ?

— Pas le choix...

Il marche dans l'appartement et ramasse ce que je pense être son sac.

— T'as des nouvelles chaussures ?

— Je les ai retrouvés au fond d'un placard, ment-il une nouvelle fois.

— Ok. À vendredi !

— Bonne semaine mon grand.

Son fils referme la porte et Sébastien la verrouille. J'en profite pour abandonner les draps et me couvre de mon haut de la veille. Je retrouve Sébastien assis sur son canapé, le visage caché entre ses mains.

— Tu me trouves minable de mentir à mon fils comme ça ? me demande-t-il en se redressant.

Ses yeux cherchent une réponse au fond des miens. Je m'assois contre lui.

— Pas du tout.

— Je ne lui ai même pas dit que j'étais gay. Il ne sait même pas pourquoi on a divorcé avec sa mère... Ça va faire deux ans qu'il déménage toutes les semaines. Deux ans. Et j'ai jamais eu le courage de lui dire que j'aime les hommes.

— Tu as le droit de prendre ton temps pour lui annoncer. C'est un choix qui te revient de pouvoir le dire à qui tu veux et quand tu veux. Personne ne doit te juger pour ça.

Il hoche la tête et se lève pour partir dans la cuisine. Je le suis et il me propose de m'asseoir autour de la table pendant qu'il nous prépare des cafés. Je refuse de le laisser faire seul notre petit-déjeuner. J'attrape des tranches de pain que je fais griller et il me remercie.

AubadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant