Aubade

ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟛𝟝

C'est le grand jour. Le jour J. Ça devrait être une magnifique journée, pourtant, c'est loin d'être le cas. Tout le monde est hypertendu et pour cause, l'un des futurs mariés a disparu. Estelle remonte nerveusement la bretelle de sa robe sur son épaule. Elle paraît bien plus stressée que les principaux concernés par cette grande journée. Alexandre lance un appel depuis son téléphone sans obtenir son correspondant vu l'expression qu'il affiche.

Samir, qui était déjà au bord de la crise de nerf, semble prêt à tout envoyer valser.

— Pourquoi il ne vient pas ? Il me l'aurait dit s'il voulait annuler !

Il tord nerveusement ses doigts et passe sa main dans ses cheveux. Lui qui avait pris son temps pour bien les coiffer. Tout le monde est soulagé quand la porte à l'autre bout de la salle s'ouvre en grand, avant que nous ne perdions chacun notre sourire. C'est simplement Robin.

— Je-

— Tu l'as trouvé ? l'interrompt le basané complètement angoissé. Où est-ce qu'il est ?

Robin secoue la tête et Samir jure en arabe.

— Ça ne vous gêne pas d'attendre un tout petit peu, réclamé-je auprès du chargé de cérémonie.

— Pas du tout. Prenez votre temps.

Je le remercie et rejoins Robin. Ce dernier m'attrape par le bras et me fait sortir dans le couloir.

— Alors ne panique surtout pas, mais je sais où il est.

— Il est où ?

— À l'étage. Guillaume va bien, il est juste hyper stressé et il a demandé à te voir.

Il me demande de le suivre dans la petite mairie et toque à la porte d'une salle de réunion. Il l'ouvre après en avoir reçu l'invitation.

Guillaume fait les cent pas devant une fenêtre, complètement au bout du rouleau. Il ne ressemble plus à rien avec ses cheveux en bataille et sa tenue défaite.

— Guillaume ?

— Je peux pas. Je peux pas faire ça, soupire-t-il pour lui-même.

— Dis aux autres qu'on arrive dans cinq minutes, m'adressé-je à Robin.

Il hoche la tête et ferme la porte derrière lui, nous laissant un peu de temps et davantage d'intimité. C'est à moi de le rassurer.

— J'y arriverai pas... souffle-t-il les larmes aux yeux.

Je sais qu'il ne renoncera pas. Il doit simplement trouver le courage de continuer à avancer. Je m'approche de lui, mais il recule, les bras croisés contre sa poitrine.

— Guillaume, tu vas bien ?

— Non...

Il s'effondre contre le mur, se repliant sur lui-même.

— Je ne vais pas y arriver.

— Samir t'aime.

— Je sais. Je sais qu'il m'aime, mais... J'ai peur de ce qu'il pourrait voir. De la personne que je ne serai probablement jamais. Et si je renonçais à l'opération ? Je suis terrifié. Vraiment. Pas de ce qu'il pourrait m'arriver, mais de ce qu'il pourrait faire si je laissais tomber. J'ai peur de le perdre. Il a été le premier à réellement me voir comme je suis.

— Je ne suis pas dans sa tête mais je pense que ça lui importe peu que tu fasses cette opération ou non, tenté-je. Il sait ce que tu endures tous les jours, il sait ce que ça signifie de partager sa vie avec toi. Autrement, il ne t'aurait pas dit oui. Samir est amoureux de toi et il veut passer le reste de sa vie à tes côtés.