ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟛𝟙

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Si je le fais, c'est pour lui. Je dois tout faire pour renouer avec Valentin. Peu importe si mes parents seront là, c'est pour lui que je viens, juste pour mon petit frère. Je ferme la porte de mon armoire et Shepard m'observe depuis le lit. Il doit se douter que je ne vais pas parfaitement bien à l'idée de revoir mes parents. J'attrape ma veste et demande à mon chien de me suivre jusque dans le salon. Arrivé en bas, mon téléphone vibre, m'indiquant un message de la part de Thomas.

« Je me fais chier comme un rat mort... »

L'adolescent a rapidement été placé en foyer le temps de devoir confronter son père. Ça ne semble pas particulièrement lui réussir, mais c'est le mieux qu'il pouvait lui arriver. Il ne pouvait pas rester avec son géniteur avec le danger qu'il représentait. Je lui avais transmis mon numéro personnel en espérant qu'il puisse m'appeler en cas de problème.

« Tu iras en cours demain et tu retrouveras tes amis »

J'ai le temps de remplir la gamelle d'eau de Shepard avant de recevoir sa réponse.

« Peut-être, mais je vais leur dire quoi ? Je sais même pas si je dois mettre Antonin au courant... »

« Si tu tiens à lui et lui à toi, tu devrais envisager de lui en parler. Il risque d'être inquiet et toi, tu risques de t'en vouloir de ne pas lui dire »

Il m'envoie un pouce en l'air. J'espère qu'il le fera. Thomas n'a plus grand chose auquel se raccrocher et il semblerait que le métis soit la dernière personne à qui il tient vraiment. J'enfile mes chaussures, attrape le cadeau pour Valentin et m'arrête devant mes clefs de voiture. Ça fait six mois. Six mois que je n'ai pas conduits. Je ne sais pas si je serai capable de retourner derrière le volant, mais aujourd'hui, je suis décidé à tenter le coup. Je referme la porte d'entrée sous le regard triste de mon chien et ouvre ma voiture. J'essaie de calmer au mieux ma respiration et me place sur le siège conducteur, rangeant le cadeau à l'arrière. Pour le moment, je m'en sors un peu mieux que la dernière fois où simplement en ouvrant la portière, je me suis mis à suffoquer. J'insère les clés et les tourne. La batterie s'allume et j'observe les aiguilles tourner et se mettre en place. Je referme la porte et attache ma ceinture.

— C'est comme le vélo. On n'oublie pas...

Je tourne la tête vers le siège passager, sentant une forte présence à côté de moi. La place est évidemment vide, mais je sens toujours que l'espace est comblé par quelque chose.

— Greg ?

L'oppression se fait un peu plus forte. Un frisson remonte mon dos et glisse sur mes joues. Je ferme les yeux et essaie de penser à autre chose. Jusqu'à même tenter de me persuader à voix haute.

— Tu n'es pas là, tu n'es pas là, tu n'es pas là... répeté-je.

Je me sens de nouveau seul et ouvre les yeux. Je suis assez fort pour y arriver. Je tourne à nouveau les clés et le moteur se met à vibrer. Je dois y arriver. Valentin m'attend.

Je retire le frein à main et enclenche la marche arrière pour sortir de mon allée. Je cale en plein milieu, manquant de me cogner contre le volant.

— Bon ok... C'est pas comme le vélo...

Je tourne à nouveau les clés, déterminé à me rendre à l'anniversaire de mon petit frère. J'en ai manqué beaucoup trop pour en rater un de plus.

Je réussis à quitter mon jardin et reste garé sur le bas-côté de la route entre deux voitures. J'attrape mon téléphone et lance un appel avec Valentin. Il met quelques secondes pour décrocher.

— Allô ?

— Salut Val. Tu pourrais dire aux parents de mettre une assiette supplémentaire ?

— Je le ferai au dernier moment. Si je fais ça trop tôt, ils vont croire que je ramène quelqu'un, précise-t-il.

AubadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant