ℂ𝕙𝕒𝕡𝕚𝕥𝕣𝕖 𝟛𝟛

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Shepard m'observe depuis son panier. Alexandre boit son café en face de moi, sans rien dire. Je ne sais pas si j'ai vraiment bien fait de le laisser rester ici. C'est trop silencieux depuis que l'on s'est assis autour de la table de la salle à manger. Aucun de nous deux n'ose franchir le pas et entamer la discussion. Pourtant, je vais bien être obligé de le faire si lui si refuse.

— Pourquoi tu es revenu ?

Il joue nerveusement avec sa tasse et sourit, sans pour autant me regarder.

— Ça ne sert à rien de rester silencieux. Je vais bien finir par le savoir.

— Parce que tu me manquais... soupire-t-il en se penchant vers moi.

Je m'éloigne, reculant au fond de mon siège. Je ne suis pas stupide et je le connais assez pour savoir qu'il y a autre chose.

— Je te dis la vérité, assure-t-il. Tu me manquais et je voulais revenir. Pour te voir et savoir si tu allais bien...

Un rire nerveux m'échappe.

— T'es sérieux ? Je ne vais pas bien. Tu es parti. Tu m'as abandonné au moment où j'avais le plus besoin de toi et tu reviens comme une fleur en disant que tu pensais à moi ?

Je me remets debout et ramasse ma tasse pour la laver.

— Va te faire foutre, Alex.

Il me laisse partir dans la cuisine. Qu'il aille se faire voir cet idiot. Je l'entends me rejoindre et il se place derrière moi quand je referme le lave-vaisselle.

— Tu veux vraiment savoir ? me redemande-t-il.

Je l'affronte, lui qui est plus grand que moi de quelques centimètres.

— Oui. Et ne me mens pas.

— En premier lieu, je suis revenu pour le mariage de Guillaume et Samir. Ce sont mes amis et je ne pouvais pas rater ça.

Il n'a pas tort sur ce coup-là. Moi non plus je n'aurai pas voulu rater ce moment.

Il se rapproche encore un peu et prend mon poignet dans sa main. La petite chaîne en argent y est attachée. Son cadeau de Noël.

— Tu l'as mise ?

— J'allais pas le jeter.

Après son départ, je me suis raccroché à ce que je pouvais et ça en faisait partie. Maintenant, je me rends bien compte que j'aurai dû l'enlever dès le départ.

— Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi t'es revenu alors que tu m'avais dit que tu ne reviendrais jamais ?

Alexandre avance un peu plus vers moi et je me retrouve coincé entre lui et le meuble.

— Parce que depuis cette nuit-là, depuis qu'on a franchi le pas, tu m'as obsédé bien plus qu'avant. Je ne pensais qu'à toi tout le temps. Constamment.

Son front se repose contre mon épaule.

— Ça m'a tué de ne pas pouvoir être près de toi...

Je n'ai aucune force pour le repousser. Alex est là, tout contre moi. Il ne m'a jamais abandonné.

— Je sais que je t'ai fait tellement de mal ce jour-là, alors que je m'étais toujours promis que je ne ferai jamais rien qui pourrait te blesser. Je me sens tellement coupable de t'avoir fait souffrir parce que j'ai été égoïste.

Ma main se déplace dans son dos et je me relève un peu pour le prendre dans mes bras.

— Je l'ai été aussi.

Il répond avec force à mon étreinte.

— Ne te reproche rien. Tu es une bien meilleure personne que moi.

AubadeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant