PROLOGUE

2.9K 111 53
                                    

Athomi n'en pouvait plus. Des pensées confuses bourdonnaient dans son crâne, son cœur semblait peser aussi lourd que du plomb, et mettre un pied devant l'autre devenait un effort de plus en plus insurmontable.

Au vu des visages mornes qu'elle rencontrait sur son chemin, elle n'était pas la seule à se sentir à bout de forces. Depuis quelques heures, une profonde lassitude semblait s'être abattue sur l'ensemble du village. Aucun sourire ne fleurissait sur les lèvres, aucune étincelle ne venait illuminer les regards ; une sourde fatigue de vivre semblait envelopper l'âme de chaque habitant.

Soudain, des murmures de plus en plus insistants parvinrent à l'oreille d'Athomi. Elle releva la tête, et remarqua que de nombreux regards se dirigeaient droit vers le ciel, en direction du nord. Ses yeux suivirent machinalement le mouvement, et se heurtèrent à un épais nuage d'un noir aussi profond que l'obscurité.

Trop dense pour être naturel, il semblait aspirer le bleu limpide du ciel. Athomi constata avec effroi qu'il grossissait à une vitesse effarante, et se rapprochait dangereusement du village : une angoisse indescriptible grandissait dans son cœur à mesure que ce tourbillon de néant dévorait les couleurs du paysage. Autour d'elle, les habitants étaient tous sortis de leur maison pour se rassembler dans les rues. Tous les regards se tournaient vers le ciel, comme sous l'emprise d'une attraction aussi malsaine qu'irrésistible.

Le nuage ne se trouvait désormais qu'à quelques kilomètres du village. Encore quelques minutes, et il passerait au-dessus. Une minute s'écoula. Deux minutes... Trois minutes...

Noir. Obscurité. Néant. Vide. Abattement. Détresse. Peur.

Douleur.

Athomi sentit son cœur éclater en mille morceaux tandis que l'ombre du nuage engloutissait son village. Une chape de plomb semblait s'être abattue sur l'ensemble du périmètre, écrasant sans pitié chacun des habitants.

Athomi pris vaguement conscience de ses jambes flageolantes, incapables de la supporter plus longtemps, et tomba à genoux sur le sol, le corps parcouru de tremblements incontrôlables. Le paysage avait perdu tout relief et tout éclat : plus rien ne comptait excepté cette noirceur dévorante qui l'emprisonnait dans un étau de souffrance.

Chaque angoisse, chaque chagrin, chaque blessure lui revenait en mémoire, tourbillonnant sans fin dans son esprit, imprégnant son âme d'émotions et de sentiments toujours plus sombres. Des larmes de désespoir jaillirent de ses yeux ; un cri déchirant s'échappa de sa gorge, en écho aux gémissements de ses voisins ; son cœur parut sombrer dans un abyme sans fond, tandis que lui apparaissait l'étendue de sa solitude.

Elle aurait préféré mourir sur le champ, plutôt que de continuer à souffrir et à se trouver si misérable.

Comme en réponse à son souhait, Athomi eut l'impression de sentir son âme transpercée de mille éclats de verre, avant de s'écrouler sur les pavés.

***

Hello tout le monde ! Merci d'avoir lu ce prologue, en espérant qu'il vous ait intrigué et donné envie d'entrer dans l'aventure ;)

N'hésitez pas à commenter, à donner votre avis, et à laisser un petit vote si cette scène intrigante (et déprimante) vous a plu XD 

Bonne lecture, et que Solila vous garde ♥


Les Six Lumières - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant