CHAPITRE 31 - La course des fugitifs

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Lorsque Étoile la débarrassa de ses chaînes, Mélhora eut l'impression qu'un poids dont elle n'avait même pas conscience venait de lui être retiré. En jetant un regard à ses coéquipiers, elle vit qu'il en était de même pour eux : un éclat indescriptible semblait de nouveau émaner de leur silhouette.

— Allez, ne traînons pas, pressa le lutin d'un ton ferme. Si vous voulez avoir une chance de récupérer vos secrets, mieux vaut se dépêcher avant qu'on remarque la disparition de Lune et de son équipe. Ou pire, qu'ils réapparaissent.

Il jeta les chaînes en petit tas le long du muret repartit d'un pas vif vers la sortie, vérifiant d'un coup d'œil que les fés l'avaient bien suivi. Eidana ne tarda pas à se retrouver à sa hauteur. Quelques instants plus tard, ils se trouvaient de nouveau à la porte du repère des Pies : la galerie souterraine s'achevait là. Étoile se tourna vers les fés.

— Je vais entrer le premier. Normalement personne ne passe par ici, mais on ne sait jamais. Je reviendrai vous chercher quand la voie sera libre. Si au bout de cinq minutes vous n'avez aucune nouvelle, considérez qu'il vous faut entrer par la force.

Eidana acquiesça sans un mot. Le lutin frappa la porte selon un certain code qu'aucun fé ne réussit à saisir, puisse glissa sans bruit dans l'ouverture lorsque le battant s'ouvrit en grinçant. Eidana fit pousser une discrète tige juste au niveau de l'interstice pour retenir la porte et l'empêcher de se refermer complètement.

Les secondes s'écoulèrent en silence. Fidros, incapable de rester immobile, ne cessait de passer sa main dans ses cheveux et de battre une mesure imaginaire avec son pied. Eidana eut beau lui lancer quelques regards réprobateurs, cela ne suffit pas à le maintenir en place. Mélhora voyait bien que Coralya aussi peinait à rester tranquille, peut-être parce qu'elle avait enfin recouvré toutes ses capacités de Corporelle. Ses yeux noirs n'arrêtaient pas de s'agiter, volant d'un point à autre. Elle gardait ses bras croisés contre sa poitrine, comme pour s'empêcher de bouger.

La Spirituelle ne pouvait pas ne pas les comprendre : après avoir passé tant de temps à attendre et à se faire balader de tous les côtés, elle aussi aurait aimé se passer de ces dernières précautions. D'autant plus qu'elle ne cessait de jeter régulièrement des regards dans son dos, par crainte de découvrir d'un coup Lune et leurs anciens gardes derrière eux, prêts à leur faire payer leur rébellion.

Enfin, au bout d'un temps qui parut interminable –mais qui ne dura en réalité que deux minutes – la porte s'ouvrit de nouveau en grand pour laisser apparaître la silhouette d'Étoile.

— La voie est libre. J'ai jeté un œil aux intersections : personne dans les environs. C'en est presque étonnant. Visiblement, la chance est de votre côté.

— Merveilleux, elle nous avait plutôt abandonnés ces derniers jours, commenta Eidana en s'engouffrant dans le couloir.

Lorsqu'elle voulut marcher à la droite d'Étoile, le lutin l'arrêta d'un geste.

— Restez quelques mètres derrière moi. Si on tombe sur des Pies, ça peut peut-être nous éviter quelques affrontements en me permettant de les faire passer leur chemin. Privilégions la discrétion, c'est comme ça qu'on sera le plus efficace, insista-t-il face au regard brun de la Terrestre.

Eidana hocha la tête. Même si elle commençait à en avoir assez de rester dans l'ombre, surtout depuis qu'elle avait de nouveau accès à ses pouvoirs, elle savait que Étoile avait raison. Elle rejoignit les trois plus jeunes, et tous s'élancèrent dans le couloir. Le cœur de Mélhora battait la chamade, mais plus tellement de peur. L'adrénaline et la joie d'être totalement libre grisaient son cerveau.

À chaque bifurcation, chaque intersection, Étoile vérifiait d'un bref coup d'œil que le chemin était libre de tout lutin. Ils n'en croisèrent pas un seul dans tout l'étage. En revanche, lorsqu'ils empruntèrent un escalier pour rejoindre les niveaux supérieurs, des bruits de pas précipités et des éclats de voix leur parvinrent à travers le mur et la sortie. Étoile fit signe aux quatre fés de rester cachés pendant qu'il partait en reconnaissance.

Les Six Lumières - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant