CHAPITRE 34 - Course contre la montre

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Étoile désarma le dernier lutin encore en état de combattre puis l'assomma d'un coupde poing, l'envoyant rejoindre le reste de ses camarades. Coralya se demanda ce qu'il ressentait, forcé de combattre ceux qu'il considérait sûrement comme ses frères d'armes encore quelques heures auparavant. Son visage n'exprimait qu'une détermination froide. La jeune fée contempla d'un bref coup d'œil le nombre de corps allongés au sol. Heureusement, cette fois-ci, tous respiraient encore.

Mélhora et Eidana étaient parties depuis déjà plusieurs minutes : elle espéra qu'elles s'en sortaient aussi bien qu'eux. Ils avaient eu quelques difficultés à venir à bout de leurs adversaires, qui se défendaient avec vigueur, mais ses pouvoirs et ceux de Fidros leur avaient procuré un avantage non négligeable. Et Étoile faisait probablement parti des meilleurs combattants de son clan, du peu qu'elle en avait vu.

— Ne traînons pas, pressa ce dernier. Il faut encore que nous rejoignons vos deux amies.

Il vérifia rapidement que ses dagues étaient bien à leur place puis il fit signe aux deux fés de le suivre dans le couloir qu'avaient emprunté Eidana et Mélhora quelques instants plus tôt. Fidros jeta un bref regard à Coralya et haussa les sourcils en un « Ça va ? »silencieux. Elle lui répondit en hochant la tête avec un sourire vaillant. Elle haussa elle-même les sourcils d'un air inquisiteur pour lui retourner la question. Pour toute réponse, Fidros afficha une expression excessivement enthousiaste assortie d'un clin d'œil. Coralya leva les yeux au ciel.

— Frimeur, chuchota-t-elle en souriant lorsqu'elle passa à côté de lui.

Le lutin, déjà engagé dans le couloir, les observa d'un air impatient en croisant ses brassur sa poitrine. Les deux fés s'empressèrent de le rejoindre. Coralya fit abstraction de la douleur qui irradiait les muscles de ses jambes, que l'adrénaline du combat lui avait permis d'oublier pendant quelques instants. Elle serra les poings, en espérant que leur périple au milieu des galeries des Pies touchait bientôt à sa fin...

Sans se soucier davantage de leur discrétion, Étoile s'était petit à petit mis à courir dans le couloir. Malgré sa petite taille, il se faufilait à une vitesse que Coralya eut bientôt un peu de peine à suivre. Elle courait juste derrière Fidros, soutenant l'allure, mais elle ne pouvait plus retenir la grimace de douleur qui déformait ses traits.

— Étoile, pas si vite ! Elle a un problème aux jambes, elle ne peut pas courir à cette allure! s'écria Fidros après s'être retourné un instant.

— Bien sûr que si, je peux suivre, protesta Coralya en fronçant les sourcils. Ne ralentissez pas pour moi, je vais bien !

— C'est faux et tu le sais, contredit-il d'un ton vif. Tu as beau garder l'allure, tu as mal, ça se voit...

— J'ai toujours mal, Fidros, jeta Coralya d'un ton cassant. Toujours, qu'on marche lentement ou non ! Alors autant ne pas perdre de temps !

Elle poussa un soupir excédé alors que Étoile revenait vers eux. À vrai dire, elle ne savait pas pourquoi l'intervention de Fidros la mettait dans un tel état. Il ne faisait que se montrer prévenant... Mais cette prévenance la mettait hors d'elle.

— Ça ne sert à rien de vous épuiser, commenta Étoile d'une voix froide. Pardonnez-moi, j'avais oublié que vous étiez blessée. Inutile de courir. Vous ne serez pas plus utile si vos jambes vous lâchent en pleine course, ajouta-t-il en devançant les protestations de Coralya.

Il considéra ses jambes d'un regard attentif, puis planta ses yeux dorés dans les siens.

— Croyez-moi, j'ai déjà vu plusieurs lutins aller bien au-delà de leurs limites... Et ça n'a réussi à aucun d'entre eux. Si vous ne voulez pas qu'on ait à vous porter, relâchez l'allure.

Les Six Lumières - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant