CHAPITRE 28 - Le venin tue la pie

162 27 0
                                    

— Le clan des secrets ? répéta Consilior à voix basse, le regard inquisiteur.

— C'est ça, acquiesça le lutin en commençant à rassembler ses marchandises. De sacrés parasites, fourbes, mais diablement efficaces. Si vous comptez sur la police pour retrouver vos amis, vous pouvez déjà creuser leur tombe.

Même s'il ne leva pas les yeux, toujours concentré sur ses babioles, il accompagna ses paroles d'un sourire en coin qui eut le don d'agacer Consilior.

— Mais je suppose que vous, vous savez comment les retrouver ? avança-t-il néanmoins d'un ton posé.

Le lutin le scruta d'un regard perçant, son sourire élargi.

— Ravi de voir que nous nous comprenons si vite. En effet, si vous voulez les revoir un jour, il vous faut quelqu'un qui connaît les règles du jeu. Ça fait des années que les gardes de Biblior n'arrivent pas à démanteler les clans qui font la loi dans la ville, pourquoi voulez-vous qu'ils réussissent à retrouver vos amis ? Non, votre seule chance, c'est de faire appel à nous, conclut le lutin avec une lueur de défi dans le regard.

— Et qui êtes vous ? demanda Consilior.

— Rendez-vous deux heures après minuit ici même, et vous aurez tout ce que voulez savoir, se contenta de répondre le lutin en terminant de rassembler ses affaires.

Il étendit sa capauvent au sol, plaça son large baluchon à l'arrière et sauta sur le tissu flottant.

— Ah oui : et ne vous avisez pas de venir accompagnés d'une quelconque escorte. Le moindre appel aux autorités, et notre proposition est retirée. Ne pensez pas que vous pourrez nous jouer un vilain tour, ajouta-t-il avec ce même sourire moqueur. Rendez-vous ici à deux heures après minuit : c'est à prendre ou à laisser !

Avant que Consilior puisse ajouter quoi que ce soit, il s'éloigna dans les airs aussi vite qu'une anguille.

***

— Ils ont six minutes de retard, marmonna Stelias en jetant un regard sur la petite montre de Consilior.

Depuisqu'ils étaient arrivés au point de rendez-vous, au milieu des ombres de la nuit, le Flamboyant avait repris son rôle de soldat en pleine mission. Tous ses sens en alerte, il se tenait droit, sans être crispé, ses yeux attentifs au moindre détail, prêt à dégainer ses armes.

Consilior aussi était en état de vigilance extrême. Suite à de vives délibérations avec Stelias, les fés avaient convenu d'accepter l'aide de cet étrange lutin. Tous s'étaient donc rendus au point de rendez-vous à l'heure convenue, en espérant de ne s'être pas jetés dans la gueule du loup. Le silence qui régnait dans la ruelle, si opposé au brouhaha de la journée, provoquait une sensationd'insécurité. Lumenys n'aurait presque pas été étonnée de voir un fantôme surgir des ombres d'un renfoncement.

Mais quelques minutes plus tard, une silhouette sombre s'approcha d'eux en remontant la rue pavée, sur leur gauche. Pour être honnête, ni Héliane ni Lumenys, et encore moins Altyen, ne l'auraient remarquée si Stelias puis Consilior ne s'étaient pas tournés vers elle, sur le qui-vive. Les pas du lutin ne produisaient pas le moindre son, comme si lui aussi était chaussé des bottes magiques que portaient les fés.

Arrivéà quelques mètres d'eux, le lutin rejeta en arrière la capuche de sa cape sombre, et dévoila son visage faiblement éclairé par la lumière de la lune. C'était le lutin qui les avait alpagués avec Consilior. Seuls ses yeux dorés brillaient dans cette nuit obscure, mais Lumenys devina son éternel sourire malicieux.

— Ravi de vous revoir. Et bienvenue aux nouveaux, ajouta-t-il en s'inclinant devant Stelias puis Héliane. Puisque vous avez fait le bon choix enacceptant notre aide, je peux maintenant me présenter : Poignard, pour vous servir.

Les Six Lumières - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant