CHAPITRE 19 - Pouvoir destructeur

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Dès que l'air abandonna son corps, Lumenys s'écroula sur le sol.

Ses ailes étaient tombées.

Tremblant de tous ses membres, elle eut l'impression que cette fois, elle ne réussirait jamais à se relever. Maintenant que l'adrénaline ne se déversait plus dans son corps, tous ses muscles la lâchaient l'un après l'autre, aussi flasques que du beurre fondu.

Étendue sur le dos, elle avait l'impression de s'enfoncer dans un océan de coton, et peinait à maintenir ouverts ses yeux qui s'habituaient peu à peu à l'obscurité ambiante. Des visages flous se bousculaient devant ses prunelles. Ses oreilles percevaient un vague brouillard de sons autour d'elle, un ramassis de voix que son cerveau épuisé n'arrivait ni à comprendre ni à identifier.

— Lumenys, est-ce que ça va ?

— Bien sûr qu'elle va bien, c'est d'ailleurs pour ça qu'elle vient de s'écrouler par-terre !

— Taisez-vous et laissez-la tranquille, elle a besoin de repos. Son corps et son esprit ont fourni bien plus d'énergie en quelques minutes que durant la totalité de tous ses entraînements !

Les paupières de la jeune Aérienne recouvrirent ses prunelles d'un voile de ténèbres. Lumenys se laissa sombrer dans un sommeil sans rêves.

Mélhora s'agenouilla auprès d'elle, les traits légèrement crispés, son regard émeraude attentif au moindre détail. Sa main refermée sur la paume froide de sa meilleure amie, elle ne pouvait dissimuler l'inquiétude que lui inspirait l'état de cette dernière, malgré le diagnostic d'Eidana. Toute couleur semblait avoir déserté son visage, comme si on venait d'aspirer toute la vie qui brillait en elle.

Jamais la jeune Aérienne n'avait affiché un teint aussi blafard. Ses cheveux blonds, tranchés sur le front de deux longues mèches blanches, avaient pris une couleur terne au lieu de leur habituelle nuance dorée ; ses lèvres ne se distinguaient plus du reste de son visage, aussi pâles que le reste. Heureusement que Mélhora entendait le souffle régulier qui s'échappait des narines de son amie, sinon elle penserait presque avoir affaire à un cadavre.

Eidana s'approcha de la jeune fée, et s'agenouilla à côté d'elle. Elle passa sa main sur le front de Lumenys avec une bienveillance presque maternelle. Un geste d'une rare douceur, que la Terrestre dévoilait peu. Héliane et Coralya se tenaient assises de part et d'autre de Mélhora, chacune une main posée sur son épaule, leurs yeux braqués sur le visage de Lumenys. Légèrement en retrait, Altyen et Fidros restaient debout côte à côte, les traits crispés. Consilior et Stelias bataillaient pour boucher l'ouverture de leur abri grâce à une couverture, jetant de temps à autre un regard soucieux vers la jeune Aérienne.

— Tu es sûre qu'on ne peut rien faire ? demanda Mélhora d'un ton presque incrédule.

Eidana soupira.

— Pas que je sache. Son corps et son esprit ont tous les deux subi des dommages importants, ils ont été tiraillés, poussés bien en-dehors de leurs limites. Son pouvoir a été aspiré pendant plusieurs minutes par son propre élément, une force étrangère qu'elle n'arrivait pas à contrôler.Et je pense déjà que vu la manière dont elle réagissait, elle a bien failli y rester... Quelques minutes de plus, et on la perdait.

— Oui, mais elle a réussi à s'en sortir, elle a repris le contrôle de son pouvoir, insista Mélhora.

— Pas tout à fait. Elle a certes réussi à faire de l'air son allié, mais elle n'a pas vraiment repris le contrôle de son pouvoir... Au contraire, j'ai plutôt l'impression qu'elle s'est complètement abandonnée à son élément, c'est pour ça qu'elle a réussi à nous guider jusqu'ici. Le problème, c'est qu'elle était déjà anéantie par sa confrontation avec la tempête. C'est un miracle qu'elle ait réussi à presque courir pour nous guider jusqu'ici, elle n'aurait même pas dû être capable de tenir debout !

Les Six Lumières - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant