CHAPITRE 5 - Vers l'inconnu

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Roselia regardait sa sœur avec attention, caressant distraitement son ventre rebondi. Avachie sur le canapé de sonsalon, les cheveux dénoués et vêtue d'une robe informe, elle restait malgré tout pour Lumenys un modèle de beauté etd'élégance.

— Comme je regrette de ne pas pouvoir venir avec toi, soupira la future mère. S'il n'y avait pas le bébé, je n'aurais pas hésité une seconde...

— Je sais, répondit Lumenys . Moi aussi, j'aurais aimé que tu sois là. Tu aurais sûrement fait une meilleure recrue que Fidros...

— Pas pour le plaisir des yeux en tout cas, rétorqua Roselia avec un sourire malicieux.

— Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, répondit Lumenys d'un air innocent. Au moins, ça fera plaisir à Papa et Maman, poursuivit-elle. Au moins une de leurs filles restera en sécurité : je n'imagine pas leur niveau de panique si on devait toutes les deux partir affronter je ne sais quels dangers inconnus !

— Tu as raison, sourit Roselia.

Les deux sœurs ne dirent rien pendant un moment, se contentant de regarder droit devant elles, les yeux dans le vague.Nul besoin de mots : elles se connaissaient suffisamment pour apprécier le langage d'un silence paisible.

— Tu as peur ? demanda soudain l'aînée sans détourner le regard.

— Bien sûr que oui, répondit Lumenys sans hésitation. Il faudrait que je sois folle pour ne pas redouter ce qui m'attend : je sais très bien le danger auquel je m'expose. Mais en même temps, je sais que je suis bien entourée, à la fois par mes amies et des fés compétents. Alors, j'imagine que je n'ai pas tant que ça à m'en faire...

Roselia songea que sa sœur semblait davantage s'adresser à elle-même. Elle passa un bras autour de ses épaules pour la ramener contre elle dans une étreinte réconfortante.

— J'aurais tellement aimé que tu viennes avec moi... murmura Lumenys. Je suis sûre que l'esprit de Solila m'a désignée uniquement parce que tu es enceinte : c'est évident tu t'en serais beaucoup mieux sortie que moi.

— Ne te dévalorise pas comme ça, répondit sa sœur en lui caressant doucement l'épaule gauche. Tu ne peux pas comprendre et encore moins cerner l'esprit de Solila. Quelle qu'en soit la raison, il te fait confiance... et moi aussi. Je crois en toi, même si tu n'y arrives pas encore toi-même. Je sais que tu en doutes, mais tu es une fée talentueuse, pleine de qualités, poursuivit-t-elle avec tendresse.

— J'ai envie de te croire. Et j'y parviendrais presque, en t'entendant parler ainsi : tu as toujours l'air si sûre de toi, répondit l'intéressée en souriant.

Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour avoir ton assurance si tranquille, ajouta-t-elle en elle-même.

— Comme vous êtes mignonnes, enlacées comme ça toutes les deux ! retentit soudain une voix dans la pièce, brisant l'intimité des sœurs.

La sœur d'Alyst, tante de Lumenys et Roselia, fit irruption dans la pièce, un sourire radieux sur les lèvres. Un plateau de gâteaux à la crème dont émanait une délicieuse odeur sucrée flottait à quelques centimètres de son épaule.

— Lumenys, viens nous aider à apporter le reste, on est en train de tout installer dans le jardin. Toi bien sûr, je n'ai pas intérêt à te surprendre en train de porter quelque chose, ajouta-t-elle à l'intention de Roselia. C'est fou, des mois de grossesse et tu es toujours aussi resplendissante !

Rien d'étonnant là-dedans, songea Lumenys. Il émanait de Roselia, de ses yeux clairs, de son sourire ravageur, un charme bien particulier qui ne pouvait être effacé par quelques kilos supplémentaires dus à la grossesse.

Les Six Lumières - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant