CHAPITRE 27 - Le clan des secrets

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Fidros et Coralya suivirent exactement le même chemin que Mélhora et Eidana un peu plus tôt, même s'ils ne pouvaient pas le savoir. Ils marchaient vite, au milieu des deux lutins, comme si chaque minute de passée était une minute de trop. De temps en temps, l'un jetait sur l'autre un regard furtif, mais se faisait rapidement rappeler à l'ordre par un léger coup sur les côtes. Au bout de quelques minutes, de nombreux couloirs, marches et embranchements, ils parvinrent devant les portes aux dessins de pie et d'yeux noirs.

— Fidros Sourceclaire, appela le même lutin massif, tandis que l'autre ouvrait la porte. À toi l'honneur.

L'intéressé se tourna vers Coralya. Il puisa dans ses yeux noirs, qui reflétaient la confiance qu'elle avait en lui, la force dont il avait besoin. La jeune fée lui saisit la main quelques secondes et la pressa avec douceur. Tant pis si les lutins la voyaient. Fidros lui adressa un sourire insolent accompagné d'un clin d'œil, puis se dirigea vers la porte.

Le petit lutin, accroché à la porte, les observa tout du long de ses yeux dorés. Au lieu de rester à l'extérieur, il s'avança légèrement dans la pièce à la suite de Fidros. Impossible pour Coralya de savoir ce qu'il fit, mais il en ressortit quelques secondes plus tard, son regard perçant rivé sur elle.

— Coralya Lotusdoré. On t'attend à l'intérieur.

La jeune Corporelle ne savait pas si elle devait se réjouir de ne pas être séparée de Fidros, ou s'inquiéter de ce qu'elle allait trouver dans cette pièce. De toute façon, elle n'avait pas le choix : elle s'avança en s'efforçant d'ignorer ses jambes douloureuses, auxquelles la marche rapide n'avait pas fait beaucoup de bien, et pénétra dans la pièce. La porte se referma juste derrière elle sans un bruit.

Un brusque sentiment d'étouffement la saisit d'un coup. Peut-être était-ce le silence bien trop anormal, ou l'atmosphère menaçante qui laissait des frissons sur sa peau, mais elle avait l'impression d'être un insecte pénétrant dans l'antre de l'araignée.

— Approchez-vous ma belle, approchez-vous. Prenez un siège.

La voix affable qui venait de s'adresser à elle de façon si cavalière provenait d'une lutine derrière une table basse, assise dans son fauteuil comme une reine sur son trône. Son port altier, l'éclat de ses yeux argentés... Tout chez elle respirait la confiance et la domination. À sa gauche, un lutin aux yeux dorés fixait les deux fés d'un air ennuyé, jouant négligemment avec une dague entre ses doigts.

Coralya lui obéit sans rien dire et s'installa sur une chaise en bois à droite de Fidros. Malgré la légère douleur qui pulsait dans ses jambes, ses mouvements restaient gracieux, son visage impassible.

— Parfait. Un peu de chocolat chaud ?

Fidros et Coralya échangèrent un regard. Le coinde la bouche du jeune fé se releva légèrement, tout comme son sourcil. Malgré la situation, Coralya dut prendre sur elle pour contrôler ses lèvres frémissantes.

— Non merci, répondit Fidros.

— Fadaises, rejeta la lutine d'un élégant mouvement de la main. Tout le monde aime le chocolat chaud. Et si vous n'aimez pas, vous aimerez forcément celui-ci. Ou bien vous ferez semblant, car vous n'aimeriez pas vexer vos hôtes, n'est-ce pas ? conclut-elle en arquant un sourcil.

— Loin de nous cette idée, assura Fidros d'un ton si sérieux qu'il frôlait l'insolence.

Tout en le scrutant d'un regard vif, la lutine servit deux bols de chocolat fumants qu'elle tendit aux deux fés. Aucun des deux ne le porta à ses lèvres – même si Fidros eut du mal à résister aux effluves sucrées qui venaient lui chatouiller les narines.

Les Six Lumières - Livre IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant