Réminiscence

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-Moe...

La voix douce et nostalgique tira Hataru de son sommeil, mais seulement partiellement?

-Hmm... Aneko? Murmura la jeune femme. Il est quelle heure?

-Lève toi, tu vas rater le petit déjeuner. La pressa Aki avec la gentillesse qui lui était coutumière.

-Le petit déjeuner? Mais...

-Allez, ne viens pas me dire que tu n'as pas faim. Rit la belle blonde. Je n'y croirait pas un instant. 

Hataru entendit ses pas étouffés s'éloigner, et ouvrit finalement les yeux. Elle reconnut le plafond de sa chambre, à Ilica. La petite pièce à l'étage de leur vieille maison biscornue, avec tous ses posters, ses livres, sa console... le soleil filtrait au travers des stores. Une délicieuse odeur flottait dans l'air. La jeune femme s'étira, et se tira hors de son futon. Un simple coup d'oeil circulaire autour d'air la remplit d'un élan de nostalgie. Il y avait tant de souvenirs, dans cette pièce... tant d'heures à jouer avec Lucie, à lire, à jouer, à s'imaginer des histoires... tant de copines invitées, d'après midi passés à ne plus ou moins rien faire... cette chambre, c'était toute sa vie, c'était toute son enfance. Elle soupira, s'imprégnant de toute cette atmosphère qui lui avait tant manqué. Quand elle se retrouvait dans sa chambre, elle avait l'impression de revenir dans le temps, quand tout était plus simple, quand Aki lui faisait encore à manger tous les jours, quand elle n'avait à penser à rien d'autre qu'au lycée, et à s'amuser. 

-Dis donc, gamine. Faudrait voir à pas trop tarder, hm?

La voix railleuse qui venait de l'apostropher, elle la connaissait bien aussi. Avec ses cheveux teint en rouge pétant, Nami était l'esprit libre de la famille. Pas toujours la plus facile à vivre, au tempérament chaud, brûlant parfois, mais également toujours prête à faire les quatre cent coups avec ses petites soeurs. C'était elle qui avait teint les cheveux de Hataru en rose, au lycée. Aki avait failli en faire une crise d'apoplexie. 

-Ben alors, reste pas plantée là. Ajouta Nami, depuis la porte coulissante de la chambre. S'il ne reste plus rien, Maman t'en refera pas.

Hataru se figea. 

-M... Maman? 

Nami lui lança un regard étrange.

-Tu joues au perroquet, maintenant? Allez, descend. 

La jeune femme s'éloigna, et Hataru entendit les craquements si familier du parquet et de l'escalier alors que Nami descendait au rez de chaussée. Elle resta un instant immobile, avant de finalement se lever, et se hâter à son tour vers les marches. Elle les dévala quatre à quatre, avant de s'arrêter. Le petit salon n'avait pas changé, avec ses bibelots accrochés partout aux murs, son sol en tatamis et son kotatsu bien chaud qui accueillait toute la famille pour le repas. Les voix d'Aki et Jade retentissaient, depuis la cuisine. Nami venait de s'asseoir, et dévorait avec passion un énorme bol de nouille, assise à côté d'une Lucie tout aussi affamée. Satsuki, la troisième soeur, mangeait dans son silence habituel, un livre posé sur ses genoux, plongée dans son monde, sans vraiment porter attention au monde qui l'entourait. Jusqu'à ce que Chantal, la grand mère, ne le lui retire des genoux. 

-Tu veux pas un peu regarder ce que t'as autour de toi, un peu? Grommela la vieille femme de son ton bourru typique des campagnes proches d'Ilica. 

Satsuki se contenta d'un regard noir, puis commença à manger à toute vitesse pour pouvoir retourner se plonger au plus vite dans son livre. Hataru sourit depuis sa position un peu surélevée, sur la quatrième marche de l'escalier. C'était sa préférée. Quand elle descendait, le matin, elle restait toujours là quelques instants à observer le manège qui se déroulait dans la salle de vie, avant de s'y joindre. Mais... quelque chose clochait. Nami avait l'air plus jeune que la dernière fois que Hataru l'avait vue. A vrai dire, Lucie et Satsuki aussi. Les deux jeunes femmes avaient respectivement 21 et 28 ans, alors pourquoi avaient-elles des allures de collégienne et lycéenne? Et Chantal... 

Auprès du feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant