Espace chaleureux

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La petite salle du cercle sembla glaciale à Hataru, lorsqu'elle y pénétra à la suite de Rin, transie de froid dans ses vêtements trempés. La présidente se hata d'allumer l'unique et visiblement antique radiateur électrique, situé peu judicieusement juste sous la petite lucarne à travers laquelle les deux jeunes femmes pouvaient observer les trombes d'eau qui se déversaient sur la ville. Hataru frissonna violemment. Son corps commença à trembler, le peu de chaleur apporté par l'effort physique qu'elle avait dû fournir en montant les escalier menant à la salle s'étant dissipé. Mais surtout, elle se mordait la lèvre pour ne pas pleurer. Sa gorge était serrée au point d'en être douloureuse, et elle remercia les gouttes d'eau qui ruisselaient de ses cheveux le long de ses joues de participer à camoufler l'humidité qui envahissait ses yeux. Elle se sentait sale. Humiliée. Elle voulait disparaître. Elle détestait cette sensation, mais détestait encore plus l'idée de révéler ce qui venait d'arriver à Rin - ou à qui que ce soit d'autre, d'ailleurs. Pourquoi devrait-elle porter la moindre attention à cette bande d'imbécile, après tout? Ne serait-ce pas précisément entrer dans leur jeu? C'est ce que lui aurait probablement dit sa grande sœur, Aki. Elle était la douceur et la gentillesse incarnée, après tout, même si elle n'aurait sans doute pas refuser l'idée de venger sa petite sœur chérie - elle ne lui aurait simplement pas avoué. Hataru n'avait pas toujours été en accord avec ces enseignements, que lui prodiguait celle qui l'avait éduquée. Mais, sur le moment, elle décida que la meilleure chose à faire était de les appliquer. Pour ne pas donner de satisfaction à ces personnes. Pour ne pas inquiéter ses amis. Et, implicitement, pour tenter d'oublier que cet incident avait jamais eu lieu.

-Tiens. 

La voix de Rin était aussi détachée qu'à l'accoutumée. Elle était en train de tendre une serviette qui semblait avoir connu des jours meilleurs, mais qui étaient tout ce dont Hataru avait besoin pour sécher son corps trempé autant que les larmes qui risquaient un peu plus chaque seconde d'envahir ses yeux. 

-Tu devrais te déshabiller avant de t'essuyer. Fit remarquer Rin en se dirigeant vers l'unique porte. Tes habits sont trempés. Je t'ai sortis quelques trucs sur le meuble, essaie les pour voir ce qui te va.

-Tu vas où? Parvint à articuler Rin d'une voix qui aurait convaincu bien peu de personne qu'elle n'était pas sur le point de pleurer.

-Attendre dans le couloir que t'ai fini de te changer. 

Hataru se retint de préciser que cela ne la gênait pas qu'elle reste. Vivre dans une petite maison avec uniquement quatre soeurs apportait une certaine indifférence vis à vis du fait de voir des corps de femme nue. Mais la jeune femme n'était pas sûre que la pudeur soit la seule raison pour laquelle Rin la laissait ainsi.

-Merci. Murmura-t-elle. Je vais faire vite.

-Au contraire, prends ton temps. Appelle moi quand tu as fini. Rétorqua simplement Rin en refermant la porte sur elle. 

Le silence retomba dans la longue salle, uniquement brisé par le tambourinement de la pluie sur le toit et la vitre. Hataru contempla ses vêtements, incertaine d'où s'y prendre pour commencer à les retirer. Elle choisit le pantalon. Mais, alors que le tissu descendait lentement le long de sa peau, son humidité le faisait s'accrocher, et rendait l'action plus difficile. Ce n'était rien de grave, au final, juste l'effet habituel d'un tissu mouillé contre de la peau. Pourtant, cela suffit à Hataru pour craquer. Un sanglot lui échappa, puis un second, qu'elle tenta d'étouffer du mieux possible tandis qu'elle bataillait avec son jean pour l'éloigner au plus tôt de sa peau humide. Les larmes se mêlèrent à l'eau de pluie, qui continuait de ruisseler de ses cheveux trempés. Mais elle continua sa tâche pour autant. Rin attendait dehors, après tout. Il ne fallait pas qu'elle entende. 

Auprès du feuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant