Rin poussa un long soupire en lâchant la bride de son sac, qui s'écrasa sur le sol en un bruit étouffé. Elle frissonna. Elle était encore frigorifiée de son trajet en scooter pour rentrer de Yamanashi, et aurait bien apprécié que son petit appartement lui offre un peu de chaleur - mais, bien évidemment, elle n'avait pas laissé le chauffage allumé pendant les trois jours qu'elle avait passé loin d'ici, chez ses parents. Rin ôta ses bottes et se traina jusqu'à son futon pour s'y laisser tomber paresseusement. Les draps étaient glacés, mais, au moins, elle se sentait à l'aise ici. Rien à voir avec les horribles remontées de souvenirs désagréables qui ne cessaient de l'agresser à chaque recoin de la maison de son enfance. Ici, tout était calme. Elle n'avait pas à craindre la présence de ses parents, ou l'arrivée de Noriko, ou de qui que ce soit d'autre. Elle pouvait enfin être un peu seul, et profiter de sa solitude. Enfin... c'est ce qu'elle aurait dit en temps normal. Mais les temps n'étaient plus très normaux pour Rin depuis le début de sa relation avec Hataru. Et bien loin de souhaiter recharger tranquillement ses batteries sociales en restant bien seule comme elle l'aurait fait auparavant, elle n'avait qu'une seule envie: serrer Hataru dans ses bras. Fort, si possible. Sa petite amie lui avait tant manquée pendant cet horrible week end. Et le stress de continuer à cacher sa relation à ses parents n'avait certainement pas aidé.
Un frisson parcourut l'échine de Rin. Elle se releva du futon sur lequel elle s'était affalée, allumant au passage la lumière, la nuit étant déjà tombée depuis un certain moment, puis se dirigea vers sa petite salle de bain. Dans la glace, son regard lui parut vide et épuisé. Mais c'était surtout les marques qui restaient encore bien visible le long de son cou qui étaient à l'origine de son malaise. Elle avait senti un changement dans l'ambiance quand ses parents les avaient remarqués. Enfin, son père, en tout cas, car elle n'était pas sûre que sa mère les ai vus, ou alors elle avait fait mine de ne pas s'en occuper. Cela avait été si stupide de sa part de ne pas y penser, et de ne pas les garder cachés. Mais Hataru adorait lui faire des suçons pendant qu'elles faisaient l'amour. Et Rin savait pertinemment que sa petite amie n'avait pas pensé à mal en le faisant. Cependant, Rin ne pouvait s'empêcher de penser que c'était ce genre d'inattentions qui pourraient leur coûter cher.
Son père n'avait rien fait d'autre que quelques sous entendus. Sa mère n'avait rien dit. Peut être n'avaient-ils toujours pas complètement compris. Peut être Rin se faisait-elle juste des films, après tout. Peut être aussi qu'ils lui laissaient le temps qu'il lui fallait pour qu'elle le leur annonce elle même. Peu lui importait, au final. Le fait était que, quand Rin avait réalisé à quel point elle avait été imprudente, la terreur qui lui avait tordu le ventre, elle, avait bien été réelle. Rin savait qu'elle aimait les femmes. Rin savait qu'elle aimait Hataru. Mais elle savait également qu'elle ne se sentait pas capable de vivre cette sexualité ouvertement. Certes, elle avait réussi à tenir tête à Hayato et à sa clique pendant le festival culturel, et avait crié haut et fort sa fierté d'aimer les femmes. Avec le recul, elle aurait préféré être un peu plus discrète. L'idée que le même genre de rumeurs que celles qui lui avaient ruiné la vie au lycée puisse naître sur le campus, en impliquant, cette fois-ci, Hataru... Cela terrifiait Rin. Elle n'était plus la lycéenne terrifiée de l'époque. Mais elle ne se sentait pas capable de devoir soutenir une nouvelle fois ce genre de jugement.
La présidente du cercle des activités en plein air poussa un long soupire en s'éloignant de la glace. Elle avait l'esprit aussi maussade parce qu'elle avait passé son week end à Yamanashi. Il lui fallait juste un peu de son remontant, un peu de sa petite boule d'énergie et de bonne humeur, pour lui remonter le moral. Et, comme si elle avait lu dans ses pensées... elle entendit le bruit caractéristique de la serrure électronique de sa porte d'entrée. Sans attendre un instant, elle accourut.
-Ouah! Tu es encore en tenue de voyage! Tu viens d'arriver? S'étonna Hataru.
Ses grands yeux innocents. Son petit nez épaté. Ses lèvres si attirantes. Sa longue chevelure d'une couleur rose chimique. Et sa silhouette menue. Cela ne faisait pas plus de quelques jours que Rin ne l'avait pas vue, et pourtant, cela lui avait parut être une éternité. Alors, Rin enserra sa petite amie au creux de ses bras, se délectant de sa chaleur et de son odeur, non sans lui répondre.
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Auprès du feu
RomanceMalgré son accession à une prestigieuse université, malgré son couple avec le garçon le plus en vue du campus, malgré le large groupe d'ami dont elle est au centre, au club de basket, il semble manquer quelque chose à la vie d'Hataru, comme un vide...