-Je suis vraiment désolée, Rin. S'excusa Miwa pour la énième fois.
-C'est rien, c'est rien, je te l'ai déjà dit. Répondit la présidente du cercle des activités en plein air. Ça ne me gêne pas.
-Tu es sûre? Insista Miwa. On a pas envie de s'imposer chez toi... on peut toujours aller se caler à la bibliothèque universitaire, ou...
-Mieux vaut pas, non, surtout si l'état des révisions de Hataru est aussi catastrophique qu'elle l'a laissé entendre. Pas vrai?
La petite pique amusée de Rin, qui tentait de détourner le sujet de la discussion sur autre chose, ne trouva pas la réponse à laquelle elle s'était attendue chez son amie. Hataru marchait derrière Rin et Miwa, dans les rues peu animées du samedi matin, le visage baissé, et le regard perdu, comme si un détail particulièrement intéressant du trottoir captait toute son attention. La présidente décida de sauter sur l'occasion pour que Miwa cesse de s'excuser au sujet de la venue surprise de son petit ami le matin même, et de la dispute qui s'était ensuivie entre les deux amoureux, poussant la jeune femme à relocaliser le lieu de leurs révisions hors de son appartement. Celui de Hataru et Lucie étant hors limite, puisque cette dernière y organisait ses propres révisions avec les troisième année du club de basket, le trio se dirigeait donc vers l'antre de Rin pour travailler. C'était ce changement soudain de programme, ainsi que la frustration très compréhensible de Miwa vis à vis de son petit ami, qui lui faisaient répéter en boucle ces excuses que Rin n'en pouvait déjà plus d'entendre.
-Hataru n'a pas l'air dans son assiette... glissa donc Rin, espérant ainsi autant empêcher Miwa de continuer ses suppliques, mais aussi, potentiellement, tirer la jeune femme aux cheveux roses de son étrange torpeur.
-Tu n'es pas au courant? Répondit Miwa, à voix basse. Kazuto et elle ont eu un accrochage plutôt sévère dimanche dernier. Ça fait une semaine qu'ils ne se sont pas parlés.
Evidemment, Rin était au courant. Comment oublier les larmes de Hataru, lorsqu'elle était passée la voir à l'improviste à la librairie où elle travaillait, trois jours plus tôt? Elle ne pouvait pas non plus oublier le beau discours qu'elle lui avait fait pour tenter de la réconforter... et qui semblait ne pas avoir porté ses fruits, au vu de l'état dans lequel se trouvait actuellement la jeune femme. La discussion de ses deux amies, marchant pourtant à peine à quelques pas devant elle, semblait ne pas pouvoir l'atteindre.
-Bon... ça va pas fort, les couples, en ce moment, on dirait. Grimaça Rin.
-Des ennuis amoureux? Demanda Miwa, innocemment.
Rin fut quelque peu surprise par la question.
-Je faisais référence à vos couples. Fit-elle remarquer.
Miwa haussa les épaules.
-Tu faisais peut être aussi référence à ta propre situation, senpai. Enfin, pour ce que j'en sais...
Hataru ne lui avait donc pas parlé de Noriko... Rin sentit un étrange sentiment de soulagement se mélanger à celui du malaise. D'une part, elle était heureuse que son amie ait gardé son secret, même auprès d'une amie comme Miwa. De l'autre, elle avait l'impression que se débarrasser de ce secret, le révéler au grand jour comme elle l'avait fait le dimanche précédent, l'avait libérée d'un poids immense. Réaliser que Miwa n'était pas au courant, c'était réaliser que le secret n'était pas encore complètement levé. Et c'était aussi rassurant que stressant, pour une raison que Rin avait du mal à expliquer.
-Non, je ne suis en couple avec personne. Se contenta-t-elle alors de répondre, se maudissant elle même de ne pas retrouver le courage qu'elle avait eu la semaine précédente.
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Auprès du feu
Storie d'amoreMalgré son accession à une prestigieuse université, malgré son couple avec le garçon le plus en vue du campus, malgré le large groupe d'ami dont elle est au centre, au club de basket, il semble manquer quelque chose à la vie d'Hataru, comme un vide...