On raconte qu'il exista un jour un musicien en compagnie duquel les oiseaux se taisaient, les cours d'eau dans leur lit se retournaient et les hommes dans leur cœur se recueillaient.
On raconte qu'Orphée, arrivé aux enfers joua pour le roi des morts...
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"Marché conclu."
Je suis bel et bien devenue un animal de foire maintenant. Le gros lot à gagner, super.
Je déteste être vu comme un objet, depuis deux jours je me sens comme tel: coupée de ma faculté de prendre des décisions. Totalement impuissante.
Ils poursuivent leur querelle mais encore une fois, je m'écarte de la conversation.
Je m'éloigne de moi-même avec l'impression de voir la scène de loin. C'est une autre manière d'éviter l'angoisse : ne plus prendre parti dans ma propre vie, vivre loin, se détacher de mes propres émotions, et finalement revenir brusquement à soi dans la violence de la réalité. C'est un peu ce qui s'est passé quand l'autre m'a kidnappé finalement, la réunion de l'esprit et du corps, la douleur.
Je ne suis pas un animal de foire : je suis un automate. Je ne suis pas présente dans ma vie, pas non plus dans les nuages, la tête dans les étoiles : je suis égarée dans une mer calme, derrière les vagues qui m'empêchent de voir le rivage, le seul endroit où je suis bien.
La houle claque contre le sable, derrière les lames d'écumes, l'eau me fait flotter sur le dos, les vagues me bercent à leur passage. Les oreilles sous la surface, je n'entends plus les bruits des gens sur la plage, seulement la mer et les roulements de l'océan quand il s'écrase sur le sable.
Encore essoufflée, je savoure ma victoire et son calme réconfortant. Les lueurs oranges illuminent encore le ciel en cette après-midi de fin d'été. J'entends les autres arriver.
"Tu m'impressionnes toujours. Elle est trop froide ici, tu n'as pas peur de l'hydrocution?
Le passage de la taille est plus facile pour moi, on dira.
—J'ai un avantage sur toi Nolan. Et en plus, j'y vais tous les jours après les cours, encore heureux que je m'y fasse?
—Je commençais à penser que tu avais trouvé quelqu'un, je suis déçue, rit Octavia.
—Je te l'avais dit, Octave, tu me dois un Happy Meal, répond un autre de mes amis.
—Tu as moyen de gagner un repas gratuit et tu paries un Happy Meal, tu es sérieuse?
Ils rient tous de leurs conneries, j'observe le ciel dans cette mer encore chaude de septembre et savoure le début de soirée. Nous avons emmené de quoi manger pour profiter du beau temps et fêter la rentrée, autant que l'on peut fêter un retour en enfer.
—Sinon, ça ne dérange personne de vous cinq de parier sur mon éternel célibat?
