Tout le secret de l'art est peut- être de savoir ordonner les émotions désordonnées, mais de les ordonner de telle façon qu'on en fasse sentir encore mieux le désordre-
Ramuz
Quelques instants après la fin de mon aveu, Isaac arrive dans la pièce, je pars me coucher.
Je ne veux plus voir son visage, plus respirer le même air, et encore moins avoir à lui parler. L'image du cadavre est encore vive, tatouée dans le fond de ma rétine.
Ça aussi, fera parti de ses choses qui arrivent et qui changent pour toujours ceux qui ont déjà l'âme qui part en vrille, les fait chavirer, se perdre dans l'inconnu atrocement profond du coeur humain. Qu'est ce qu'il y a une fois qu'on touche le fond de ses propres abîmes ?
Je ne fais que survivre depuis des lustres, je me complais au fond du gouffre. J'ai arrêté de me battre, de donner un sens à ma vie. J'existe avant d'être quelqu'un, si bien que je ne pourrais répondre à "qui est Charlie ?" qu'au dernier souffle de ma misérable existence. Quand au moment de faire les comptes, je prendrais la somme de tous les évènements qui l'ont composé et pourrait avec certitude dire avant de m'éteindre: je vous avais dit que ça n'en valait pas la peine.
Comme le dernier rayon du soleil sur la mer qui n'apparait que pour mourir.
Si j'étais un personnage fictif, je serais vraiment moi même, ou une héroïne tragique. Parce que ce qui m'arriverait serait tracé, du début à la fin, parce que mes actions seraient limitées dans le moment de la lecture, parce que je serais écrite pour n'être qu'une personne et pas cet amas d'équations sans réponses.
Un personnage de livre n'est qu'une seule équation, j'ai arrêté de compter combien j'en suis depuis longtemps, c'est plus simple d'être la victime d'une tragédie. On se pose moins de questions. Je suis fatiguée de me chercher pour me rater à chaque calcul. Je n'ai jamais été douée en maths de toute façon. Le destin c'est si simple.
"Mais non Charlie, il faut que tu l'isoles sinon tu peux pas trouver l'inconnue, s'énerve mon amie.
Je fais tourner mon crayon autour de mes doigts.
—Mais c'est mieux quand ça reste inconnu, non ? À quoi bon, si on sait déjà il n'y a plus de suspens.
Elle soupire.
—Tu vas me faire dérailler le cerveau chérie.
—Je sais que t'aimes ça Octave.
— Qui aime quoi ? s'enquiert Nolan. Je peux participer ?
VOUS LISEZ
Bound to fall (T.1)
Gizem / GerilimOn raconte qu'il exista un jour un musicien en compagnie duquel les oiseaux se taisaient, les cours d'eau dans leur lit se retournaient et les hommes dans leur cœur se recueillaient. On raconte qu'Orphée, arrivé aux enfers joua pour le roi des morts...