On raconte qu'il exista un jour un musicien en compagnie duquel les oiseaux se taisaient, les cours d'eau dans leur lit se retournaient et les hommes dans leur cœur se recueillaient.
On raconte qu'Orphée, arrivé aux enfers joua pour le roi des morts...
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-Il nous faut autour de nous, des hommes qui pensent et qui parlent. Quand nous sommes seuls longtemps, nous peuplons le vide de fantômes.-
Maupassant
Après que Olive m'ait expliqué cette histoire de syndicat, rien n'a brisé le malaise. Les souvenirs qui reviennent un par un depuis que l'homme s'est effondré sur le sol boueux de la forêt y participent pour beaucoup.
Même si ce n'est pas de ma faute comme je l'avais d'abord pensé, le corps sans vie de monsieur Ito emplit mon esprit.
Oui je me suis souvenue du nom.
C'est dingue quand on y réfléchit. Je n'aurais même pas sourcillé si j'avais rencontré cet homme dans la rue. On s'intéresse toujours aux gens une fois qu'ils sont partis, c'est l'ironie du sort, tout le monde est une meilleure personne une fois qu'il n'est plus là.
"C'était un enfant avec beaucoup de pression sur les épaules, il ne disait jamais ce qu'il ressentait, il a pu avoir des comportements déplacés, envers mademoiselle Olsen notamment, mais il n'a jamais été méchant. Il ne méritait pas ça, c'était un dérapage. Mesdames et Messieurs les jurés, aucune peine ne pourrait lui être appliquée dans ces conditions.
Certains des professeurs prennent sa défense alors qu'ils n'ont jamais pris position avant, c'est profondément hypocrite. Sans le procès, jamais ils n'auraient daigné bouger le petit doigt.
L'école dans ce pays a un gros problème, il y a besoin d'un drame pour se rendre compte qu'il aurait fallu faire quelque chose.
—Objection votre honneur, son cas n'a pas été pris avec assez de sérieux. Les signes de déviances étaient là depuis longtemps.
— De déviance vous dites ? Ce jeune homme n'a jamais été entendu, le témoignage de l'infirmière le prouve, il ne voulait pas que ses propres parents soient au courant de sa santé, et vous parlez de déviances, je parle de négligences, de la part de tout le monde présent ici, ce jeune homme est une victime.
—Je demande le témoignage, votre honneur.
—Accordée, parole au témoin.
—Mademoiselle Olsen, me demande l'accusation, qu'en pensez vous ?
Tous les yeux se tournent vers moi et leurs jugements s'entassent comme des chaines à mes pieds et autour de ma gorge, rendant mon élocution difficile.
