XXXVIII- L'ÉTRANGE NOËL DE MONSIEUR JACK

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Il ne me répond pas tout de suite, il prend la cigarette que j'ai entre les doigts pour en inspirer une taffe avant de me la redonner

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Il ne me répond pas tout de suite, il prend la cigarette que j'ai entre les doigts pour en inspirer une taffe avant de me la redonner.

Il n'a jamais utilisé un seul briquet, il allume avec la plaque à induction de la cuisine, la chaleur des néons de la cave, l'ampoule au dessus de son lit, l'allume cigare de la voiture et le briquet à arc électriques qu'il vole de temps en temps à Olivia, mais jamais aucune flamme n'a allumé ses cigarettes, je m'en suis rendue compte il y a un moment mais ai préféré ne pas lui faire la réflexion par peur de sa réaction.

—C'est pas grave Isaac, on n'est pas tous à l'aise avec le feu, c'est normal.

Il veut sourire mais la grimace que produit ses lèvres n'est pas crédible.

—Ce n'est pas ça.

Je lui offre un bout de la couette que je monopolisais, il se faufile en dessous et m'enlace de nouveau.

—Comment ça, "ce n'est pas ça" ?

Tu poses beaucoup de question, Charlie.

—Et toi tu en évites beaucoup Isaac.

Il s'accapare la couverture, je me rapproche encore de lui pour ne pas avoir les pieds hors des draps.

—Je n'aime pas le feu.

—Pourquoi ?

Il réfléchit.

—Tu sais comment fonctionne ta mémoire Charlie ?

—Hein ?

Le rapport ?

—Tu te souviens de tout, tu me l'as dit, mais tu sais pourquoi ?

Je n'en ai aucune idée, je sais que ma mémoire est un handicap au quotidien, mais à part ça, rien.

—Je sais juste que j'aimerais qu'elle fonctionne comme celle d'une personne normale.

—Et depuis combien de temps tu aimerais que tes souvenirs te laissent tranquille ?

Il n'évite pas ma question initiale, j'ai le sentiment qu'il tente d'y arriver sans que ce soit trop brutal.

—Je ne sais plus, ça a toujours été comme ça. Je, je crois que mon plus vieux souvenir remonte à mes quatre ans et demi, depuis je me souviens de tout. C'est une anomalie, d'ordinaire l'esprit refoule les évènements traumatique, pas le mien.

—C'est à cause de lui ? Celui qui t'a...

Par égard pour moi qui n'arrive toujours pas à mettre un mot dessus, il ne le fait pas à ma place. Je ne lui ai jamais dit son prénom. Il doit avoir déduit et a juste accepté que je ne considère pas Simon comme un coupable en ne cherchant pas son identité, il a respecté mon choix. Est-il le bon ? Je n'en sais rien.

—J'ai pas trop de souvenir de ça, j'ai oublié. Mon père a dit que puisque je ne m'en rappelais pas, ça n'avait pas dû me marquer, et après ça il est parti. Et même si j'ai tout fait pour m'en souvenir, il n'est jamais revenu. Depuis je stocke tout. Je cache le vide autour de moi et dans ma tête.

Bound to fall (T.1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant