On raconte qu'il exista un jour un musicien en compagnie duquel les oiseaux se taisaient, les cours d'eau dans leur lit se retournaient et les hommes dans leur cœur se recueillaient.
On raconte qu'Orphée, arrivé aux enfers joua pour le roi des morts...
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Il a tiré, l'homme s'est écroulé et une flaque s'est répandue autour de sa tête. Ensuite plus rien, mon esprit s'est tout simplement décroché de mon corps. Mon cerveau ne répondait plus, je suis morte en même temps que cet homme.
Pourtant tout a été très long, on ne pouvait pas laisser son corps ici, on devait l'emmener avec nous. Il a dû le porter jusqu'à son coffre, le mettre dans un sac, le balancer dans la voiture, refermer le coffre...
Mais je ne m'en rappelle plus, j'étais endormie, loin d'ici, très loin d'ici.
Ma mémoire ne m'a jamais fait défaut mais elle est arrivée à bout, elle s'est défendue pour la première fois, elle m'a sauvé de la chute. Elle s'est cachée comme une autruche mais est arrivée trop tard.
Il l'a tué à cause de moi.
Aucune larme n'est sortie, et s'il pouvait me rester des espoirs plus tôt qu'elles le fassent, je suis sûre que cet excès de violence m'a coupé des émotions et des sentiments pour toujours.
Si j'avais pu pleurer, il serait encore en vie.
"Je veux pas y retourner maman, répété-je en boucle depuis quinze minutes. Je peux pas y retourner, je veux pas les revoir, je peux pas.
—Ma chérie...
Voilà un mois que je suis dans ma chambre, un mois que je n'ai pas remis les pieds au lycée et que je suis sortie de l'hôpital, c'est mon anniversaire mais à quoi bon, plus jamais je ne le fêterais.
Le gens du lycée, mes amis, tous ces gens sont désormais morts pour moi, ils ne doivent plus exister dans mon esprit, il faut que je les oublie.
Croiser tous les regards dans les rues, aller en cours au même endroit qu'eux, j'en suis incapable.
— Je veux appeler papa, décidé-je sur un coup de tête.
— Il est en Californie ma chérie, il ne pourra pas venir.
—Il faut que je l'ai au téléphone. Il comprendra. Je m'en sortirais jamais sans lui.
—...
Elle ne peut rien répondre. Parce que mon père est plus à même de savoir quoi me dire. Enfin je crois.
—Je ne veux pas rester ici, je veux aller vivre chez lui, loin d'ici.
Maman pince ses lèvres, les larmes aux yeux. Elle ne veut plus perdre quelqu'un comme elle a déjà perdu papa, elle voudrait que je reste ici. Mais plus rien ne me retient. Même plus elle.
