La violence du retour à la réalité me refroidit le corps réchauffé jusque là par le contact avec sa peau. Le temps s'arrête et aucun de nous ne bouge, je suis toujours assise sur lui et il me regarde avec ses beaux yeux bleus.
Il ne m'a jamais regardé comme ça, avec ce mélange d'appréhension et de peur. Je m'y serais noyée si je n'étais pas moi même profondément terrifiée.
"Si tu veux arrêter de jouer, dit le moi mon coeur."
Où est l'erreur ? Facile ça commence par un J et ça finit par un R.
Je voudrais lui crier plus fort qu'il est hors de question que je joue avec lui, que j'ai assez donné, mais ma voix s'étouffe, elle est bloquée derrière ce qui sert d'enveloppe à mon âme malade, elle a prit résidence derrière mon sternum et n'en ressort pas.
Il a posé les mains sur le canapé et me sonde pour percer mes secrets. J'aurais dû rester froide, ne pas le laisser voir à travers ma carapace, elle était solide jusque là, mais avec lui elle s'est ramolli. Le piano, les baisers, le "je suis désolé", et maintenant ça. Il sait bien se faire pardonner. Même en ayant conscience du stratagème depuis des semaines, je tombe dedans.
Il a compris ma faiblesse et pourra la réutiliser.
Je ne suis pas traumatisée non plus, je suis passée outre je crois. C'était il y a dix huit ans après tout. Tout le monde est capable de s'en remettre au bout de tout ce temps alors pourquoi en serais-je toujours au même point ?
Je n'ai pas grandi, peut être suis-je restée bloquée à l'endroit où je me perdue, il faudrait que je retrouve la gosse de quatre ans pour lui dire que tout est fini. Qu'elle doit me laisser vivre sans me provoquer des syndromes de stress post traumatiques tous les quatre matins. Elle et ses foutus trauma sont responsables de toutes mes descentes aux enfers, elle ne peut pas... mourir ? Me laissr tranquille ?
<*
"Simon tu veux jouer aux playmobils avec moi ?
Pas de réponse, il m'en veut encore, je lui ai dit que je ne voulais pas jouer et il n'a pas compris.
Il n'y a qu'une chose qu'il veut bien faire avec moi. Il dit que tous les grands y jouent, que d'ailleurs il a déjà joué à ça avec des grands, je ne sais pas qui, il ne veut pas me le dire.
Et moi j'ai dit qu'à l'école personne ne connaissait son jeu.
Il s'est énervé, a répondu que c'est un secret, que la règle c'est de ne pas en parler.
—Simon, on joue à la guerre ?
Toujours pas de réponse. La guerre c'est pour les grands pourtant.
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Bound to fall (T.1)
Misterio / SuspensoOn raconte qu'il exista un jour un musicien en compagnie duquel les oiseaux se taisaient, les cours d'eau dans leur lit se retournaient et les hommes dans leur cœur se recueillaient. On raconte qu'Orphée, arrivé aux enfers joua pour le roi des morts...