On raconte qu'il exista un jour un musicien en compagnie duquel les oiseaux se taisaient, les cours d'eau dans leur lit se retournaient et les hommes dans leur cœur se recueillaient.
On raconte qu'Orphée, arrivé aux enfers joua pour le roi des morts...
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Tomber...
Appréhender le contact avec le sol...
Encore tomber...
Et se réveiller en sursaut dans son lit.
Cette sensation au réveil est loin d'être la plus agréable, c'est d'ailleurs plutôt l'une des pires. Une pas très agréable non plus est celle provoquée par le bras sous ma nuque, il comprime les muscles de mon cou et me refile un torticolis.
Ce réveil pour le moins désagréable est pourtant le premier depuis longtemps à ne pas être ponctué par la fatigue, j'ai vraiment bien dormi. Encore dans une sorte de transe pré-réveil, je remarque qu'une source de chaleur réchauffe mon ventre et mon dos.
Putain
Un frisson me réveille pour de bon, le bras d'Isaac autour de ma taille rapproche inconsciemment mon dos de son torse quand je m'éloigne de lui. Son souffle à la base de ma nuque me donne la chaire de poule même si jusque là, il a surtout réussi à me garder au chaud.
Putain
Je suis en sous vêtements, je dors toujours en pyjama et en pull d'habitude mais là, je ne me suis pas rhabillé et je n'ai pas eu froid. Il faut dire que le torse d'Isaac remplace le rôle de mon sweat, il est bouillant. Et il murmure des sons inintelligibles dans son sommeil en m'étreignant aussi fort qu'il peut.
Putain.
Sa peau me dérange maintenant, son torse se soulève régulièrement au rythme de sa respiration. Je sens tout son corps contre le mien, le haut de son torse, son buste, de ses abdominaux jusqu'à son bassin. Le contact de ma peau contre cette partie de son anatomie me fait bondir en avant hors du lit. Le goût de la bile dans ma bouche me retourne l'estomac.
Mais pourquoi j'ai fait ça ?
Je le savais au moment où je lui ai dit de continuer, que j'allais le regretter. Parce que je suis incapable de ne pas tourner les évènements de la veille dans ma tête jusqu'à me rendre malade.
Et pourquoi je l'ai laissé me toucher ?
Parce qu'on ne parle pas souvent des conséquences que peuvent avoir les mots sur notre corps. Dans ma vie, beaucoup de mots ont tranché ma peau, noyé ma confiance, brûlé mon épiderme. Et si une plaie finit toujours par cicatriser, les mots au contraire nous infectent et nous font pourrir de l'intérieur.
Je ne veux que personne ne voit le pourri à l'intérieur.
"Et tu ne m'as rien dit ? George, on parle de Charlie, ta propre fille, réveille toi !
Je les entends crier un étage plus bas depuis que j'ai dit à maman...
—Elle ne m'a rien dit, comment je pouvais savoir que c'était ça quand elle me parlait de "jouer aux grands" ? Hein ! je suis pas un pédopsychiatre à ce que je sache Lucia ?!
