On raconte qu'il exista un jour un musicien en compagnie duquel les oiseaux se taisaient, les cours d'eau dans leur lit se retournaient et les hommes dans leur cœur se recueillaient.
On raconte qu'Orphée, arrivé aux enfers joua pour le roi des morts...
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Nous continuons les blind test tout l'après midi. Février commence à peine et la neige a fini par fondre au contact du soleil qui perce les nuages.
Les températures n'augmentent pas pour autant, elles sont toujours aussi froides, cette atmosphère rend la nature dehors plus figée. Johan a eu l'idée de faire des pancakes et sort la pâte du frigo après l'avoir laissé reposer une heure.
"Comment ça du beurre salé ? Ça vient d'où cette manie bizarre, on mélange pas salé et sucré, c'est la base.
On les gobe avant qu'elles ne finissent dans le plat, je réponds à la place de Johan qui fait chauffer du beurre salé et du sucre directement sur la pâte en train de chauffer.
—C'est en France qu'ils mangent ça.
Il se lèche les doigts en se goinfrant de son pancake beurre sucre.
—J'ai eu un ami français qui en mangeait, ajouté-je. La plupart du temps ils s'engueulent entre eux pour savoir quel beurre est le meilleur. Ils ne font que ça, se plaindre.
—Je suis allée en France avec ma mère quand j'étais plus jeune, poursuit Jo', il y en avait au buffet de l'hôtel, j'ai continué à en manger après, c'est le meilleur.
Les trois se mettent à parler d'autre chose, ils discutent du travail, des conflits intra syndicaux ou je ne sais quelle autre bizarrerie. Je suis incapable de penser de la même manière qu'eux et trouve leurs appréhensions lointaines, ou alors très normales vu le danger qu'ils représentent pour les autres.
Je pense d'une manière opposée à la leur, si bien que je m'évade de la conversation pour profiter de l'odeur apaisante de la pâte en train de chauffer.
"Ma chérie tu me donnes la bouteille de lait s'il te plait ?
Je lui tends ce qu'elle me demande sans lever le regard du livre que Judith m'a prêté pour les vacances de Noël.
—Cha' tu peux m'aider pour mes verbes ? m'interrompt mon frère.
Je pose mon livre et passe une bonne demi heure avec lui avant que ma mère ne nous demande de mettre les couverts pour qu'on mange les pancakes qu'elle a préparé.
À peine le plateau sur la table, nous nous jetons dessus, il ne résiste pas longtemps à l'appétit de mon petit frère qui grandit à vue d'oeil.
—Ma chérie, tu as fais signer le papier de départ au ski par ton père ?
J'arrête de manger, la nourriture dans mon ventre pèse soudain trop lourd, j'ai avalé un peu trop vite, ou alors ce n'est pas ça le problème.
—Oups, j'ai oublié.
Elle ne décèle pas le mensonge derrière le faux sourire.
