Naléiss Freeds

Chapitre 15

   J’ai ouvert péniblement les yeux. La lumière me les a instantanément brûlé, mais j’ai fini par m'y habituer. J'ai essayé de me lever mais un mal de crâne m’a fait abandonner. La tête posée sur un oreiller, j'ai observé la chambre où je me trouvais. Elle semblait assez petite, entièrement construite en planche de bois. De doux rayons du soleil y entraient par la fenêtre au-dessus de moi et illuminaient l’espace.

-Ça y est, tu es réveillée ?

   J’ai sursauté en entendant la voix de Derek. Il se trouvait à ma droite, assis bras croisés sur une chaise en bois. J’ai réessayé de me redresser mais les vertiges sont revenus. Il est venu m'aider et m’a remonté l'oreiller.

-Est-ce que ça va ?

-J'ai connu des jours meilleurs... ai-je répondu en grimaçant.

-Oui, je sais... Il va falloir qu'on discute un peu, je crois.

   Je me suis tournée vers lui, interloquée. Puis, les souvenirs me sont revenus, par brides, empirant mon mal de tête.

-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? ai-je demandé en essayant de rafraîchir mon front dans les mains.

-On ne sait pas trop... Quand on est arrivé, tu étais au sol, et un peu plus loin, trois mecs KO.

   Je n'ai pas osé demander se que signifiait pour lui « KO ».

-On, c'est...

-Sélianne, Athalé, Kevin et moi, a-t-il terminé à ma place.

-Donc j'imagine que vous êtes comme moi...

   Je crois que je n'avais jamais été aussi perturbée... Des centaines de questions me traversaient l'esprit... Pourquoi moi ? Pourquoi eux ? Comment ? Quand ? Derek a semblé percevoir mon trouble.

-Ne t'inquiète pas ! s'est-il exclamé d'un ton enjoué en me prenant les mains.  Maintenant, on va pouvoir t'apprendre à maîtriser tes pouvoirs. Tu pourras faire de grandes choses et...

   J’ai retiré mes doigts des siennes. Je ne pouvais pas.

-Il... il faut que je parte, ai-je dit en me levant fébrilement.

   Les vertiges ont repris. Ce n’était pas grave. Je devais sortir d'ici. J’ai quitté le cocon chaud que formait la couette et alors que tout tanguait, je me suis dirigée vers la porte de la chambre. Je l’avais presque atteint quand Derek m'a attrapé par le poignet et m’a forcé à me rassoir. Doucement, mais fermement.

-Tu n'es pas responsable de ce qui lui est arrivé. À Nelly.

   J'ai essayé de l'ignorer, sauf que mon cerveau a refusé et a écouté. Ou peut-être était-ce mon cœur. J’ai relevé la tête et j’ai croisé son regard qui m’a désorienté. J’y décelais de l’inquiétude et de la compassion, ainsi qu’une étonnant tendresse.

-Tu n'es pas responsable, a-t-il répété plus bas.

-J'ai tout ruiné, ai-je murmuré en fermant les yeux. La seule chose que je pouvais faire était d'être sûr que personne ne se rapproche de moi.

   J’ai tenté de bloquer mes larmes avec mes paupières, pourtant celles-ci sont facilement parvenues à passer ces frêles barrières. Pour l'une des premières fois, je me suis mise à pleurer devant quelqu'un. Je n'aimais pas ça, je me sentais faible. Ça me dévoilait un point vulnérable. Derek m’a prit dans ses bras et m’a bercé comme on bercerait un enfant, mais je l’ai rejeté, la colère prenant le dessus sur la peine.

-Pourquoi tu essaies de te rapprocher de moi ? Arrête ça ! Laisse-moi tranquille ! Ou tu finiras par être blessé toi aussi !

-Est-ce vraiment ce que tu veux ? Ne blesser personne ? Te fous pas de moi ! Tu es la seule qui souffre dans l'histoire !