Naléiss Freeds

Chapitre 28

   Mon regard s’est voilé. À tâtons, je me suis adossée au mur afin d’éviter de tomber. Je pensais que les vertiges se seraient arrêtés une fois ma magie retrouver, mais visiblement non. J’avais peut-être attrapé froid ou une connerie comme ça. En tout cas, ce n’était ni le lieu, ni le moment d’y penser.

   Avant même de retrouver mon entière mobilité, je me suis jetée la tête la première à travers la porte. À l’intérieur, c’était comme être secoué dans tous les sens par différents courants. Ça a achevé de me faire perdre mes repères. J'ai fini par réapparaître sur une plate-forme en pierre, en battant des bras pour éviter de me ramasser contre le sol. Derek m’a rattrapé de justesse par le col de mon manteau.

-T’en a mis du temps. Qu’est-ce que tu faisais ?

-Heu… J’ai trébuché.

-Oui, ça j’avais remarqué ! Enlève ta veste, tu n’en auras pas besoin ici.

   En effet, la température était celle d’une après midi d’été, alors j'ai rangé tout ce qui me tenait chaud dans mon sac à dos déjà bien plein.

-Allez viens, les autres nous attendent, a-t-il dit en me prenant la main.

   Pendant que nous avancions, j’ai profité du fait que mes yeux fonctionnent pour regarder tout autour de moi : nous marchions sur un chemin de brique, encadré par des palmiers nais. Au loin une tour immensément haute se dressait jusqu'au ciel. La Tour, me suis-je rappelée. Athalé m’en avait rapidement parlé, mais ne m’avait rien expliqué d’autre. « Tu découvrira tout ça sur place » avait-elle dit. Justement, elle patientait avec Kevin et Sélianne, près d’une sorte de stand. Arrivée à leur hauteur, on a engagé la discussion avec le monsieur tenant ce qui était en faite un guichet. Il devait avoir la cinquantaine et portait une chemise à motifs beaucoup trop flashy. Sur son crane, une calvitie naissante dévoilait une grosse veine. Il pestait contre un rubik’s cube, qu’il faisait tourner dans ces gros doigts. Derrière lui, une affiche trônait fièrement avec pour slogan écrit en anglais « L’île du Rassemblement, là où je peux enfin être moi-même ».

-Bonjour monsieur. Ce serait pour…

-Oh des retardataires ! s’est-il exclamé avec un accent des îles en se levant de sa chaise. Enchanté, moi s’est José, mais tout le monde m’appelle Jojo.

   Pendant qu’il parlait, il avait eu le temps d’échanger une poignée de main énergique avec chacun d'entre nous.

-Bienvenue sur l’île du Rassemblement ! Vous avez fait bonne route ? Ici, le temps est dégagé et la température idéale. Mais trêve de mots inutiles. J’imagine que vous voulez des chambres. Puis-je avoir vos cartes d’identité s’il vous plaît ? (Par là, il voulait parler des cartes de mage. J’ai fouillé dans mon sac pour sortir la mienne avec fierté.)  Vous êtes cinq… Vous avez de la chance ! J’ai justement cinq chambres individuelles au deux cent trente-huitième étage. J’espère que ça vous convient. Vu votre accent, ce doit être Dimitri votre représentant… Oui j’en suis sûr !

   J’ai jeté un coup d'œil à mes amis qui semblaient faire de leur mieux pour suivre. De mon coté, je n’avais aucune idée de ce dont il parlait.

-Vous êtes nouveau ? Alors laissez-moi vous présenter l’île et ses bâtiments. (Il a pointé le centre d’une carte plastifiée sur son bureau.) Là, au centre notre ville appelée Cité où vivent les mille habitants annuels, c’est la Tour où vous allez loger. Cinq cents étages. Capacité d’accueil de huit mille personnes. Mille cinq cents mètres de hauteur. Le plus haut bâtiment jamais construit ! Autour se trouvent les bâtiments principaux : restaurants, supérettes, complexe sportif… La salle de réunion est au nord, celle des fêtes au sud. Le grand parc à l’est. Magnifique au passage. Très calme, très reposant.