Chapitre 40

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   Je suis en finale.
   Je suis en finale.
   Je suis en finale.
   Chaque fois que je retournais le sablier, je me répétais ces mots, en pensant à tout, à rien. En observant à la hauteur de mes yeux ses deux ampoules de verre protégées par trois barreaux en bois noir, captivée par la mélodie des grains nacrés qui s’écoulaient un à un, telle une douce pluie. Toutes les trois minutes, je recommençais.
   Je suis en finale.
   Comme entre chaque épreuve, j’avais fui l’agitation générale et avait trouvé un coin isolé pour méditer, mais cette fois, je n’étais plus assise dans le noir au fond d’un couloir. Allongée sur un canapé dans ma loge personnelle, je me concentrais sur ma respiration afin de me couper du vacarme des gradins qui me parvenait encore. Les organisateurs auraient très bien pu insonoriser la pièce, or ils ne l’avaient pas fait, sûrement pour empêcher les joueurs d’oublier l’ampleur de l’évènement qui se déroulait.
   Je suis en finale.
   Je ne me mélangeais pas aux autres participants, je n’essayais pas d’obtenir des informations sur leur spécialité, je ne créais pas d’alliance. Je n’avais assisté à aucune des épreuves de Derek. Je n’en avais pas besoin, je savais qu’il serait avec moi pour la dernière.
   Je suis en finale.
   Je ne partais pas en quête d'information, je restais dans ma bulle à cogiter sur tout ce qu’il s’était passé, pour avoir un aperçu de la suite. Je n’étais ni aveugle, ni sourde, ni idiote. J’avais parfaitement remarqué que les frères Campbell, Mike, Erwan et Nassim avaient été commandités pour m’écarter de la finale. Comme m’avait conseillé Dimitri, sur le terrain, je devais me focaliser sur la victoire, mais maintenant que j’étais au calme, je pouvais réfléchir sur toutes les informations qu’ils m’avaient dévoilées. Par exemple, Nassim m’avait appris que c’était une femme qui les avait missionnés, et que d’après Mike, elle était très puissante. En tout cas assez pour qu’il pense que je me sois mise dans une très mauvaise situation.
   J’ai posé ma main à la base de mon cou. Sous ma paume, j’ai senti mon pendentif faire barrière à ma cicatrice. Mille sentiments m’ont traversé et j’ai retiré ma main, presque par peur de me brûler. Je me suis levée. Il y avait de grandes chances que mon agresseur d’hier soir soit la même personne que celle qui avait demandé aux frères Campbell de m’arrêter. Mais ils avaient échoué, et tout me laissait croire qu’elle n’en avait pas fini avec moi. Non, mes problèmes ne faisaient que commencer.  
   J’ai glissé dans ma poche le sablier, ainsi qu’une dose d’algue semblable à celle que Dimitri m’avait donnée. Elle avait été laissée à mon intention sur le bureau de ma loge mais je préférais la conserver pour quand j’en aurais la réelle nécessité. J’ai collé mon oreille contre la porte et ne percevant aucun son, je l’ai entrouverte. Personne. Profitant de la voie libre, je me suis glissée dans l’entrebâillement. Je n’étais pas vraiment d’humeur. J’ai évité de traîner plus que nécessaire et me suis engouffrée dans un couloir désert. Après de nombreux virages, je suis arrivée dans une pièce où j’étais sûre de ne croiser personne. J’ai pu me détendre, étirer mes muscles et réveiller mon corps, en vue de la finale qui allait se dérouler.
   Pour patienter jusqu’à ce grand moment, j’avais trouvé une salle rectangulaire au fond d’une impasse. De grandes fenêtres sur la droite laissaient entrer une lumière claire et donnaient une allure château renaissance au moment. Description. Au premier abord, rien d’inhabituel, pourtant la pièce dégageait quelque chose de… hors du temps. Je me suis approchée du mur du fond couvert de rideaux cramoisis qui allaient jusqu’au sol. Mes mains se sont levées vers eux pour les effleurer, puis pour les tirer d’un coup sec. Un nuage de poussière m’a fait reculer en toussotant, avant de dévoiler de somptueux tableaux.
   Ils semblaient appartenir à différents mouvements artistiques, du classicisme à l’impressionnisme, et avaient un aspect ancien, bien qu’ils étaient parfaitement conservés. Cinq peintures étaient accrochées et paraissaient suivre un ordre chronologique. Plusieurs époques y étaient représentées.
   La première commençait à l'antiquité, au pied de ce qui semblait être le Parthénon. Celui-ci n’était pas encore vieux de deux mille cinq cents ans, et était encore plus impressionnant que de nos jours. Les pillards, les guerres et l’usure du temps n’avaient pas encore endommagé ce magnifique édifice. Immense, ce trésor de construction se dressait avec ses quatorze mètres de hauteur en perspective cavalière qui nous permettait d’admirer ces colonnes doriques qui soutenaient avec force la partie extérieure du temple d’Athéna sur ses soixante dix mètres de long et trente de large. Sur le fronton et les métopes, les décors sculptés avec précision représentant les mythes d’Athéna étaient peints avec des couleurs vives, telles que du rouge, du bleu ou du doré. . Ce qui était étonnant dans cette peinture était son état de conservation. D’après ce que j’avais étudié en cours, il ne restait que très peu de peinture de la Grèce Antique, car les couleurs avaient très mal supporté les siècles, pourtant celle-ci semblait en parfait état.
   Le second tableau faisait un bon de mille cinq cents ans dans le temps et nous amenait dans le calme de la campagne, dans un petit champ de crocus. Le paysage était vallonné avec les couleurs claires du matin et un peu partout, des paysans du Moyen-Âge s’affairaient à leur travail. Un château médiéval au pont-levis abaissé se détachait à l’arrière-plan. Comme toutes les citadelles de cette époque, celle-ci était majoritaire grise avec un toit aux reflets bleuté. Imposant par ses murs épais, ses meurtrières protégés et ses douves infranchissables, cet édifice fortifié paraissait imprenable.
   Pour la quatrième toile on changeait complètement d’environnement pour se plonger dans une ville en plein essor du dix-huitième siècle. Un marché jovial et animé avait lieu sur une place aux pavés en pierre naturelle encadrée d’immeubles de trois étages aux façades en plâtre. Parmi la foule, chacun essayait de marchander les meilleurs prix avec les commerçants venus vendre toutes sortes de produits aux teintes vives et à l’aspect goûtu, exposés sur leurs étales. 
   Le dernier tableau était d’un tout autre registre. On était de retour à la campagne mais cette fois, celle-ci était en proie aux flammes. La terre noire et retournée était mélangée aux cendres, le ciel gris teinté de rouge annonçant l’arrivée d’une tempête. Deux armées couraient l’une vers l’autre, penché en avant ; emportée par leur élan, rien ne pouvait les arrêter jusqu’au point de contact mortel. Menaçante, aucune n’avait d’armes, mais je savais qu’elles étaient bien plus puissantes et dangereuses que n’importe quel bataillon. Ces mages, Protecteurs comme Réverseurs,…. Leurs visages étaient flous mais on y reconnaissait facilement les expressions de douleur, de fatigue et de détermination des guerrières de la seconde guerre mondiale.
   La troisième toile était différente. Touchant presque le sol et le plafond, elle était plus grande, et encore plus belle que les autres. Sur la droite un ciel clair de jour avec de doux rayons de soleil, sur la gauche un ciel nocturne obscur avec un croissant de lune et quelques étoiles d’allumer. Les couleurs venaient s’unir au centre, au niveau d’une femme. Habillée d’une robe longue et ample, avec un corset et des cuissardes qui lui donnaient un petit côté pirate, elle lévitait les bras ouverts, le visage tourné vers le haut. Les yeux fermés, elle semblait accueillir un rayon de lumière divin sur sa peau délicate, un sourire serein aux lèvres. Ses cheveux noirs ondulés retombaient par-dessus ses épaules et flottaient légèrement, porté par une brise. + Au-dessus d’elle, une pierre à l’aspect d’un diamant translucide était élevée et paraissait lui partager sa puissance.
   Même si rien n’était annoté, j’avais parfaitement reconnu le mythe de Kira. Celui-ci différait d’une version à une autre, mais il racontait globalement la même histoire. Celle d’une mage, née de l’Ikanos, et seule être à avoir possédé les trois pierres en même temps, depuis leur origine. Ses pouvoirs jusque-là inégalés lui aurait permis de marquer l’histoire à de nombreuses reprises. Sa dernière apparition aurait été sur les champs de bataille de la France en 1945 au côté des Protecteurs, avant de disparaître avec la pierre du temps. Certains mages y croient, d’autres non. Personnellement, j’estimais ne pas avoir assez d’informations pour m’exprimer sur la question, et puis ce n’était pas mon plus grand souci.
   En revanche, ce qui était assez dérangeant, c’était cette présence. Même à travers une toile, je la percevais puissante et imposante. Surtout qu’on la retrouvait à chaque époque avec le fragment de l’Ikanos et les paupières toujours baissées. D’abord au Parthénon où elle posait au pied de ce monument qui traversera les siècles, légèrement tourné vers la droite. Elle était vêtue d’une légère robe blanche grecque et son cou était paré la pierre du temps. Celle-ci se retrouvait sous forme de bague dans le second tableau, toujours portée par Kira. Cette fois, elle était accroupie et travaillait dans son champ de fleur violette, absorbée par sa tâche. Dans la peinture de la ville, elle semblait choisir avec soin les pommes d’un marchand avant de les placer dans un panier qu’elle portait à son bras, indifférente à toute l’activité qui l’entourait. Ses cheveux étaient coiffés par une broche aux bordures dorées, abritant la pierre. Elle se retrouvait à la ceinture de Kira pour la dernière image. En tenu militaire, cette magicienne de légende se tenait droite comme un i parmi ses troupes, le bras tendu vers l’ennemi prête à attaquer. En deux mille cinq cents ans, elle ne semblait pas avoir pris une ride, pourtant durant cette terrible scène, son visage laissait transparaitre toute sa fatigue et son désarroi pour une guerre qui divisait un même peuple.
   J’ai serré le rideau dans ma main avec de le replacer par-dessus les œuvres. Toutes ces peintures et histoires me mettaient mal à l’aise, comme si elles étaient censées m’évoquer quelque chose, or pour le moment, la seule chose sur laquelle je devais me concentrer, c’était la finale.
   J'ai quitté la pièce d'un pas rapide pour me diriger vers l'entrée du stade. Celle-ci n'était pas difficile à trouver, il suffisait de suivre la rumeur des gradins qui s'agitaient de plus en plus, signe que ça allait commencer. Je suis arrivée sans souci jusqu’au hall où les finalistes étaient réunis, chacun entouré d'amis ou de famille à eux. Je semblais être la dernière à arriver. J'ai repéré Derek qui était accompagné par nos amis. Heureusement, Cheyenne n'était pas là, ce qui m'a permis de me détendre. En m'approchant, j'ai pu distinguer que Kevin portait un t-shirt floqué d'une photo de Derek prise durant l'épreuve de natation, entouré d'un cœur à paillette.
-Où est-ce que t'as encore dégoté ce machin ?
   Kevin, fier de sa trouvaille qui lui permettait de ridiculiser Derek, souriait de toutes ses dents.
-Il y a des tas de stands de goodies dehors ! Des vêtements, des tasses, des pins… Tout plein de choses à l'effigie de chaque finaliste ! Il y en avait aussi de toi !
-Merci mais je ne préfère pas savoir…
-T'es sûre ? Je voulais retourner prendre une casquette avec…
-Non, je t'assure, c'est vraiment pas la peine.
-Je vois, tu voulais le même t-shirt que moi ! Ils l'avaient en format oreiller !
   L’idée que des personnes puissent acheter ça sérieusement m'a collé un frisson.
-Non plus !
   Sous son regard malicieux, j’ai cru bon d’en rajouter une couche.
-Sans vouloir vexer qui que ce soit, c'est un coup à te faire des cauchemars !
-Je suis tout à fait d'accord ! a confirmé Derek, rouge jusqu’aux oreilles.
-Votre attention s’il vous plaît ! est intervenu un gérant. Tous les joueurs sont appelés à l’entrée du stade. Les accompagnateurs doivent rester ici.
   Sur ce, il a ouvert une double porte, nous attendant de l’autre côté.
-Bon, pas besoin de vous le dire mais bonne chance ! nous a souhaité Sélianne.
   Même si j’avais essayé de le cacher aux autres et à moi, j’étais aussi tendue qu’un fil au bord de la rupture. Mais comme à chaque fois, rien n’échappait à Athalé. Pendant que Kevin donnait une petite tape dans l’épaule de son idole, elle m’a attrapé les mains en me diffusant une vague d’apaisement.
-Tout va bien se passer. Tu vas y arriver, je n’ai pas l’ombre d’un doute.
   Je lui ai souri puis j’ai suivi Derek dans la pièce d’à côté, un peu plus sereine. Une fois que nos onze concurrents nous avaient rejoint, le gérant a fermé la porte à clé puis a traversé le couloir.
-Vous allez être appelés par votre numéro de participant. Sur le terrain, avancé jusqu’au centre et mettez-vous devant le cercle qui vous est attribué.
   Sur ce, il a disparu sans donner plus de précision. Dans un silence lourd, nous avons avancé groupé jusqu’à ce que le couloir s’ouvre sur la lumière du stade, signe qu’on était au bout, à quelques pas du grand plongeon. Cette entrée ressemblait à la première qu'on avait empreinté par pays au tout début mais cette fois, le son des spectateurs nous parvenait étouffé, nous plongeant dans une atmosphère presque lugubre. Une télévision était accrochée au mur et nous diffusait l’arrivée des Anciens à leur balcon. Je me suis assise contre un mur en fermant les yeux, le temps qu’ils terminent leur dernier discours.
-Numéro vingt huit, Mahaleo Fitia !
   Je me suis redressée. À l’écran, le métamorphe de l’épreuve par équipe s’avançait avec un air confiant jusqu’à un emplacement portant son numéro. L’image a changé pour nous montrer en flash back ses meilleures actions depuis le début de la compétion. Par-dessus des démonstrations de ses combats provenant des différentes  épreuves, il y avait un extrait de l’interview qui avait dû faire en même temps que moi. Il y évoquait sa famille et ses amis, comment il avait vécu ces jeux, ce qu’il espérait pour cette finale… J’ai poussé un soupir.
-Qu’est-ce qu’il y a ? m’a demandé Derek, assis à mes côtés.
-J’aurais dû fuir les journalistes !
   Derek a lâché un rire qui a attiré l’attention des autres joueurs.
-Pardon, mais tu es capable d'invoquer un torrent de flamme, et tu as peur des quelques micros ?
   Je lui ai donné un coup de coude avant de reporter mon attention sur l’écran.
-Numéro quarante quatre, Charlie Anderson !
   L’intéressée à suivis le même chemin que Mahaleo, un sourire fourbe au visage. Puis ça a été le tour d’un autre joueur, puis d’encore un autre. Je fixais l’écran, à m’en brûler la rétine. À chaque fois, on avait un résumé sur nos concurrents nous permettant d’établir des stratégies, de chercher des points faibles… Mais ce n’était pas ça qui m’intéressait. Un a un, j’observais chaque mage avancer, notant sa démarche, ses tics, détaillant chaque parti de son visage, analysant sa voix, chacun de ses mots. Rien. Rien, non rien ne me revenait, pas même une vague impression. Une bouffée d’angoisse m’a prise à la gorge. Je n’avais aucun moyen d’identifier qui m’avait agressé, rien qui me permette de trouver celui qui détenait Nelly. Sous mon collier, la peau de ma poitrine brûlait. J’ai serré les dents, me retenant de séparer les deux. Derek a posé sa main sur la mienne.
-J’y vais. On se retrouve là-bas.
   J’ai fait oui de la tête puis il s’est levé. Il m’a lancé un sourire avant d’être englouti par la lumière. J’étais seule, dernière candidate, dernier numéro. Jusqu’à maintenant, j’avais eu beaucoup de chance, me qualifiant à la dernière seconde ou étant aidé par plusieurs personnes. Cette fois, je n’allais devoir compter que sur moi-même, face aux mages les plus puissants.
   J’ai posé ma tête contre le mur en levant les yeux vers la télévision. Derek y faisait une entrée sobre mais je pouvais le sentir d’ici, puissant. Moi qui le côtoyais tous les jours, j’étais encore quelques fois troublée par sa présence imposante, alors pour ceux qui l’apercevaient pour la première fois, ils ne pouvaient qu’être impressionnés. Justement à l’écran, une horde de jeunes fans déchaînées hurlaient son nom à pleins poumons, son numéro écrit sur le front. J’avais toujours trouvé ces groupies ridicules mais cette situation dépassait tous les records. Elles n’avaient pas autre à faire au lieu de se pavaner en braillant pour essayer d’attirer ne serait-ce qu’un regard de Derek ? Mon cœur s’est serré et j’ai compris que ça ne servait à rien de bouder comme un petit enfant jaloux de l’intention des autres.
   Derek venait d’arriver à sa place. Je me suis claquée les cuisses pour me donner du courage et me suis avancée jusqu’à frontière entre l’ombre et la lumière. Au loin, j’ai entendu mon nom ainsi que mon numéro être appelé, alors j’ai franchis la limite. Dès que mon pied s’est posé parmi la clarté, le vacarme de la foule m’a envahi et je me suis forcée à ne pas m’arrêter. Comme lors de ma première entrée, j’ai été ébloui par la luminosité soudaine. Sauf qu’à la différence de l’autre fois, les acclamations qui augmentaient à mesure que je m’approchais m’étaient entièrement réservées. Alors que je clignais des yeux pour m’accoutumer aux rayons du soleil, je commençais à distinguer au bord du terrain tout un spectacle de flamme, d’eau, de vent et de terre. Le public tapait des pieds, ce qui me faisait penser au grondement d’un volcan avant une éruption, et recouvrait ainsi mon interview qui était devenu qu’un léger bruit de fond. T’en mieux, ai-je juste pensé. Cependant mon visage et des extraits de mes épreuves étaient toujours projetés en grand au-dessus de moi. J’ai décidé de m’ignorer et de fixer mon regard devant moi. Celui-ci est tombé sur Maël et ses clones. Quelle chance, ai-je ironisé intérieurement. Cependant avec ses doublures, celui-ci n’avait pas eu une mauvaise idée.
   Tout en avançant, j’ai levé mes mains et à chacun de mes pas, les fleurs aux teintes vives les plus propices à la pousse sont sorties de terre. J’ai ensuite convié le vent à cueillir leurs pétales et à les porter vers le ciel. Là-haut, certains se sont enflammés dans des éclats colorés et les autres étaient portés jusqu’aux spectateurs ravis. Pendant que je paradais, je me suis rappelée qu’avant la première épreuve, j’hésitais entre la stratégie « rester discrète pour ne pas se faire remarquer » et celle « impressionner pour intimider ». Au final, j’avais abandonné toutes mes manigances, me laissant guider par mon instinct, ce que je continuais à faire. Mes mains s’agissaient comme un chef d’orchestre, appelant mon serpent d’eau. Celui-ci m’a tourné autour, avant de prendre de la vitesse et de s’élancer vers les cieux. Une fois arrivée au-dessus du stade, il a implosé, libérant une brume si légère qu’elle en était imperceptible. Cependant, quelque soit la direction on l’on regardait, un arc-en-ciel nous traversait les yeux.
   Quand j’ai dépassé Maël, celui-ci a murmuré :
-Crâneuse…
   Ça m’a fait sourire. De sa part, je le prenais comme un compliment. Plus sérieusement, j’étais heureuse de pouvoir à offrir une démonstration qui, en plus de me coûter que très peu d’énergie, pouvait émerveiller les gens.
-On dirait que tu as fait sensation, m’a dit Derek quand je me suis placée à sa droite, fermant le cercle.
-Pas plus que quelqu’un d’autre, ai-je rétorqué en haussant les épaules.
-Oh je n’en suis pas si sûr.
   J’ai froncé les sourcils. Certes, je n’avais pas pu me rendre compte de la réelle ambiance du stade à l’arrivée des autres joueurs, mais je ne pouvais pas croire que la mienne était plus attendu. Je ne voulais pas être une célébrité, non. Il est vrai qu’habituellement, les finalistes devenaient des stars, des égéries, des porte-paroles… Mais moi, tout ce que je souhaitais, c’était sauver Nelly et reprendre ma petite vie tranquille.
   Une corne de brume a retenti dans tout le stade, imposant le silence. Bon, c’est maintenant ou jamais. Un pied après l’autre, je suis rentrée dans mon cercle. En relevant la tête, j’ai vu que mes concurrents avaient fait de même. Derek, Dimitri, Maël, Aisha, le métamorphe, la coureuse de la première épreuve, le voleur de totem et cinq autres joueurs aux pouvoirs qui m’étaient inconnus. Les regards se sont échangés, puis une bulle est sortie de chacun de nos emplacements, nous englobant lentement. Une fois la houle de la foule étouffée, je n’entendais plus que ma respiration s’accélérer et se répercuter contre les parois pour me revenir. J’ai placé ma main contre l’une d’elle. Légèrement voilée, elle était étrangement chaude, comme un cocon. J’ai lancé un dernier regard à Derek avant le sol ne s’ouvre, nous plongeant en chute libre.









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                                               Note de l'auteure

Bonjour chers lecteur/lectrice ! Je sais que j'ai mis beaucoup de temps à sortir quelques chapitres de plus, et j'en suis vraiment désolée. Surtout que dès ce lundi, je rentre en prépa BCPST, ce qui signifie que j'aurai encore moins (voir plus du tout) de temps. Mais je tenais à vous remercier du plus profond du cœur pour les avis que vous partagez. En postant ce livre, je ne m'attendais à rien, mais quand j'ai reçu les premiers commentaires, ça m'a beaucoup ému parce que je n'avais même pas imaginé que des personnes pourraient autant apprécier mon histoire. Je sais qu'elle n'est pas parfaite, qu'il doit y avoir des fautes et que la suite ne va malheureusement pas sortir tout de suite (et je m'en excuse encore mille fois), mais merci, merci infiniment pour les petits messages ou juste pour avoir pris le temps de lire ce que j'ai écrit 🙏
À bientôt ♥️

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 03, 2023 ⏰

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Naléiss FreedsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant