Chapitre 29

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   Je suis redescendue par l’échelle. Il n’y avait toujours personne dans les parages. J’ai facilement trouvé la trappe. Elle était ronde, en verre, à gauche de la tour de garde. En m’approchant, elle s’est automatiquement soulevée.

   Mes pieds se sont posés directement sur une plate-forme, mais contrairement à celles de l’extérieur, elle se déplaçait, comme un ascenseur. J’ai bipé la carte magnétique de ma chambre, et elle s'est rendue à l’étage de celle-ci. Pendant que je descendais les niveaux de la Tour à une vitesse qui retournait l’estomac, j'ai regardé autour de moi. L’espace central était vide, hormis des plates-forme-ascenseur et quelques personnes volant par-ci par-là. Le plafond était principalement en verre, ce qui permettait d’éclairer les derniers étages. La lumière ne parvenant pas jusqu’en bas, des bulles flottantes brillaient à divers endroits. Une barrière blanche en métal séparait le vide du sol. Dix chambres par étages étaient alignées en cercle. Arrivée devant la chambre 238A, je me suis accrochée à la rambarde pour faire redescendre le sandwich de ce midi. Des escaliers que personne n’utilisait se trouvaient entre ma chambre et la 238J.

   J'ai déverrouillé ma porte et m’y suis engouffrée. Soudain, l’obscurité m’a happé. Ma vue est devenue noire instantanément. Tout a tangué pire que dans un bateau en pleine tempête. Je me suis raccrochée à la première chose que j'ai trouvé mais je l’ai emporté dans ma chute. Je ne savais plus où était le haut du bas. La droite de la gauche. Je me suis adossée à ce qui devait être un mur, et j’ai tenté de calmer mon cœur qui s’était emballé avec des respirations paniquées. Des picotements de plus en plus intenses m’ont traversé la peau. J'ai senti ma tête pendre en se balançant. J’avais la langue pâteuse. Mes oreilles bourdonnaient, or j’entendais parfaitement le rire de Sans-visage. Je me les ai bouchées, mais ça n’a rien changé : la voix était dans ma tête, et je ne pouvais pas la faire sortir. Elle prenait toute la place, m’éjectant de moi. J’ai voulu crier, aucun son ne sortait de ma gorge. Tous mes sens étaient affectés.

   J'ai perçu une main m’effleurer l’épaule. J'ai sursauté et j’ai essayé de m’éloigner en rampant piteusement. Cette fois, deux personnes m'ont prises ferment par les bras et m'ont soulevé du sol. J’avais beau me débattre, je ne faisais pas le poids. On m’a posé sur ce que je devinais être un lit, avant d’appuyer une main contre mon front. J’ai senti une décharge, puis plus rien. Ou plutôt encore moins qu’avant. Je m’étais écroulée mais j’étais toujours consciente.

   Petit à petit, j’ai retrouvé la vue en même temps que les autres sens. J'ai été soulagée de voir Athalé et Sélianne me regarder, inquiètes.

-Tu nous as fait quoi là ? On était dans la chambre d’Athalé quand on a entendu un énorme bruit. On est venu voir et on a trouvé ta porte ouverte, avec toi affalée par terre, complètement paniquée.

   Elle a désigné le chaos qui se trouvait dans ma chambre : une étagère était couchée au sol, avec pleins de petites babioles tout autour. Certaines étaient cassées.

-J’en ai aucune idée… ai-je murmuré d’une voix faible en essuyant les larmes qui avaient coulé.

-Moi je sais, a dit Athalé d’une voix blanche.

   Elle s’est assise près de moi et a soulevé ma frange. Aussitôt, Sélianne a blêmi.

-Qu’est-ce qu’il y a ?

-Regarde.

   J’ai attrapé le miroir de poche qu’elle m’a tendu et failli le lâcher. Les initiales SV y étaient comme gravées au fer. Je me suis mise à trembler de nouveau, même quand Athalé m’a prise dans ses bras.

-Qu’est-ce qu’il m’a fait ? ai-je demandé après un moment.

-Il t’a implanté sa marque. Ces fidèles ont la même.

Naléiss FreedsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant