Chapitre 19

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   Avec quatre autres classes, dont celle de Kevin, Derek et Athalé, nous sommes partis un samedi matin en bus, en route vers la montagne. Le fait que je parte avec tous mes amis en voyage scolaire n’était sûrement pas le fruit du hasard : Athalé avait certainement dû « convaincre » le proviseur de choisir nos classes. Pendant la première partie du trajet, je me suis retrouvée à côté d’une fille de ma classe qui s’appelait Fumiko. Elle m’a regardé un bon moment en souriant, sans que je ne comprenne pourquoi.

-Heu… Ça va ?

-Je parie que tu peux trouver qui je suis ! m’a-t-elle dit d'un ton enjoué.

   Je l’ai regardé, sans comprendre, puis j’ai eu un flash : même cheveux châtains, même yeux marrons, même sourire espiègle…

-T’es la jumelle de Kévin !

-Bingo ! a-t-elle dit en riant.

   On a discuté pendant tout le trajet. Elle m’a appris qu’elle était tombée gravement malade en troisième, ce qui l’a fait redoubler. Son frère avait tellement passé de temps à ses côtés à l’hôpital, qu’il avait aussi redoublé.

-C’est ma faute… Il n’aurait pas dû se préoccuper autant de moi…

   Je l’ai rassuré en disant que c’était faux. Malgré cet épisode douloureux, elle débordait de joie de vivre, exactement comme son frère. Quelle force, me suis-je dis, impressionnée. Je m’en suis voulue de ne pas l’avoir connu plus tôt… Elle était si gentille… Même si je m’étais un peu ouverte aux autres, les seules personnes dont je connaissais plus que leur prénom, et inversement, c’était Derek, Kevin, Athalé et Sélianne. C’est dommage, je passe peut-être à côté de gens super… J’aurais peut-être l’occasion de la connaître un peu plus pendant ces vacances ! ai-je pensé. Mais après une seconde, je me suis rappelée que ça n’allais pas tellement être possible et la coïncidence de cette situation m’a fait presque rire.

   Après cinq heures de trajet, nous sommes arrivés devant un grand chalet. Nous avons attrapé nos bagages, et avec Sélianne et Athalé, nous avons choisi une chambre au premier étage, celui des filles (les garçons se trouvaient au deuxième). Pendant le reste de la journée, nous avons loué notre matériel de ski et nous nous sommes baladés avec nos classes respectives dans la station. Bien évidemment, une bataille de boule de neige générale a éclaté, malgré les protestations des professeurs qui nous accompagnait. Nous sommes tous rentrés au chalet, trempés jusqu’aux os, mais avec sourire d’enfant aux lèvres.

                                                            *

                                                        *      *

   Le lendemain, on s’est levé à huit heures, pour être sur les pistes à neuf. Les élèves étaient divisés dans trois grands groupes : les débutants, les moyens et les confirmés. En allant au sport d’hiver tous les deux ans, je me suis retrouvée dans le troisième  groupe, avec Derek. Kevin et Sélianne étaient moins doués. Athalé, qui n’avait jamais eu la chance d’aller à la montagne, a découvert les joies de la glisse dans le premier groupe. De mon côté, je me suis bien amusée. Même si l’on devait suivre notre moniteur, on avait beaucoup d’autonomie. Je fendais la neige comme un bateau au milieu d’une mer d’écume, creusant des sillages dans la poudreuse. Plusieurs fois avec Derek, nous avons dévalé une piste à toute vitesse, les yeux humide à cause du vent, pour nous faire réprimander en bas. C’était dur de suivre son rythme avec son talent inné pour les sports. Il n’avait nullement besoin d’utiliser ses pouvoirs pour être le meilleur de la classe. 
   Bref… Je skiais à fond en profitant de ce court moment de liberté. Demain sera un autre jour. Demain, je partirai en direction du Rassemblement.

Naléiss FreedsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant