Chapitre 8

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   La sonnerie a retenti. Nous n’étions que jeudi (donc nous avions commencé les cours depuis seulement quatre jours) pourtant je me déjà sentais complètement habituée. J'ai ramassé mes affaires et je suis sortie de la classe de SVT. Cette fois, Sélianne ne m’a pas suivi mais elle a gardé un sourire satisfait au coin des lèvres. Si j’étais son amie, je me serais dit qu’elle préparait quelque chose… Mais je ne l'étais pas.

   C’est en arrivant au niveau du portail que je compris… Derek y était adosser et semblait attendre. J'ai essayé de passer rapidement en regardant mes pieds, mais ça été un échec… Il m’a appelé. Je l’ai ignoré et j’ai accéléré le pas. Malgré tout, il m’a rattrapé en quelques foulées.

-Tu n’as pas mangé à la cantine ce midi.

   C’était plus une constatation qu’une question mais j’ai quand même répondu un simple « Non ».

-Je peux savoir pourquoi ?

   Il ne m’a pas demandé ça sur le ton d’un adulte en colère. Au contraire… Il paraissait inquiet. Mais même si ça me faisait mal au cœur de lui parler comme ainsi, je ne devais pas céder, alors j’ai juste répété :

-Non.

-Comme tu voudras… a-t-il dit sans pourtant avoir l’air renfrogner.

   Contrairement à Sélianne, il ne parlait continuellement. Il disait des choses simples mais importantes et lorsqu’il se taisait, il semblait respecter le silence… Celui de nos pas, des oiseaux, du vent, mais surtout de nos pensées.

   J’avançais les mains crispées dans mes poches, l’ignorant de mon mieux. Au bout de dix longues minutes passer à regarder mes pieds, nous sommes arrivés devant notre immeuble. Mais alors que je lui tenais la porte pour qu’il puisse rentrer à son tour dans le bâtiment, il m’a attrapé doucement l’épaule, ce qui m’a pourtant fait sursauter.

-J’ai quelque chose à te montrer, a-t-il dit avec un grand sourire.

   Prise de panique, j'ai répondu précipitamment la première excuse qui m’est venu en tête :

-Je peux pas, j’ai des devoirs.

-Sélianne m’a pourtant dis que non.

   Elle va m’entendre celle-là !

-Allez viens ! Je suis certain que tu vas adorer  ! s’est-t-il exclamé en me tirant par la main.

   Il m’a entraîné ainsi jusqu’à un arrêt de bus se situant deux rues plus loin. La sensation de sa main autour de la mienne me paraissait étrange, mais quand nous sommes arrivés, je me suis réveillée et je l'ai retiré, gêné d’entre ses doigts. Le temps que nous nous asseyons, le bus est arrivé.

   En entrant, j’ai vu que toutes les places étaient prises. Ce n’est qu’à ce moment que je me suis rendu compte de ma bêtise : je m’apprêtais à suivre un garçon inconnu vers une destination inconnue. Peut-être était-ce un piège, et qu’une fois arrivé, il essaierait me voler, me frapper, ou même pire… Je me suis retournée vers les portes du bus : elles étaient encore ouvertes. Il suffisait que je sorte, puis il me faudrait courir très vite. Et s’il essayait de me rattraper, je n’aurai qu’à crier : il y avait beaucoup de monde ici, alors que si je le suivais, il n’y aura peut-être personne pour m’aider… Mais alors que je m’apprêtais à sortir, il s’est tourné vers moi avec un ticket de bus.

-Tiens.

   Il y avait dans sa voix quelque chose, un je-ne-sais-quoi qui me faisait céder, et abaisser mes barrières. Je suis restée statique, hésitant entre sa main tendue et la sortie jusqu’à ce que les portes se referment. Résignée, j'ai soupiré en attrapant le ticket.

Naléiss FreedsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant