À peine éloignée, le silence m’a enveloppé doucement. J’avançais sans vraiment savoir où j’allais. Il n’était pas question pour moi de courir, il fallait que j’économise mes forces. Je progressais donc lentement, la main gauche longeant le vitrage froid pour toujours prendre cette direction dans les croisements et ainsi d’éviter de trop me perdre.
J’ai marché sans réfléchir sur une distance que je n’arrivais pas à estimer avant de ralentir encore un peu, alertée par des voix. Je m’en suis approchée en veillant à ne jamais me montrer. J’ai fini par me retrouver séparé d’elles par un miroir. Après une inspiration, j’ai jeté un coup d’œil derrière le vitrage, juste pour savoir à quoi m’attendre. Il y avait un groupe de trois, deux filles et un garçon réuni dans une salle circulaire avec au centre une base semblable à celle qui m’avait amené au cinquième étage. L’une des filles tournait en rond, l’air à bout de nerf, tandis que les deux autres étaient assis et jouaient à pierre-feuille-ciseau. Celle debout voulait partir à l’assaut de n’importe qui et essayait de convaincre ses camarades. Le garçon refusait, prétextent qu’ils allaient avoir des problèmes et qu’il valait mieux attendre que les choses se passent. Je suis repartie sans un bruit. Ils ne paraissaient pas avoir de jetons, et même si c’était le cas, attaquer seule contre trois sans aucunes informations serait du suicide. Ce n’était pas eux mes cibles.
Je repris mon chemin jusqu’à retrouver le silence, puis je me suis arrêtée. Ça ne rimait à rien d’avancer comme je le faisais, au hasard, seule et fatiguée. Dans mon état, il y avait de grandes chances que les frères de Mike ne fassent qu’une bouchée de moi. Je me suis donc trouvée une allée sans issue et me suis assise en tailleur au bout, face au seul réel passage parmi les miroirs et les vitres. Tout le blanc qui m’entourait commençait vraiment à me faire mal aux yeux alors je les ai fermés.
Tout en me concentrant sur mon environnement extérieur, j’ai porté mon attention sur les ondes d’énergie qui m’entouraient. Et vu que ce lieu était créé de toute pièce par la magie, elles n’en manquaient pas. Comme Athalé me l’avait appris, je les ai attirées vers moi et les ai abordés. Petit à petit, je me suis sentie plus légère.
J’ai perçu des échos lointains de pas qui m’ont instantanément ramené à la réalité, puis des paroles étouffées par l’épaisseur d’un vitrage. Deux personnes semblaient approchées sur ma gauche. Ils avaient l’air en désaccord et se disputaient sur la direction à prendre. Je me suis lentement accroupie et sans faire de bruit, je me suis placée face à la vitre d’où je les entendais arriver. Quelques secondes plus tard, ils sont apparus devant moi, l’un derrière l’autre. C’était bien les frères de Mike, et d’après leurs maillots, ils s’appelaient Erwan et Nassim. Ils ont presque eu l’air surpris de me voir mais ils ont vite repris leur sérieux et leur petit sourire supérieur.
-Comme on se retrouve, princesse, a sifflé le premier.
Calmes-toi, ai-je essayé de me rassurer. Ils ne paraissaient pas avoir remarqué la vitre et il fallait que ça continue ainsi. Je ne devais pas émettre le moindre son qui leur ferait découvrir le mur de verre qui nous séparait. Ils ne peuvent rien faire. Je devais garder mon sang-froid et jouer la petite fille en détresse.
-Bon Erwan, t’attends quoi ? a pressé le frère de derrière en sortant quelque chose de sa poche. On n’a pas que ça à faire.
Ce dernier a soupiré pendant que l’autre mettait sur son nez des lunettes ressemblant à celles de Men In Black.
-Y a pas moyen de s’amuser un peu…
Il a porté ses mains à son visage et a posé deux doigts sur ses paupières. Je n’ai pas vu la suite. J’ai fermé très fort les yeux et me suis forcée à détourner la tête de la direction de mes adversaires. Mon rythme cardiaque est monté en flèche alors que je visualisais Maël pétrifié par terre. Comment n’y avais-je pas pensé plus tôt !? J’ai entendu mes adversaires pesté puis ça a été un boucan sans nom. Parmi toute l’agitation, je parvenais à reconnaître des bruits de combats, de corps qui s’écroulent, des coups de feu, mais aussi des moteurs, des cascades, le hurlement du vent, mais par-dessus tout, des hurlements. J’ai plaqué mes mains sur mes oreilles pour réduire le bourdonnement qui me remplissait maintenant le crâne et ne pas être tenté de voir se qu’il se passait juste devant moi. Ils ne peuvent rien faire ! me suis-je répétée. Je n’avais aucun moyen de savoir combien de temps je suis restée comme ça, à attendre. J’ai essayé de me concentrer sur mes battements de cœur mais ils étaient trop rapides.
Au bout d’un long moment, ils ont ralenti et je me suis risquée à me déboucher timidement les oreilles. Rien. Plus un bruit, plus un mouvement. J’ai baissé les bras avant de les remonter, prête à me reboucher les oreilles en percevant des gémissements.
-Naléiss, comment on se retrouve ?
Mon sang n’a fait qu’un tour en reconnaissant la voix de Mike. Qu’est-ce qu’il faisait là ? Où était Dimitri ? Ma panique a augmenté d’autant plus que j’ai reconnu les plaintes comme étant celles de Aysha.
-Tu rates quelque chose, le spectacle en vaut la chandelle.
Lentement, j’ai entrouvert les yeux. J’ai d’abord reconnu les baskets de ma coéquipière, puis en remontant le regard, sa fine silhouette, sa peau pâle, ses longs cheveux bruns. Mais ses yeux… se n’étaient pas les siens. Normalement marron, ici ses iris paraissaient transparents, presque blanc. Un sourire dangereux s’est dessiné sur son visage et m’a achevé de me convaincre que ce n’était pas elle.
Au même moment, une douleur m’a transpercé la poitrine, compressant mon cœur et m’empêchant de respirer. Je me suis écoulée en m’enfonçant mes ongles au niveau de ma cage thoracique, comme si cela pouvait soulager quelque chose. J’ai essayé de prendre des inspirations, mais l’oxygène refusait de pénétrer mon corps. Mon diaphragme enchaînait les contraction et décontraction. J’étouffais.
En face de moi, l’image d’Aysha ensanglantée et menacée par le couteau de Mike s’est évaporée en un nuage de fumée épais pour laisser place à Erwan et Nassim dans la même position.
-Enfin…
Alors que Nassim s’étirait d’un air nonchalant, j’ai aperçu du coin de l’œil Erwan me regarder de travers.
-Il y a un problème.
Son frère l’a rejoint et ils se sont encore approchés. Un pas, deux pas, trois pas. La main devant lui, il a touché la vitre. Je commençais à voir flou, pourtant j’ai parfaitement reconnu la pulsion violente qui l’animait. Il s’est retourné d’un bloc et est reparti suivi de son frère.
J’étais de nouveau seule. Pour l’instant. Allongée en position fœtale, je continuais d’être prise de spasmes respiratoires qui me secouaient tout le corps. Mon cœur battait désormais au ralenti. Je sentais de rares fois un pulsement, mais si faible que j’ai cru qu’il allait s’arrêter. Mon corps était si lourd, si engourdi, comme si dans mes veines du plomb avait remplacé mon sang et que mes articulations s’étaient rouillées. Ma peau avait l’aspect de celle d’un cadavre tellement elle était pâle. J’avais froid. J’étais gelée, plus que les glaces qui m’entouraient.
Malgré toute la douleur et la panique, j’ai essayé de me concentrer pour trouver une solution qui me sortirait de cette impasse. Et le plus tôt sera le mieux. Je ne savais pas combien de temps il me restait avant qu’Erwan et Nassim me retrouvent, ou même que je perde connaissance. Mais je ne pouvais compter sur personne, Maël étant hors de combat, Mike un traître, Aysha sûrement pas au courant de ce qu’il se passait et Dimitri ne possédant pas la magie pour m’aider. Je devais me débrouiller seule.
Pour commencer, il fallait que je me calme. Je n’avais tellement peu de force que ce n’était pas compliqué. Je devais juste… me concentrer. Passer outre cette douleur qui m’empoignait sans me laisser un instant de répit. Avec un effort surhumain, j’ai tendu le bras devant moi pour convier toute la magie qui m’entourait. Mais malgré tout, il me fallait un minimum d’énergie pour la faire venir à moi. Avec un gémissement plaintif, j’ai puisé dans mes dernières réserves pour déclencher la réaction.
La magie m’est d’abord arrivée dans le bout de mes doigts, puis est remontée le long de mon bras en y apportant la chaleur et la vie. Poignet, coude, épaule… Je me suis sentie retrouvée une petite partie de ma mobilité mais c’était tout. Le sort d’Erwan faisait barrage et empêchait l’énergie de se répandre. Je n’avais pas le choix, il fallait que je le force. J’ai pris une nouvelle inspiration sans oxygène et j’ai vidé tout l’air qu’il me restait dans mes poumons avec un cri d’effort pour faire venir à moi toute la magie qui m’entourait. Mon bras s’est contracté sous cette puissance qui m’envahissait mais restait bloquée à mon épaule en s’y accumulant. La température y augmentait, me brûlant de l’intérieur. Une lutte avait lieu entre la pression de l’énergie et le sort qui la retenait. J’avais l’impression qu’elle me déchirait un peu plus à chaque instant. Mais je sentais le poids sur ma poitrine se fissurer lentement, avant de se briser entièrement. La lumière s’est déversée d’un coup dans tout mon corps, me libérant du maléfice d’Erwan. J’ai aspiré bruyamment mais me suis étouffée avec cette soudaine arrivée d’oxygène. Une fois la toux calmée, je me suis assise le temps de retrouver mes esprits.
Pourtant, je n’avais pas un instant à perdre. Je me suis relevée et j’ai posé mon front contre une glace le temps que mes vertiges passent. Puis je me suis approchée du couloir et après avoir vérifié qu’il n’y avait personne, je m’y suis engagée de quelques pas. J’avais un plan. Il était très loin d’être parfait mais je n’avais que ça, je devais tenter le coup. J’ai dirigé mes mains vers tous les angles du plafond qui m’entourait pour y déposer une petite trace d’aura et les ai placés sur une carte que je visualisais mentalement. Ensuite, j’ai remplacé tous les miroirs par de légères illusions de vitres. Pas besoin de trop m’appliquer pour celle-ci : elles ne servaient qu’à tromper la vue. Mais le reste allait être plus délicat. Je suis retournée à l’entrée de mon impasse où je me suis accroupie. En observant mon reflet avec attention, j’ai façonné une illusion de moi affalé contre un carreau. Une fois mon sosie réalisé, je lui ai accentué certains traits. Les cheveux en pagaille, les yeux enfoncés, un teint caverneux, une respiration entrecoupé… je devais avoir l’air dans un état pire que celui dans lequel ils m’avaient laissé. Ma tâche effectuée, je suis redressée et j’ai encore créé une illusion de vitre, mais celle-ci bloquait l’accès à l’impasse en la camouflant et me séparait de mon double. Je me suis assise adossée à un vitrage symétriquement à lui et j’ai fermé les yeux, autant pour rester attentive à ce qui m’entourait que pour me reposer. Et j’ai attendu.
Ils ont fini par arriver. Je les ai entendus de loin : ils discutaient fort sans se soucier d’être discret. J’ai levé la tête, sur le qui-vive. Ils parlaient de Dimitri. Apparemment, ils l’avaient surpris et « arrêté » mais ils ne semblaient pas lui avoir pris de jeton. Soit ils ne l’avaient pas trouvé, soit Mike avait réussi à s’échapper. J’ai serré les dents. Comme j’avais dit à Aysha de se cacher pour protéger notre dernier jeton, peu importe la situation, il n’y avait plus que moi pour agir. Les deux frères se sont arrêtés en voyant mon sosie.
-Tu vois, je t’avais bien dit que c’était à gauche, a fait Erwan.
Nassim a grogné une réponse.
-Finissons-en rapidement. Je vais la fouiller.
Un frisson m’a parcouru le dos alors qu’Erwan s’avançait. Avec un spécialiste de l’illusion, s’ils approchaient de l’autre moi, ils se rendraient de suite compte de la supercherie. Avec de rapides mouvements de main, j’ai modifié mon image. Celle-ci a fouillé dans une de ses poches pour lancer une petite rondelle en bois aux pieds de ses adversaires.
-Pitié, arrête… a-t-elle gémi.
J’ai perçu l’un d’eux se pencher pour ramasser mon faux jeton.
-Laisse-moi réfléchir deux secondes… Hum, non.
J’ai senti Erwan émettre une grande quantité de magie, signe que je devais pétrifier mon double. C’est ce que je fis.
-J’en connais une qui sera contente, a lancé Nassim après un instant.
-C’est sûr. Elle a intérêt à être incroyable sa récompense. Et si l’un de nous gagne les jeux, ce sera que du bonus.
Il m’a semblé que Nassim haussait les épaules, indifférent.
-On verra tout ça plus tard. Pour l’instant, on retourne au centre avec les trois autres bons à rien. Ils auront intérêt à s’excuser pour nous avoir manqué de respect. Comme s’ils auraient pu gérer la situation… Heureusement qu’on leur a dit de ne pas s’en mêler.
-J’espère que Mike y sera aussi, a dit Erwan en suivant son frère qui s’éloignait déjà. J’ai vraiment pas envie de le chercher partout pour récupérer le dernier jeton.
Je me suis levée silencieusement et j’ai traversé mon illusion de vitre pour me retrouver au milieu du couloir. Les yeux fermés, je me suis rapprochée d’eux à pas de loup. D’après ma carte mentale, on était presque à une intersection alors avant qu’ils ne tournent, j’ai décidé d’attraper. Comme une ombre, je me suis glissée derrière celui qui était le plus proche et lui ai asséné un coup de l’arrête de la main dans la nuque. Il s’est immédiatement écroulé, inconscient.
-Toi, a craché une voix devant moi, alerté par le bruit.
Je ne lui ai pas laissé le temps de réfléchi et j’ai sauté par-dessus le corps de ma victime. En même temps que je m’élançais en avant, j’ai illuminé la pièce avec rayon de lumière et j’ai entrouvert un œil. Malgré la clarté soudaine qui m’empêchait de voir nettement, je distinguais Nassim à moins de deux mètres devant moi qui, par un réflexe, avait fermé les yeux et tourné la tête. J’ai fait une autre enjambée mais avant que je l’atteigne, tout se qui ce trouvait autour de moi avait disparu. J’étais perdue dans un océan de vide obscur. J’ai frémi malgré moi et j’ai essayé de refouler la peur qui grandissait au creux de mon ventre. Le décor s’est mis à bouger avec des bruits sinistres, me représentant une armée de Nassim qui m’encerclait de toutes parts, menaçant.
J’ai inspiré un grand coup, avant de baisser à nouveau les paupières, m’isolant dans le noir pur de mon esprit. Je devais désormais me débrouiller avec deux sens en moins, ma vision et mon ouïe ne pouvant que me tromper, plongée au milieu d’une illusion. Un coup de pied m’est parvenu dans les côtes. Il m’a projeté contre une glace, sans pour autant me faire tomber. En réponse, je me suis enflammée pour tenir éloigné mon ennemie en plus d’activer mon Renforcement. Ne percevant pas d’autres mouvements, j’en ai profité pour dissoudre les illusions que j’avais placé afin économiser mon énergie. Je me suis également représentée ma carte mentale, à laquelle j’ai superposé les ondes magiques que je percevais. Cela me servait comme un sixième sens, encore plus précis que les autres. Je me visualisais comme plongée parmi elles, au milieu de courants marins. Il y en avait partout, sauf à trois mètres, sur ma gauche. Une silhouette se détachait, dégageant un autre type d’aura. Elle ne bougeait pas, sûrement en train de réfléchir à une stratégie. Car pour Nassim, combattre au corps à corps était impossibles au risque de se brûler gravement et les attaques à distances étaient limitées vu qu’il devait maintenir l’illusion en même temps.
Une chance pour moi que je ne devais pas laisser passer. La victoire reviendrait à celui qui attaquera le premier. Sans bouger d’un millimètre, j’ai méticuleusement ressemblé toute mon énergie au plus profond de mon corps. Encore, encore ! Cette offensive sera la dernière, je n’avais pas le droit à l’erreur. Pendant que la pression montait en moi comme dans une cocotte minute, on continuait à se faire face, immobile. Mais avant que je ne m’engage, Nassim a dégainé. Sa silhouette s’est effacée furtivement sous une grande quantité de magie qu’il a envoyé dans ma direction. Je me suis jetée sur le côté. Avec une roulade, je me suis tournée vers sa position où j’ai dirigé toute la magie accumulée sous la forme d’une bulle d’énergie. En plus de le visualiser avec les ondes d’auras, j’ai entendu Nassim être touché en plein dans le ventre et s’écrouler.
J’ai senti les illusions se dissiper. J’ai rouvert les yeux pour constater pleinement les deux corps assommés mais mes pupilles me brûlaient de nouveau, agressées par la blancheur du décor qui m’entourait. Puis les vertiges sont arrivés une nouvelle fois, m’obligeant à me laisser glisser le long d’une vitre pour m’assoir. Je suis restée plantée là, les bras ballant avec une respiration lente, à regarder sans voir mon reflet dans le miroir d’en face.
Dimitri est soudainement apparu dans mon champ de vision en faisant des gestes pour attirer mon attention. J’ai d’abord cru que je rêvais, comme je ne l’avais pas entendu arriver, puis j’ai remarqué que ses lèvres bougeaient, qu’il me parlait sans que je ne perçoive aucun son. J’ai finalement compris que j’avais les oreilles qui sifflaient tellement fort que ça recouvrait tous les autres sons.
Dimitri m’a fait le signe de plonger pour me demander si tout allait bien et j’ai doucement hoché la tête. Il a semblé embêté et s’est accroupi pour me prendre la main et me donner une partie de son énergie. J'ai d'abord refusé car je ne voulais pas que les autres joueurs qui regardaient l'épreuve pense qui j'étais faible, mais j'ai dû me rendre à l’évidence. Dans mon état actuel, j’étais incapable de faire quoi que ce soit. J'ai donc accepté le minimum de magie pour me lever. De toute façon, Dimitri en avait autant besoin que moi. Il avait, lui aussi, l’air épuisé et avait le teint gris, signe qu'il avait bien été pétrifié. Comme Erwan avait été vaincu, avec un peu de chance, Maël aussi avait dû se réveiller.
Je lui ai demandé comment ça s’était terminé avec Mike. En guise de réponse, il a farfouillé dans son short et m’a sortie d’une poche secrète notre jeton. Il m’a ensuite tendu la main pour m’aider à me relever. Une fois stable sur mes pieds, je me suis dirigée vers le corps d'Erwan pendant que Dimitri s'occupait de son frère. Même après toutes leurs provocations, je ne voulais voir l'état de l'illusionniste après mon attaque. Et puis c’était Erwan qui avait voulu me fouiller. Ca n'a pas pris beaucoup de temps : contrairement à Dimitri, ils n’avaient pas caché leur butin. On a facilement retrouvé nos deux jetons volés ainsi que les trois leurs. J'ai tourné un vert entre mes doigts en le fixant.
-Et maintenant ?
Aussitôt que ces deux mots ont été prononcés, le sol s'est mis à trembler. La parcelle que je partageais avec Dimitri s’est découpée puis s’est séparée du terrain avant de se soulever lentement. Des barrières sont apparues comme la dernière fois. Sans attendre plus longtemps, je m’y suis accrochée alors qu’on commençait déjà à prendre de la vitesse. Les parois qui nous entouraient se sont aussi écartées pour nous laisser passer. Elles formaient une haie d’honneur qui nous emmenait jusqu’à la sortie. On a émergé de la tour par une petite ouverture qui donnait directement sur le centre du dire. Mon acouphène ainsi que la vitesse ont estompé le contraste entre l’intérieur et l’extérieur de la tour. Cependant, j’arrivais quand même à percevoir une soudaine multitude de couleurs, la lumière naturelle du soleil, ainsi que l’agitation du public face à notre arrivée. Deux autres plates-formes volaient au-dessus de nous et se dirigeaient vers le toit de la tour tout en tournoyant pour parader. On les a rattrapés au moment de ce poser.
De l’une sont descendus Maël aidé par Aysha, sur l’autre, le corps de Mike était allongé, immobile. J’ai jeté un coup d’œil à Dimitri tandis qu’une équipe médicale le prenait en charge.
-Il va s’en remettre, m’a-t-il juste assuré avant de descendre de notre plate-forme.
J’ai sauté à sa suite en regardant autour de moi. D’ici, la tour paraissait moins grande que l’impression que j’en avais quand j’étais à l’intérieur. Deux groupes de personnes avaient l’air de patienter un peu plus loin. Dans l’un deux, j’ai reconnu l’homme que j’avais affronté au sixième étage. J’ai rejoint mon équipe. Maël qui avait pourtant l’air mal en point parlait fort.
-Si tu ne l’avais pas fait, je m’en serais volontiers occupé de ce nabot ! Non mais pour qui il se prend sérieux ?! Attaqué un si beau visage…
-En tout cas, sans vous deux, on n’aurait jamais gagné… a dit timidement Aysha.
-Je dois avouer que c’est Naléiss qui a fait tout le boulot, a commenté Dimitri en haussant les épaules.
Je n’ai pas eu le temps de protester que Maël s’exclamait déjà :
-Je savais qu’on allait gagner grâce à toi, je l’ai toujours dit ! Pour Naléiss hip hip hip hourra !
-Moi à côté, je n’ai servi à rien… a soupiré Aysha derrière lui.
-Non bien au contraire ! l’ai-je contesté en tâchant de détourner de ma personne au moins un peu de l’attention générale. Sans toi, on aurait perdu notre dernier et ultime jeton.
-Hip hip hip hourra pour Aysha ! a lancé Maël après une seconde.
On a tous levé les yeux au ciel mais l’acclamée a souri.
-Bravo à vous tous !
Une plate-forme portant les Anciens venait d’accoster le toit. Nous nous sommes rapprochés d’eux, en plus de deux autres équipés qui nous avaient rejoint. On se toisait entre nous sans rien dire. Seul Métamorphe me souriait avec sympathie, si bien que je ne savais pas comment réagir. Youna a pris la parole, captant toute notre attention.
-Encore une fois félicitations à vous tous. Dans cette épreuve, vous nous avez démontré que le travail d’équipe est primordial pour la réussite, mais que pour cela la confiance est nécessaire. En effet, cette épreuve était pleine de rebondissements et…
J’ai cessé d’écouter, mi-ennuyer mi-épuiser. Mon regard s’est perdu derrière des Anciens qui enchainaient les discours. Je devais pourtant être plus en forme que jamais, pour affronter la prochaine épreuve : la demi-finale.
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Naléiss Freeds
ParanormalNaléiss Freeds est une jeune fille qui entre en 2de dans une nouvelle ville, un nouveau lycée, où elle ne connaît personne, et c'est pour le mieux. Cependant, un groupe d'élève semble s'intéresser à elle. Alors que Derek, Athalé, Sélianne et Kevin e...