Naléiss Freeds

Chapitre 21

   Je ne savais pas que j’avais les yeux ouverts, jusqu’à ce que je le vois. Un homme (enfin je crois) se trouvait devant moi. Il portait une houppelande noire qui le couvrait entièrement et qui cachait son  visage. Il n’y avait rien autour de nous. Le vide total.
-Naléiss… C’est un réel plaisir d’enfin te rencontrer, a-t-il dit d’une voix métallique.
   Un frisson m’est remonté dans le dos. C’était la même que celle que j’avais entendu dans la montagne.
-Où… où suis-je ? ai-je demandé en tremblant.
-Nous sommes dans ta tête voyons, a-t-il dit.
-Et vous êtes qui ?
-Qui suis-je ? Qui es-tu ? Qui sommes-nous ? Tant de questions et si peu de réponses… Certains m’appelle Sans-visage… Je dois avouer que je trouve ce nom amusant.
   Pendant qu’il parlait, je me suis relevée doucement. Cette personne était donc le leader des Réverseurs. Il ne semblait pas pouvoir m’attaquer ici, mais dans tous les cas il restait extrêmement dangereux.
-Qu’est-ce que vous me voulez ?
-Pour l’instant rien. Tu n’es qu’une fourmi perdue parmi sa colonie. Mais tu as un immense potentiel, dont tu n’imagines pas l’ampleur. Tu m’intrigues. Je veux jouer encore un peu avec toi. C’est l’unique raison pour laquelle je te laisse en vie.
   Puis, il s'est mis à rire sans retenue. J'ai cru qu’il n’allait jamais s’arrêter, mais il a continué d’un ton glacial.
-Pour le moment, en tout cas.
   Ses quelques mots m'ont immédiatement hérissé les poils de la nuque. Il a continué à parler en tournant autour de moi, tel un prédateur. J’étais sa proie.
-Ton séjour au ski avait l’air amusant. Tu aurais mieux fait d’y rester, a-t-il soupiré, l’air affligé. Ça t’aurait épargné des ennuis.
   J'ai mis un certain temps, avant de comprendre.
-Comment… Comment savez-vous où…
-J’ai des informateurs, m'a-t-il coupé avec un sourire mauvais. Et je suis sûr que tu en connais.
   Malgré ma peur, je bouillonnais de rage. Il ment. Il veut me faire douter. Il s’amuse de moi.
-Des choses dont tu n’imagines même pas l’ampleur se préparent dans l’ombre, a-t-il repris. Des choses qui te surpassent. Prépare-toi à perdre des êtres chers, car c’est ce qui risque de se passer.
-Je ne vous laisserai pas faire, ai-je affirmé d’une voix plus assurée que je l’étais réellement.
   Sans que je ne l’aie vu venir, il s’est téléporté devant moi et m’a plaqué contre un mur invisible en m’étranglant de sa main droite seule. Je l'ai senti serrer mon cou, prêt à le briser. De la gauche, il m’a donné une pichenette sur le front. J’ai instantanément eu l’impression qu’un éclaire me transperçait.
-Nous verrons bien, jeune fourmi, nous verrons bien.
   Tout est redevenu noir.