-Naléiss ! Bon sang réveille-toi !
La voix de Derek m’a fait l’effet d’une douche froide. J’ai ouvert les yeux et j’ai vu mes amis, penchés près de moi. Prépare-toi à perdre des êtres chers, car c’est ce qui risque de se passer. Ces paroles résonnaient dans mon crâne. Je me suis redressée d’un mouvement brusque, en alerte, avant de m’écrouler à nouveau, prise de vertiges.
-Doucement, prend ton temps, m’a conseillé Athalé.
Ma vision a gagné en netteté, et je me suis rendue compte que l’on avait quitté la pente raide de la montagne pour nous abriter des intempéries au couvert des sapins. Je devais avoir l’air complètement paumée, car sans même poser de question, Athalé m’a répondu :
-Tu t’es évanouie.
Ça m'est revenu petit à petit. Sans-visage… Une bouffée de panique m’a envahi. Ma respiration s’est emballée sans que je ne puisse la ralentir et m’a brûlé la gorge au contact de l’air froid. Athalé est venue à mon secours en me prenant les mains dégantées pour me diffuser une vague d’apaisement. Je me suis calmée presque aussitôt.
-Allez préparer un campement, a ordonné Athalé. Je veille sur elle.
-Un campement ? ai-je répété.
J'ai failli m’étouffer en parlant, mais j'ai réussi à me contenir. Bon sang ça faisait un mal de chien ! Mais qu’est-ce que je me suis encore fait ?
-On va faire une pause ici, m’a expliqué Sélianne.
-Une pause ? Non, je peux continuer ! ai-je protesté en essayant de maîtriser ma voix.
Pour illustrer mes propos, je me suis levée. Et il ne m’a pas fallu un quart de seconde pour que je m’écroule dans les bras de Derek. Il m’a posé doucement dans la neige et a récupéré son sac.
-Tout le monde est fatigué. Nous avons besoin de nous arrêter. Au moins jusqu’à ce que la tempête se calme.
Sur ce, ils sont relevés et se sont engouffrés dans le brouillard. Nous sommes restées sans parler pendant plusieurs minutes, jusqu’à ce que Athalé brise le silence.
-Qu’as-tu vu ?
Je l’ai regardé, feignant de ne pas comprendre.
-Quand tu t’es évanouie. Qu’est-ce que tu as vu ?
J'ai posé mon menton sur mes genoux, en serrant mes jambes de mes bras, tout en évitant de croisé son regard.
-On ne peut rien te cacher… ai-je soupiré piteusement. Sans-visage.
Même si Athalé n’a pas réagi expressément, je l’ai senti se tendre, mais comme elle n’a rien dit, j’ai poursuivi.
-C’est à cause de lui la tempête. Il a dit que je perdrai des personnes qui me sont chères…
-Et…
Je n'ai pas répondu et elle n’a pas insisté. Heureusement, car je ne me voyais pas lui dire « Au faite, l’un de nous est peut-être un traître. » J’ai secoué la tête. Ça ne POUVAIS pas être possible. Il voulait seulement me faire douter. Il n’y avait aucune autre possibilité.
-Venez, on a trouvé un coin sympa, nous a averti Kevin en surgissant de derrière des branchages.
Athalé m’a aidé à me relever puis nous l'avons suivi pendant quelques mètres pour arriver devant une petite clairière avec un chêne pour centre, situé au pied d’une falaise. Cet endroit abrité du vent m’a rappelé le parc avec mélancolie… Deux tentes avaient été posées à la hâte. J'ai vu Sélianne avec un carnet à croquis et un crayon dans ses mains qui commençaient à bleuir, à cause du froid. Avec son sourire triomphant, j'ai compris qu’on devait ce minimum de confort à elle et sa spécialité.
-Toile isotherme. Parfait pour les nuits en montagne coincé en pleine tempête. Mais petit conseil : si tu veux réussir à dormir, évite la tente des gars. C’est des ronfleurs, m’a-t-elle chuchoté à l’oreille.
-Hé ! Je ne te permet pas ! a râlé Kevin qui avait tout entendu.
Leur chamailleries habituelles m’ont mises du bôme au cœur.
-Et pour le feu… Tu pourrais… m’a demandé Derek.
-Par de problème, ai-je répondu en souriant, heureuse de me rendre utile.
J’ai allumé dans ma main une petite boule de feu que j’ai projeté entre les deux tentes. Il devait être près de dix-sept heure. Derek avait raison : tout le monde paraissait fatigué, on avait bien besoin d’une pause. Pendant le repas, je n’ai presque pas mangé : ma gorge me brûlait trop. Heureusement, personne n’a semblé le remarquer.
J’ai été la première à aller me coucher. Mais dès que je suis rentrée dans la tente, des points noirs ont dansé devant mes yeux en me donnant le tournis. Je me suis effondrée sur un matelas et j’ai attendu que ça se calme. J’étais plus fatiguée que je ne le pensais… En me déshabillant, j'ai pu largement distinguer des traces bleues sur ma gorge grâce au reflet de mon téléphone. Ma trachée avait l’air en miette. Je me suis rappelé Sans-visage m’étranglant. Visiblement, il pouvait agir par des rêves. Ça craint… Je n’ai pas eu le temps de me soigner car les filles sont entrées à leur tour et je ne voulais pas les inquiéter. Il y avait assez de problèmes comme ça. Je me suis couverte d’une écharpe puis j'ai enlevé mes bottes ainsi que mes chaussettes trempées. J’ai fait bouger mes orteils encore gelés et endoloris. J’avais des ampoules pleins les pieds que je n’avais même pas remarqué. J'ai soigné ça rapidement et je me suis jetée dans mon duvet que j’ai remonté jusqu’à mon nez. Il n’était que dix huit heure trente mais après cette longue journée, à peine mes yeux se sont fermés que je me suis endormie.
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Naléiss Freeds
ParanormalNaléiss Freeds est une jeune fille qui entre en 2de dans une nouvelle ville, un nouveau lycée, où elle ne connaît personne, et c'est pour le mieux. Cependant, un groupe d'élève semble s'intéresser à elle. Alors que Derek, Athalé, Sélianne et Kevin e...