Chapitre 26

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Je me suis réveillée allongée, la tête contre de la pierre froide. Je me suis redressée comme je le pouvais. Tout était très sombre autour de moi. J'étais dos à un mur taillé comme une porte dans la roche. Intervention humaine, ai-je noté intérieurement. Car sinon, j'étais dans un tunnel naturel. Au bout de celui-ci, je pouvais apercevoir un peu de lumière, vers laquelle je me suis dirigée en m'appuyant contre le mur.

Au bout de quelques mètres, j'ai fini par déboucher dans une caverne. C'était très humide. Un bassin aux eaux noires et calmes d'une profondeur inconnu remplissait presque tout l'espace. Des gouttes de condensation se formaient au plafond et glissaient le long de stalactites plus ou moins grand de couleur ivoire, jusqu'à ce leurs poids les fasses tomber soit dans le mini lac, soit sur le sol en créant par la même occasion des stalagmites. Parfois, certains se rejoignaient pour former d'énormes piliers aux contours irréguliers. Chaque percussion de gouttes participait en la conception d'une musique douce et discrète, mais que rien n'arrêtait jamais. Un îlot étroit se trouvait au centre de la pièce. Une sorte d'hôtel y trônait entourée par des flambeaux.

-Bon, au point où j'en suis...

J'ai reculé de quelques pas pour prendre mon élan, et j'ai sauté. Au moment de l'impulsion, mon pied a dérapé et j'ai faillit me retrouver à l'eau, mais je suis quand même parvenue à atterrir sur l'îlot. Je me suis adossée contre l'hôtel pour reprendre mon souffle tout en observant mieux les lieux. Personne ne semblait être venu depuis des lustres, pourtant les flambeaux brûlaient en diffusant une douce lumière. Sans doute magique. L'hôtel était simple, mais en y regardant de plus près, on pouvait distinguer des gravures dans le style grec : un homme et une femme, levant les bras pour trinquer. Il y avait aussi des inscriptions tout autour dans une langue qui m'était inconnu.

J'ai fini par me relever et j'ai contourné l'hôtel en caressant les reliefs avec la paume de ma main, puis j'ai regardé sur le piédestal : une coupe semblable à la gravure y trônait simplement avec un liquide translucide pour contenu. J'ai tourné sur moi-même comme pour voir s'il y aurait quelqu'un pour m'expliquer, mais j'étais seule. J'ai pris le verre dans mes mains et l'ai porté à mes narines : la boisson n'avait aucune odeur. J'ai soupiré.

-Santé, ai-je dit en brandissant la coupe comme pour porter un toast.

J'ai bu le tout cul-sec. Aussitôt le verre posé, mes mains se sont mises à trembler violemment. D'abord je n'ai rien senti, puis je me suis tordue en deux quand le liquide a commencé à me brûler la trachée, ainsi que mon estomac. Ma bouche était devenue un bain de friture. Mes sinus ont pris feu, des larmes se sont mises à couler le long de mes joues et tous les pores de ma peau se sont ouvert. J'avais l'impression que mon système respiratoire était en fusion, comme si j'avais avalé les flammes des torches. Elles se propageaient partout dans mon corps en faisant exploser chacune de mes cellules. Dans la précipitation, j'ai enlevé mes vêtements de ski qui me tenait encore plus chaud. Je me suis roulée par terre, en suffocant et en toussant, prise de spasmes et me suis traînée jusqu'au point d'eau où j'ai bu à gorge déployer, malgré la douleur dans mon gosier. Mais, la souffrance ne se calmant pas, je me suis laissée tomber dans l'eau. Je suis restée là, à flotter dans l'eau glacée, le regard plongé dans le plafond. Le brasier dans mon corps s'est adouci peu à peu.

A contrecœur, j'ai fini par sortir. J'ai repris le verre dans mes mains : il était de nouveau rempli. J'ai hésité, puis j'ai bu une nouvelle fois. Il s'est passé exactement la même chose. J'ai recommencé une dernière fois. Non pas que j'aime souffrir, mais cette boisson me rendait l'énergie que j'aurai mis des jours voir des semaines à récupérer. Après être sortie une nouvelle fois de l'eau, je me suis inclinée devant l'hôtel. Je n'étais pas particulièrement croyante, mais je sentais que je devais le faire. J'ai remis ma veste par-dessus mes habits mouillés puis j'ai enfilé mon écharpe et mes gants.

Naléiss FreedsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant